Au moins 4000 fans survoltés ont assisté à la réunion publique de Nicolas Sarkozy à Micropolis, à Besançon, vendredi 31 mars. Le président-candidat a tapé très fort sur François Hollande et fait de l’œil aux électeurs du Front National. Pour lui, la campagne se joue sur sa droite, très à droite…
Les esprits chagrins ne voient que 4000 militants et comparent avec les 8000 spectateurs réunis par le candidat UMP pour la campagne de 2007. Michel Vienet, l’organisateur de toujours – il était déjà à ce poste du temps du RPR – vous le dira : il y a 5 ans, il avait eu «3 semaines pour organiser l’opération», cette fois-ci, seulement 3 jours… Alors, le nombre de 4000 fans lui convient. D’ailleurs, il y en a peut-être même trop : bousculade à l’entrée, faute de places assises, et le voilà qui est envoyé contre un poteau. Une méchante estafilade sur le front… Mais il savoure quand même sa soirée…
C’est vrai, Nicolas Sarkozy est un excellent orateur. Depuis toujours. Il sait jouer de tous les registres émotionnels.
Percutant quand il s’attaque aux socialistes qui, au moment de la primaire, faisaient campagne tout seuls : « le club des socialistes heureux, heureux de se regarder le nombril ».
Lyrique quand il évoque la deuxième guerre mondiale et « nos grands-parents » qui ont su combattre le nazisme.
Piquant quand il parle de responsables de gauche: « l’ineffable et si modérée Mme Royal… toujours apaisée » ou Eva Joly ? « une personne extrêmement originale »…
Complice, toujours, avec la salle : les retraites version François Hollande ? « Il faut que je vous explique…» Et il feint de s’étonner: «Vous n’aviez pas compris ? » Rires garantis…
Avec un leitmotiv qui vient terminer ses différents thèmes « Et ça veut gouverner la France… » Applaudissements très nourris.
Une cible : François Hollande
Oui, il décoche ses meilleures flèches contre le candidat socialiste, ses imprécisions, ses incompétences…
Abordés dans son discours de moins d’une heure : le nucléaire et la fermeture de Fessenheim voulue par la gauche, les tueries de Toulouse et Montauban et le rôle déterminant des forces de l’ordre, la laïcité et le port de la burqa qu’il veut interdire, l’immigration et la sécurité… tous les différents sujets de l’actualité de ces derniers jours, un peu comme une revue de presse. Avec un positionnement sur la droite de sa droite. Un exemple: « L’immigration peut être une chance ou un gros problème si elle n’est pas maîtrisée » ou encore « la carte vitale biométrique pour éviter les fraudes »… Des thèmes lancés et assénés par le FN depuis longtemps déjà. Et le président-candidat essaie de convaincre ces électeurs du Front National « qui souffrent » de l’inutilité de leur vote pour Marine Le Pen.
En revanche, Nicolas Sarkozy a parlé peu d’économie, de la dette ou du chômage. D’ailleurs, il a consacré peu de temps à son programme et à ses propositions. Il a pris le temps, en revanche, de faire huer copieusement par la salle François Hollande, un peu Ségolène Royal, Martine Aubry ou encore Eva Joly. Les 4000 spectateurs ne demandaient d’ailleurs que de crier à pleins poumons !
Il n’a jamais parlé ni de Jean-Luc Mélenchon, ni de François Bayrou…
Marine Le Pen, citée une seule fois, n’a pas été sifflée.
Un discours d’un peu moins d’une heure, une salle conquise d’avance, captivée et enthousiaste, pas d’annonce fracassante. Mais « Tout n’est pas perdu » confiait un leader UMP à la fin du meeting. Les militants et sympathisants commencent à y croire à nouveau…
Avec le coup d’envoi de Villepinte et à 3 semaines du premier tour, Nicolas Sarkozy a retrouvé des couleurs, des couleurs très « Bleu Marine ».