L’affaire des encarts publicitaires n’en finit pas de provoquer des remous dans la gauche jurassienne. Une quarantaine de militants et sympathisants socialistes s’est constituée en un « collectif pour faire gagner la gauche jurassienne ». Parmi les premiers signataires, l’ancien député socialiste André Vauchez, qui votera pour le Front de Gauche Patrick Viverge plutôt que pour Sylvie Laroche dans la 3e circonscription (Dole); et Jean-Philippe Huelin, qui sera suppléant du MRC Arnaud Deborne, dans la 1re circonscription (Lons-le-Saunier), face à la candidate de son parti, Danielle Brulebois.
Les deux candidates officielles du PS risquent l’inéligibilité en cas de victoire étriquée le 17 juin. Des publicités à leur nom ont été achetées dans la presse locale, ce qui est interdit par le code électoral.
Les propos rassurants de Sylvie Laroche il y a quelques jours n’ont donc servi à rien. Même si, selon la candidate PS dans la 3e circonscription du Jura, les risques d’inéligibilité sont « minimes », sa candidature est toujours contestée, même dans son propre camp. Une quarantaine de militants et sympathisants socialistes vient de lancer un « collectif pour faire gagner la gauche jurassienne ». Dans un communiqué, les signataires dénoncent la « bévue » du PS et regrette qu’il ait maintenu ses deux candidates en dépit des risques d’inéligibilité. « Le Parti socialiste présente donc des candidates qui n’ont aucune chance de devenir députée en juin prochain alors que les deux circonscriptions en question sont a priori gagnables puisque François Hollande y était majoritaire le 6 mai dernier », regrettent-ils.
Diffusé quelques heures seulement avant la clôture du dépôt des candidatures (ce soir à 18h), l’appel semble un peu tardif. « On a attendu jusqu’au bout la fin des négociations nationales pour la 3e circonscription », reconnaît Jean-Philippe Huelin, candidat PS l’an passé aux cantonales. Malgré leurs espoirs, le Parti de Gauche n’a pas obtenu du PS le retrait de Sylvie Laroche au profit de Patrick Viverge. Derrière l’ancien député PS André Vauchez (1997-2002), ils sont donc une quarantaine à avoir pris la plume. « La France a besoin d’une gauche rassemblée et diverse. On ne va pas recommencer l’ânerie des sénatoriales. Chacun doit revenir à la raison », soutient l’ancien parlementaire, qui a pris ses distances avec le PS depuis deux ans. « Vous voterez donc Patrick Viverge? — C’est évident », répond-il du tac au tac.
« Le dernier coup d’épée du Front de Gauche » pour le PS
A Lons-le-Saunier, le socialiste Jean-Philippe Huelin a décidé de soutenir la candidature du chevènementiste Arnaud Deborne. Il sera même le suppléant du candidat MRC: « Trop c’est trop. On réagit à l’incurie du PS local, et par ricochet du PS national. Nous ne serions pas responsables si nous ne proposions pas d’alternative à gauche ».
Au PS jurassien, on n’est guère surpris par la création de ce collectif et évidemment, on le regrette. « C’est le dernier coup d’épée du Front de gauche, assure le premier fédéral, Eddy Lacroix. Nous avons commis une erreur, mais elle est derrière nous. Sylvie Laroche et Danielle Brulebois sont les meilleures candidates possibles: elles tiennent leur légitimité du vote des militants et ont été confirmées par le PS national ».
« Ces quelques personnalités qui jouent les trouble-fête, on ferait mieux de les avoir avec nous sur le terrain plutôt que derrière leur ordinateur », poursuit Eddy Lacroix. Dans les jours qui viennent, les élus socialistes du conseil général et de la Région devraient apporter leur soutien aux deux candidates officielles du PS. Les députés UMP sortants Jacques Pélissard et Jean-Marie Sermier, eux, doivent s’amuser de voir ainsi la gauche se diviser.
A lire également: « Honnêtement, le risque est extrêmement minime » Après ses âneries, le PS du Jura fait l’autruche Le débat de la 3e circonscription du Jura