23 Avr

Dimanche électoral : 10 ans et un jour plus tard…

Quand j’arrive au Kursaal, ce dimanche soir à 18 heures, je ne peux pas m’empêcher de penser à une autre soirée présidentielle : celle du 21 avril 2002.

Ce soir-là, il y a 10 ans, à un peu plus de 19 heures grâce à un coup de fil d’un ami « bien introduit à Paris » (j’aime bien cette expression qui se la joue élite parisienne…), j’avais appris la nouvelle : Le Pen devant Jospin. La première personne que j’avais croisée, c’était Eric Alauzet. Il m’avait trouvée « toute blanche » et m’avait conseillée, en tant que médecin, de m’asseoir…

Donc, 10 ans et un jour plus tard, ce dimanche 22 avril 2012, il y a peu de monde au Kursaal.

Jean-Louis Fousseret, le maire, circule avec une feuille à la main : les résultats, très partiels, des 100 premiers bulletins de vote dépouillés dans les 66 bureaux de la ville. Très partiels mais ils donnent généralement la bonne tendance. Hollande en tête sur la ville. Ce n’est pas une surprise. « Marine Le Pen haut. Trop haut. » Jean-Louis Fousseret a la tête des mauvais jours.

Il est 20 heures. Sur le grand écran, France 2 et David Pujadas. Petit décompte. Pour le suspense.

François Hollande et Nicolas Sarkozy. Dans cet ordre. Des applaudissements saluent cette annonce. Ils sont de courte durée. Ils sont vite remplacés par des huées quand apparaît le score estimé de Marine Le Pen : presque 20%.

Dans cette assemblée, majoritairement composée de « gens de gauche », le cœur n’y est pas. Le peuple de gauche devrait se réjouir de la première place de Hollande, de la victoire presque annoncée pour le 6 mai… Non, décidément, l’enthousiasme n’est pas de mise.

J’enregistre rapidement deux réactions « à chaud ». Claude Jeannerot, le président socialiste du conseil général du Doubs, parle d’une bonne et d’une mauvaise nouvelle… On aura compris. Marie-Guite Dufay, la présidente du conseil régional, socialiste, juge la droite responsable du score élevé du FN. « Parce qu’elle est aux affaires depuis 10 ans. » Je trouve l’explication un peu courte.

« Battre Sarkozy »

Encore un socialiste à « mettre en boîte » comme on dit : Jean-Louis Fousseret. Plus préoccupé que réellement content. Marine Le Pen à 12 % dans sa ville, ça ne passe pas. « Elle a gagné quand même 5 points en 5 ans… »

Pourtant, « ça devrait le faire dans 15 jours » essaie de se consoler un militant à côté de moi.

Le second tour, justement… Emmanuel Girod, du Front de Gauche, a peur que j’oublie de faire l’interview promise. Pas de souci. J’ai demandé quelques jours auparavant au Parti de Gauche et au PCF de se mettre d’accord… Qui parlera au nom du Front de Gauche ? C’est Emmanuel Girod qui s’y colle. Déçu, oui. Mélenchon n’est que 4ème et à seulement 11%. Et l’ancien socialiste n’appelle pas à voter François Hollande, non, « juste à battre Nicolas Sarkozy »… Décidément, la sémantique politique m’étonnera toujours…

Encore plus déçu : Eric Alauzet. Lui, au moins, les sondages l’avaient préparé au mauvais score de sa candidate, Eva Joly… 2% au national, seulement 3,5% à Besançon, « une place forte des écolos… ». La 2ème circonscription du Doubs lui a été réservée dans l’accord PS-Verts. Ce mauvais score remet en cause l’accord ? Non, affirme-t-il. Pas certain que certains socialistes, comme Jean-Louis Fousseret, l’entendent de cette oreille…

« Nicolas et Hollande dans un mouchoir de poche »

Les militants devant Nicolas Sarkozy à la télé

Ensuite, direction Place Victor Hugo, siège historique du RPR puis de l’UMP depuis 10 ans. Le local est tellement petit que 3 tentes ont été installées dehors.

Est-ce notre caméra qui leur redonne du tonus ? « Nicolas Président ! » scandent quelques jeunes et moins jeunes militants à notre arrivée.

Michel Vienet, le responsable pour le Doubs, joue le chauffeur de salle, pardon, de tentes. On recommence trois fois l’interview de Françoise Branget, à cause de la sono trop forte… Sacré Michel, va !

J’enregistre les réactions des deux députés de Besançon. Tous les deux ont visiblement la même préoccupation : les électeurs FN doivent voter Nicolas Sarkozy le 6 mai.

Jacques Grosperrin regr… pardon « observe le vote FN ». Et Françoise Branget s’énerve : les électeurs FN représentent 20% des gens « On ne va pas leur cracher à la figure. »

Au QG UMP, on veut y croire encore…

Le mot de la fin reviendra à un responsable du PS : « Imaginons, on gagne dans 15 jours. Mais après 5 ans de Hollande à l’Elysée, Marine Le Pen, on la ramène en dessous des 15% ou elle explose à plus de 25% ? »