Le patron du MoDem dans le Doubs a participé hier au conseil national à l’issue duquel François Bayrou a annoncé qu’il voterait François Hollande dimanche. Si Philippe Gonon ne fera pas le même choix – il votera blanc -, il estime que Nicolas Sarkozy est allé trop loin dans la course aux électeurs du Front national et prend date pour l’avenir: « notre stratégie est claire: rassembler toutes les forces centristes pour contrebalancer la pression des extrêmes sur le PS et l’UMP ». Interview.
Avez-vous été surpris du choix de François Bayrou?
Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que François Bayrou a annoncé sa décision après un conseil national de plus de deux heures. Le débat a été animé. Très peu de conseillers nationaux ont appelé à voter Nicolas Sarkozy et deux masses à peu près équivalentes se prononçaient pour François Hollande et pour le « ni-ni ». Le président du MoDem ne donne pas de consigne de vote, mais il votera pour François Hollande après tout ce qu’il a entendu entre les deux tours. A Toulouse, Nicolas Sarkozy a dit que les préoccupations des électeurs du MoDem et du FN étaient les mêmes. Il a eu tort de nous associer au FN. Il met en cause l’un de nos principes les plus fondamentaux. Nous ne voulons pas être assimilés aux électeurs de Le Pen.
Quelle est la stratégie du MoDem désormais?
Ce n’est pas parce que François Bayrou vote pour François Hollande que nous devenons des hommes de gauche, comme en 2002 les gens de gauche qui ont voté Chirac ne sont pas devenus chiraquiens. La position de François Bayrou, c’est le refus de l’extrême-droitisation de l’UMP, ce n’est pas une adhésion à François Hollande. Nous prenons date pour l’avenir, parce que François Hollande sera soumis à la pression de ses extrêmes, notamment Jean-Luc Mélenchon. Quand il sera poussé dans un sens qu’il ne veut pas, François Hollande sera content de retrouver des gens comme nous pour discuter. La stratégie du MoDem est claire: rassembler toutes les forces centristes pour contrebalancer la pression des extrêmes sur le PS et l’UMP. François Bayrou met une sacrée pression à François Hollande: en votant pour lui, il se donne encore plus de légitimité pour le critiquer, notamment sur son programme économique.
Pour qui voterez-vous dimanche?
Je fais partie de ceux qui appellent au « ni-ni », donc je voterai blanc. Je n’ai pas de consigne de vote à donner. Nos électeurs sont bourrés de convictions, ils réfléchissent par eux-mêmes. Certains voteront Hollande, d’autres Sarkozy, et d’autres encore blanc. Je suis le garant d’une forme de cohésion au niveau départemental. Les problèmes de la France ne se régleront que par l’union d’une majorité de Français. François Hollande aura besoin de discuter avec nous, et nous apporterons notre pierre à l’édifice.