Il y a toujours une bagarre des chiffres. Plus ou moins que Nicolas Sarkozy 10 jours plus tôt ? Plutôt davantage, c’est certain pour le meeting de François Hollande. 4000 contre 6000. Mais la différence n’est pas là. C’est un meeting, une réunion publique comme on devrait dire en bon français, avec orateurs et fans qui ne demandent qu’à s’enthousiasmer ou à siffler, au choix…. La ressemblance s’arrête là parce que rien, vraiment rien, n’est pareil…
Dès mon arrivée sur le parking de Micropolis, on me tend un livre « Casse toi… Le bilan » de Jean Latour. Le ton est donné.
Les militants du collectif homosexuel distribuent des tracts. Sur le document, une photo d’un préservatif, une autre de François Hollande avec ce slogan « Voici deux moyens d’arrêter le sida. L’un a fait ses preuves. L’autre devra les faire en 2012. » Eux, ils ont déjà fait leur choix.
Du monde, plus que pour Nicolas Sarkozy mais pas le même. De source Renseignements Généraux (qui n’existent plus mais…), « le public est beaucoup plus jeune »… Si c’est eux qui le disent…
A Micropolis, la même salle, mais pas la même disposition que pour le président-candidat : les sièges devant la scène avec des rangées de personnalités ont disparu, les élus locaux socialistes sont coincés dans un gradin.
Le devant de la scène est réservé à un public debout… et jeune. Les drapeaux y sont nombreux.
« Et maintenant celui que vous attendez tous… »
Du monde, pas le même, pas aussi discipliné non plus.
Le clip de campagne est regardé et écouté dans un silence quasi religieux. Jaurès, le Front Populaire, les mouvements sociaux… Des ovations saluent le Mitterrand du 10 mai 81 et Robert Badinter qui annonce l’abolition de la peine de mort. L’image de Ségolène Royal candidate en 2007 reçoit quelques applaudissements (c’est à la demande de la candidate malheureuse de 2007 que cette image a été ajoutée au clip).
Les élus locaux se succèdent à la tribune. Chacun fait court. Mais du court ajouté à du court, ça finit par faire long. Jean-Louis Fousseret, Marie-Guite Dufay, Claude Jeannerot, et surtout Jean-Pierre Chevenement, interminable. Les spectateurs sont venus entendre leur candidat et il leur parle de traité européen qu’il faudra faire modifier… Le sénateur du Territoire de Belfort se fait chahuter.
Pierre Moscovici enfin… Il abrège.
Un discours de second tour
Et puis François Hollande arrive les bras levés… La salle trépigne, crie, applaudit.
Bon orateur. Drôle par moment. Ironique, sarcastique quand il évoque le président-candidat.
Dans son discours, il y en a pour tout le monde, les jeunes, les vieux, les fonctionnaires, les smicards…. Un peu confus. Décousu.
Il cogne sur Nicolas Sarkozy. Énormément.
Il propose beaucoup.
Il promet. Trop peut-être.
Mobiliser au premier tour, c’est son objectif, maintes et maintes fois répété. Selon lui, cette dynamique du 22 avril entraînera la victoire du 6 mai. Un seul adversaire : Nicolas Sarkozy.
C’est sûr, quand François Hollande parle de rassemblement de la gauche dès le premier tour, il vise, sans le nommer, Jean-Luc Mélenchon, la surprise de cette campagne.
C’est sûr, il dit quelques mots sur l’écologie et la fermeture de la centrale de Fessenheim… (quand il parle d’écologie, d’ailleurs, il lit ses notes).
Avec un paradoxe : il ne cogne que sur le président-candidat. Il fait déjà un discours pour le 6 mai.
C’est sûr, il veut mobiliser au premier tour mais il ne tape que sur son adversaire du second tour.
« Si je suis président … »
Même si la salle attendait la confirmation d’une victoire annoncée, lui se veut prudent. Jamais il ne dit « Quand je serai président » sans ajouter aussitôt « si les Français le décident ainsi… »
Prudent. Déterminant, confiant, soit mais jamais arrogant.
Autre différence entre les deux candidats : le fond même du discours. L’un défensif, l’autre offensif.
Dans cette même salle, le vendredi 30 mars, Nicolas Sarkozy disait « Tout n’est pas perdu ». Hier soir, François Hollande affirmait « Rien n’est gagné. »