30 Jan

En musica : Morigania e Sirventés

Et tout d’abord une découverte. Morigania…vos dís quicòm ?

Ce titre sorti d’une langue ancienne signifie « liberté de pensée démoniaque »… Macarèl !

Le groupe voit le jour dans une obscure clandestinité au milieu des années 80. Très marqué rock métal, teinté dark and gothic, parfois new-age… Campé par 2 loustics sombres et rouges au titre de noblesse : Lord Morgus et Comte Morgan. Un troisième, puis d’autres sortiront de l’ombre. Nous n’en saurons pas plus. Le groupe se dit nihiliste, d’une culture noble, philosophique, doté de réflexions. Ça joue plutôt bien, ça chante (mais les paroles sont noyées dans le flot de cordes et de fûts), l’ambiance va du noir macabre au vert nature comme The mystic River of the Dark pagan Forest.

2007, le groupe retourne dans les catacombes puis renaît de son sommeil (pas profond) en 2014. Anatz me dire : e per de que nos parla d’aquò sus un blog occitan?

Tot simplament en causa d’aquel titre « Morigania ist krieg part II – Les Cathares » sortit l’an passat. Me damne aqueste còp la bandièra se pòt pas mancar. Coma disiá l’autre : ça déchire!

Encara melhor : se pòt quitament ausir la lenga nòstra dins “The return of the dark occitan warrior”.

Tu que siás arderosa e nusa
Tu qu’as sus leis ancas tei ponhs
Tu qu’as una votz de cleron
Uei sòna sòna a plens paumons
Ò bòna musa

Poèma de Joachim Gasquet, dís Jean Clozel,  titolat Cançon de nèrvi, e représ sus l’album Marcha pel Còr de La plana jol nom « La libertat ».  Estonent non ?

Manu-Theron-Youssef-Hbeisch-Gregory-Dargent-Sirventes-cover-txtD’aquel temps, lo Manu Théron (Còr de la Plana totjorn) sortís un disc novèl de Sirventés « Chants fougueux des pays d’òc ». Aquestes cants de protèstas son interpretats ambe Grégory Dargent (del grop Hijâz’ que fa la palanca entre mondes crestian e musulman) al oud, Youssef Hbeisch (un Palestinian) a las percussions e lo Manu al cant. Dins una polida entrevista a RFI, dís qu’aquela istòria de rescontre entre aqueste poètas occitans e senhors d’Al Andalus, aquel art del Trobar l’enfachinan. Ai pas encara escotat lo disc mas aquesta vidèo me far prusar las aurelhas.

L’interpretacion sembla plan liura, al seu biais, estant que coma dis dins l’entrevista « suls 3000 poèmas, n’i a sonque 300 que la musica es conservada. » D’escotar d’urgéncia o d’anar veire en concèrt. Seran a l’Alhambra de Paris lo 5 de febrièr.

Lo Benaset

02 Déc

La Pastorala de Nadau

Pastoralas de Nadau

 

Depuis petit, Michel Maffrand aime Noël. Rien d’étonnant donc que le nom de son groupe soit…  « Nadau » ! C’est presque tout naturellement que Jan de Nadau a décidé de revenir aux sources et de mettre sur pied un projet ambitieux : la pastorale de Nadau. Une histoire de la Nativité contée en gascon, où Bethleem se situe en fait à Valentine… près de Saint-Gaudens ! Un spectacle qui rassemble 80 choristes et 20 musiciens traditionnels venus de tout le Comminges.

 

 

 

Pendant tout le mois de décembre, « La pastorale de Nadau » sera présentée dans 6 églises du Comminges : le 6 décembre à Saint Girons (16 heures), le 7 décembre à Montréjeau (16 heures), le 13 décembre à l’église de Les dans le Val d’Aran (16 heures), le 14 décembre à Luchon (16 heures), le 20 décembre à l’église de Saint Gaudens (15 heures) et le 21 décembre à l’église d’Aspet (16 heures).

 

Sirine Tijani

03 Nov

La Meute Rieuse : de fêlures en émois

La Meute Rieuse voit le jour en 2005, dressée par la chanteuse Camille Simeray, seule à encore tenir la corde. Aujourd’hui, c’est un trio avec Morgan Astruc, son écrin de notes flamenco, son jeu impeccable, Julien Capus et ses rythmiques improbables au tuba ou à la basse, quand il ne fait pas de la MAO (musique assistée par ordinateur). 3 disques dans la musette -dont un très récent- la formation est équilibrée, originale et a trouvé son public. Sang flamenco et traditions, veine réaliste. Sur scène, Camille travaille sa présence, ses postures, titille les sens. Elle n’en fait pas des caisses, souvent minimaliste quand elle joue d’un instrument (guitare, accordéon, percussions).

10616014_10152426489647794_7433616445138687887_nMention spéciale aux textes souvent très inventifs (Aux bons vivants, Au fond d’un verre, Ma ville…) et aux morceaux traditionnels occitans revisités avec bonheur (Sus la restolha, Filhas que sètz a maridar, Aval…).

Bref un petit vent sensuel, plein de fraîcheur pour l’occitan qui ne demande qu’à prendre. Une mécanique bien huilée qui tourne en émois. La Meute est bien accompagnée : Blu (Moussu T, Massilia), Guillaume Lopez, Manu Théron (Còr de la Plana), Sam Burguière (Ogres de Barback), Sam Karpiena (Dupain)…Après Toulouse le 16 octobre, vous pourrez les voir le 22 novembre à La Redorte (Aude).

Benoît Roux

 

23 Oct

Il était une fois… Massilia !

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Non, je ne résumerai pas un livre qui raconte 30 ans de la vie d’un groupe en quelques lignes.

Oui, « Massilia Sound System, la façon de Marseille » de Camille Martel, aux éditions « Le mot et le Reste » se dévore aussi bien que le dernier Massilia paru il y a deux jours s’écoute.

Bien évidemment, tout dépend de quel point de vue on se place en tant que lecteur. Mais que l’on soit un fan inconditionnel du Massilia, un amateur occasionnel qui a découvert le groupe dans les années 2000 ou un simple curieux du phénomène massiliesque, on en apprend forcément à la lecture du livre. On rit, on frissonne autant qu’on s’émerveille des petites anecdotes et autres tranches de vie délivrées à foison et mûrement racontées ici.

« Massilia Sound System, la façon de Marseille » est tout d’abord un ouvrage précis, extrêmement documenté, factuel et descriptif. Un véritable travail journalistique qui rassemble les faits importants du Massilia depuis 1984 jusqu’à nos jours tout en les mettant en perspective dans leur contexte de l’époque. Avec finesse et quelques pointes d’humour, le livre déroule un fil sans encombre et se lit presque comme un bon roman.

Camille Martel, journaliste auteur de "Massilia Sound System, la façon de Marseille"

Camille Martel, journaliste auteur de « Massilia Sound System, la façon de Marseille »

C’est une gamine du Gers, dans les années 60 qui va sans le savoir, trouver le nom de scène du petit « Fransou ». François Ridel deviendra Tatou, un des piliers historiques du groupe. Ce parisien à l’accent pointu, qui a donc entendu la langue d’oc tout petit avant de la redécouvrir en classe de  seconde grâce à un papier publié dans Libé, débarque à Marseille en 1978. Quelques années plus tard, il devient l’un des animateurs vedettes de Radio Service. La radio la plus écoutée à Marseille, devant RMC. Grâce à cette radio et aux titres de reggae de Tatou s’amuse à diffuser en douce au milieu d’une programmation musicale très « années 80 », un premier groupe de marseillais va se mettre en relation, se retrouver. Jo Corbeau, Cécile, Jagdish et Tatou chantent alors sur les faces instrumentales des tubes jamaïcains, Massilia Sound System est né et donnera son premier concert illégal sur le cours Julien, le 20 mai 1984.

Dans le courant de l’année 1985, un certains René Mazzarino, électricien à la Caisse Régionale d’Assurance Maladie s’ennuie ferme à Marseille. C’est donc tout naturellement, que ses oreilles frétillent à l’écoute des premiers mix sauvages du Massilia. A la fin d’un concert, il en profite pour donner ses conseils en matière d’éclairage. C’est ainsi que René Mazarino est baptisé Jah Light, l’éclairagiste officiel du Massila, avant de devenir un peu plus tard Jali, le second pilier du groupe.

Tatou et Jali sont réunis dans le Massilia et avec eux un noyau de 7 artistes, puis de tchatcheurs, MC, DJ, penseurs qui vont créer les solides bases du groupe. Pendant les toutes premières années, Massilia évolue sans cesse et l’on comprend mieux, à la lecture du livre, pourquoi et comment se fabrique le son du groupe, sur le fond comme sur la forme. Le livre de Camille Martel nous éclaire sur l’origine de ce raggamuffin marseillais complètement atypique sur la scène française, qui porte et revendique aussi une identité occitane.

Une virée à Toulouse crée une première connexion avec un certain Claude Sicre et les Fabulous Trobadors. Castan, Carlotti ne sont plus très loin. L’occitan taraude de plus en plus Jali et Tatou à tel point qu’on les retrouve dans les Assemblées Générales de l’IEO : « assis au fond de la salle, ils fument, parlent fort et s’attirent les foudres de la vieille garde du mouvement. Le groupe se trouve à la croisée de plusieurs chemins : d’abord inscrit dans la mouvance hip-hop encore balbutiante, il est également ancré, par ses amitiés avec Nuclear Device, Babylon Fighters et les punk français, dans le mouvement alternatif, il est enfin porte-étendard du mouvement occitaniste. Et apprend à se structurer via Ròker Promocion » nous explique Camille Martel.

C’est justement grâce à ce label, pensé et organisé par les membres du groupe eux-mêmes que la machine Massilia va petit à petit décoller… Et pour la petite histoire, faire décoller, grâce à Ròker Promocion, un autre groupe marseillais bien connu sous le nom d’IAM. C’est bien Tatou qui est « au contrôle, il assure l’enregistrement des morceaux et le mix  » du premier album d’IAM  baptisé Concept, rapporte Camille Martel.

« Massilia Sound System, la façon de Marseille » détaille ensuite chapitre après chapitre, l’histoire de chaque opus du Massilia. Qu’il s’agisse de son contexte de fabrication, de la tournée comme du contenu de chaque titre, décortiqué et analysé par l’auteur, depuis « Rude et Souple » en 1988, jusqu’au tout dernier « Massilia » paru cette semaine. Les grandes heures de fêtes et de création, les crises d’identités, financières ou artistiques, les joies et les peines avec la disparition de Lux B en 2008 y sont finement détaillées, avec distance mais avec une touchante justesse.

Depuis la création de la Chourmo, aux collaborations musicales très fructueuses avec La Talvera, des première virées en « Raggamobile » aux quatre coins de France jusqu’à la tournée aux Etats-Unis en passant par les moments partagés avec Mad Professor et The Robotiks dans « l’immense tour-bus à étage », l’aventure humaine du Massilia a emmené avec elle de nombreux artistes et de fans.

Concert anniversaire des 30 ans du Massilia à Marseille

Concert anniversaire des 30 ans du Massilia à Marseille

Goatari a trouvé un poste à Radio France après avoir quitté le Massilia. Janvier l’a remplacé puis les « ambianceurs de haut-niveau » Gari et Lux B sont arrivés. On assiste dans l’ouvrage, à leur métamorphose progressive derrière le micro sur scène ou en studio. Quelques temps plus tard, Kayalik et Blu prendront leur place à un moment clé du groupe : celui de la sortie de l’album de la deux chevaux : Blu e Blanc / 3968CR13.  50.000 exemplaires vendus pour le disque le plus abouti du Massilia. Une des plus belles anecdotes de création d’un titre est d’ailleurs détaillée par Camille Martel. Il s’agit de la chanson « Bouteille sur Bouteille » :  « un exemple typique de tradition et de modernité voulu par Massilia Sound System pour cet album. Une fois de plus, le morceau est parti d’un accident. »

Pour en savoir plus sur cette pépite d’accident créatif, il ne vous reste plus qu’à lire « Massilia Sound System, la façon de Marseille » aux éditions « Le mot et le Reste ». Une plongée quasi intime, sans cliché et sans véritable concession dans l’histoire du groupe. Une lecture joyeuse, festive et communicative… autant de plaisirs qu’un bon concert du Massilia.

Clément Alet

 

 

18 Oct

Massilia : 30 ans dins lo vent

Massilia, 3O ans de mar e de pastaga sens se negar, l’equipatge es de retorn amb un disc novèl qu’arribarà a bon pòrt lo 21 d’octobre.

99371223_oM’èri daissat dire que Massilia tornariá sortir una galeta. Me demandavi presque se l’afar ne valia la pena estant que lo darrier disc un pauc tròp experimental e produsit m’avia pas estrambordat. E que cadun avia trobat sa dralha de son costat.

Un d’aquestes jorns, lo disc es sul burèu, tot blu, simple, polit. Me cargui lo casque.

Guitarra escarraunhada, una mena de cabreta, quauquas panholadas : « Qui es-tu? Et vous, qui êtes –vous ? Nous, nous sommes de Marseille ! ». Totjorn las introduccions plan capitadas per enstallar quicòm.

E aqui que SI LÈVA MAI MA CANCON.

Sasit sul pic, prés de tira :

Ce qu’il nous faut

C’est tirer sur les rames

Vaincre le vague à l’âme

Contôler le bateau

Ce qu’il nous faut

C’est prendre les commandes

Ecouter les demandes …

Massilia es totjorn dins la plaça. Ritmica empeccabla, guitarras saturadas, son un pauc dur, voses plan enregistradas. Non, serà pas lo disc de tròp ! E granda novèltat : Massilia tòrna jogar collectiu. Gari, Moussu T, Papet J, son a cantar amassa sus cada tròç, a s’amusar, escambiar… TROIS MCs SUR LA VERSION, de que rescaufar totes los « congélos ». Un asagal de pastaga dins lo monde pissa-fret e fadassa.

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Photo Facebook Massilia

Moussu T pren las comandas sus ES TOT PAGAT. Massilia mai que jamai dins l’actualitat, en presa amb la societat :

Il paraît qu’on a trop dépensé

Il parait qu’il faut tout rembourser

Moi l’argent je l’ai pas vu passer… 

Moussu T de barrar la pòrta :

Goldman Sachs USB HSBC nous ont tous cassés.


Arriba alèra un tròç pas acostumat JE MARCHE AVEC. Massilia en prisa ambe l’opereta, una mena de fals charleston, puslèu original. Dins un monde que va a fum, tremoladís, Massilia brancat sus un corent d’alternativas :

Tout part en vrille tout le monde ment

Vas-y débranche la solution vient en marchant…

Lo son es bon, travalhat, cercat…Bon equilibri e bon encadenament entre de produccion pus gròssas e los bons vièlhs ragamuffins.

MA VILLE RÉVEILLE-TOI una tchatcha plan del biais dels Fabulos Troubadors, una òda a la vila dubèrta, mirgalhada…Vigorós e eficaç.

Tot se passa plan, soi pas desacrancat, contunhi lo vitage per l’escala venenta.

Es un afar complètament derasonat mas sovent dins un disc, es lo tròç N°7 que me tampa e qu’estimi lo mai. Aquí LA RESPÒNSA ES DINS LO VENT. Debuta blues negre, la votz que tremola e s’esperlonga e lo ridim que comença. Qu’una intrò e qu’una cançon !Un raga plan pesuc que te pren, que t’empòrta :

A ton entorn l’espèr s’encabana

A ton entorn lo chaple si debana

Lo còr es lord e la fèsta s’engana

Ti vaquí lo peis dins la consèrva

Ti vaquí lo peis dins la consèrva…

Una pura jòia de poesia, servida sus un ritme prenent, d’adobaments simples e intelligents. Mas ara viés l’estèla dins tot aquela crassa.

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Photo Facebook Massilia

Pas lo temps de lutrar e pantaiar. MASSILIA N°1. Un Massilia pus classic, las paraulas risolièras e plan trobadas e aquela envolada dansanta, enfachinanta :

Va ma cançoneta vòla

Lo viatge deis paraulas

Lo trin de Massilia

Mon trin s’arrestarà pas a l’estacion POURQUOI JE MORFLE. Pas francament convençut.

Estimi mai L’ELEGIT, un bon reggae negre que manda la salsa, esclairat d’un biais supèrbe per las guitarras de Blu.

Paure pòple l’annada si passa

Totjorn dins la nassa,

Crebat e e passit…

O bonne mère, e dire que lo Gaudin lor vòl remetre una medalha. Aquò farà la convèrsa ! Tant que li son, que li faguèsson escotar QUAND ON VIT CONNECTÉ. El que fricoteja ambe lo FN. Son numeric, un pauc rete, que t’obssèda e te fa passar de messatges.

 

couv_2973Alèra lo batèu Massilia pòt contunhar son periple. La baie de Rio, celle de Shangai…E son estaca, lo pòrt, A MARSEILLE. L’equipatge a trobat son ritme pas francament de crosièra. A l’imatge de son titol « Massilia », lo disc es simple e essencial, un bon retorn als fondamentals que son ragamuffin, engatjament, partatge. Òm sentís que lo grop a tornamai l’enveja de caminar amassa. Me farà pas doblidar lo vent de frescum e la creativitat que fasián s’envolar la famosa 2CV. Mas me dona l’envaja d’anar encara partajar quicòm plan mai que musical en concèrt lo 23 a Tornafuèlha (31), lo 8 de novembre a Narbona, lo 13 a Tarbas…

Me triga tanben de veire cossi Camille Martel Mossur Yellow aurà esclairat aquelses 30 ans de Massilia dins son libre que sortirà ambe lo disc. Ne tornarem parlar dins lo jornalet de dissabte que ven.

Lo Benaset

 

12 Juin

Forabandit tòrna al pòrt, l’expulsé revient au port

Sam Karpienia ça vous dit quelque chose ? Fondateur du groupe « Dupain » qui a créé quelques remous sonores lors de la sortie de son premier album « L’Usina », cet artiste a lancé le projet « Forabandit » en 2009, en collaboration avec 2 autres musiciens aguerris, qui se poursuivra avec un premier album au nom éponyme en 2012. Le groupe est en train de promouvoir son second album sorti en mai.

Impression

Forabandit © Thomas Dorn</p#>

Groupe atypique, « Forabandit », composé de 3 musiciens chevronnés, comme il en émerge dans cette scène musicale que crée le « renouveau occitan » et qu’on pourrait appeler scène « underground », car elle n’est pas plébiscitée par la culture médiatique, ne fait pas partie de ces groupes attendus par un large public. Pourtant, de leur musique « émane une âme », le genre de vibration qui fait que les aficionados de musique soutiennent un groupe ou un genre musical malgré le manque de diffusion et la saturation d’offre dans un domaine musical. La vibration que transmet ce groupe a bien cette touche « à l’occitane », avec ces sons d’influences méditerranéennes et exotiques, cette mémoire des sons d’époque médiévale et qui, historiquement, s’exportèrent à cette même époque, par l’échange d’influences entre peuples. Des sonorités et des façons de jouer des instruments de tradition ancienne, mais qui s’est transmise dans certaines cultures, notamment l’instrument de tradition algérienne, la mandole que joue, Sam Karpienia, et qui se pratique beaucoup dans les musiques kabyles et le Chaabi.</p#>

 

Il partage le chant avec Ulas Ozdemir, entre langue en occitane et turque. Ulas qui joue du saz (ou bağlama), un instrument à cordes de la famille des luths, instrument se transmettant notamment dans une certaine minorité sociale en Turquie d’où provient Ulas. Aux percussions enfin, qui renforcent la touche orientalisante du son, un musicien aguerri et non des moindres, Bijan Chemirani, le fils de Djamchid Chemirani percussionniste renommé dans la tradition de cet instrument. Bijan qui a collaboré entre autre avec le chanteur occitan Manu Théron, comme le Sénégalais Pape N’Diaye  ainsi que d’illustres pointures de la scène rock comme l’ex Police Sting ou l’ancien Noir Désir, Serge Teyssot-Gay qui ont fait appel à son agilité, ainsi que de nombres d’autres musiciens renommés.

C’est leur second album « Port » qui est sorti en mai 2014, et si vous ne l’avez pas écouté, jetez-y une oreille en allant sur leur site. Les thèmes abordent les sentiments d’amour et d’exil, probablement le fond de l’âme de ce groupe et de ces musiciens hors pair et chevronnés. Ils seront au Mucem de Marseille le 27 juin et André Manoukian s’en est délecté le 4 juin dans sa chronique sur France Inter.

13 Mai

Les harmonies de Lambrusquèra

Samedi 10 mai, ils ont chanté sur la scène parisienne de l’Olympia…. Avec d’autres artistes, le groupe de chants polyphoniques du Béarn Lambrusquèra a animé la deuxième partie du concert événement de Nadau qui fêtait ses 40 ans de carrière. L’occasion de découvrir ce groupe de chanteurs, amis d’enfance pour la plupart et originaires de Monein, petit village de vignerons béarnais.

Le vin, l’amitié, la complicité font partie de la marque de fabrique de ce groupe qui chante avant tout pour le plaisir d’être ensemble.

Aidé du professeur de chant traditionnel Bastien Miquèu, les Lambrusquèra viennent de sortir leur premier album, Bitsègas qui signifie Zig Zag. Nous sommes donc allés au cœur du Béarn, à Monein, rencontrer dans un chai au milieu des vignes les 7 amis de Lambrusquèra.

 

Sirine Tijani

21 Avr

Alidé Sans : la jeunesse pleine de sens

A l’entendre et la voir chanter, on ne lui donnerai pas son âge : 21 ans. De la fraîcheur, de l’assurance, de la technique, de la personnalité. Alidé Sans ne devrait pas rester longtemps cantonnée dans sa vallée aranaise.

AlidéSansExpVerbauVoilà deux ans qu’elle chante. Mais elle baigne dans la musique depuis son plus jeune âge. Une mère professeur de musique et très vite, l’apprentissage du piano et bientôt d’autres instruments. Elle chante avec des rappeurs, fait un clip contre la violence faite aux femmes, joue avec des musiciens… A 19 ans, elle se lance vraiment, tenant souvent la scène en solo, avec sa guitare. Aujourd’hui son talent est en train d’éclore, comme une évidence.

C’était le cas à l’université Jean-Jaurès de Toulouse jeudi, à l’invitation de l’association étudiante OSCA, pour la semaine occitane. Pas facile de se produire sur un campus, le bruit, les étudiants étalés sur l’herbe… Quelques notes, le public est dans sa poche, s’arrête, écoute et danse. Un style spontané, immédiat, naturel, qui lui appartient, en toute liberté. De prime abord, les intonations, la voix et sa posture font penser à la chanteuse Nigériane Ayo. Dans son interview, elle se réclame de la Belge Selah Sue, de Nneka -une autre Nigériane- et de la Camerounaise Irma. Toutes multi-instrumentistes, où domine la guitare, aux champs musicaux étendus, aux voix aussi bien puissantes que sensibles.

Après le monde étudiant à midi, place aux occitans le soir à l’Ostal d’Occitània, toujours à Toulouse. Avec une acoustique bien meilleure, on a pu apprécier ses nuances de voix, son toucher de guitare très rythmique et sensible, profiter des textes et musiques qu’elle a écrits. Et quand elle reprend des classiques ( « Every little thing gonna be all right » de Bob Marley ou « Los Caulets »), elle s’empare du morceau, quitte à le déstructurer, comme pour le Se Canta, dans une version superbe et déconcertante.

 

A Toulouse comme ailleurs, beaucoup l’auront découverte; bien plus voudront bientôt la voir. On a hâte d’écouter son premier disque enregistré prochainement à Barcelone et prévu à l’automne. Pas besoin d’être grand devin ou musicologue affûté pour dire que cette Aranaise va bientôt dépasser nos frontières. L’Occitanie a besoin de nouveaux talents comme celui d’Alidé Sans.

Benoît Roux

 

11 Avr

De musica

Oxford Trobadors

Ils chantent avec sérieux, conviction, et un brin de perfidie les troubadours et des œuvres contemporaines. Les Oxford Trobadors voient le jour en 1998. Avec des influences classique, rock, jazz, folk, ils revisitent avec des arrangements originaux les chants occitans du Moyen-Age, des chansons modernes.

« Lo boièr » The Oxford Trobadors at the Holywell Music Room

Tout est parti de la Dordogne et d’un concert en 1978 de « Peiraguda » à Sarlat. « C’était pure magie d’entendre ce groupe très vivant et talentueux… » selon Denis Noble, fondateur du groupe. « J’ai acheté l’enregistrement vinyle de leurs chansons. Puis à la maison, j’ai commencé à apprendre les chansons, à les interpréter. C’était aussi un moyen efficace pour apprendre moi-même la langue. » Car évidemment, ces anglais chantent en VO, et potentially en italien, espagnol, portugais, du Peire Vidal, Marcabru, Bernat de Ventadorn, Jaufre Rudel. Sans oublier « Peiraguda » évidemment et « Nadau ».  Dimanche, ils seront at home (Oxford) pour un concert.

« Los de qui cau » The Oxford Trobadors at the Holywell Music Room

 Dédé cap aus sorelhs

Il a un nom de prêt à porter mais ses chroniques ne sont jamais cousues de fil blanc. Un tantinet décousues même…

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« Erudit Doudam » André Manoukian France Inter

Dédé (indispensable pour la couture !) alias André Manoukian a d’abord été le pygmalion de Liane Foly, puis la référence philosophique et littéraire de « La Nouvelle Star ». Désormais il apporte son élégance haute couture à France Inter, notamment pour des chroniques musicales « Erudit Doudam » le matin à 7H24. Et Jeudi c’était « Vox Bigerri » et leur dernier disque « Cap aus sorelhs ». Un rayon de soleil qui se lève sur la radio publique pour un groupe occitan, à une heure de grande écoute… On était donc tout ouïe.

Mais on a connu le Dédé plus en forme : borderline, avec des citations improbables et arrangées, des glissements érotiques… Jeudi, c’était un bel éloge du disque où seul à transpiré « Une vierge chantée ici et incarnée comme par les peintres du quattrocento qui prenaient pour modèle des paysannes lombardes terriblement belles et sexuelles… ! ». Pas de quoi choquer un troubadours à Oxford. Il a quand même réussi à faire trébucher le toujours impeccable et mesuré Pat Co qui s’est hasardé à prononcer le titre : « Vous avez un super accent occitan gascon Patrick ! ». Erudit on vous dit.

 

Il n’était pas mardi dernier dans la « Grande Battle » de France 2 mais bel et bien sur France 3. Notre confrère Stéphane « André » Ratinaud « Manoukian » aux références lui aussi littéraires et au verbe facile est allé rencontrer « Joanda » dans sa ville à Béziers. Un peu de musique et un retour aux racines pour changer de l’actualité politique. Et cette interrogation : « Est-il facile d’être un troubadour ? ». Sans doute plus à Oxford qu’à Béziers !

A quelques portées de voix, à Puisserguier, le très boulegant et politique « Goulamas’K » sort demain son album live « Ràbia e poësia ». Demain c’est la fèsta à Puisserguier.

Benoît Roux

29 Mar

Mauresca sort son ragga-rocky-riot

Sur la dralha contestataire des « Pussy Riots » (féministes russes) et musicale du « Riot grrrl » (mouvement à la croisée du punk-rock et du rock alternatif aux idées féministes) les gars de Mauresca ont dégainé leur Riòta.

De brun sus la pocheta

« C’est la sombre couleur, l’embuche et l’écueil, c’est la brune terreur, la nation en deuil… » La Riòta

Si des résultats électoraux très récents ont pu donner raison à Mauresca, l’album Riòta a de quoi regonfler la chorma de ceux qui ont mal à la tête depuis dimanche. Le groupe avait pris soin de faire tourner ce morceau juste avant.

Mauresca, 5 albums au compteur avec des titres laconiques et très évocateurs : Francament (2001), Contèsta (2005) Bartàs (2008), Cooperativa (2010) et donc Riòta (2014). Pochette brune face à la vague sombre. Jeudi à Toulouse, la Riòta (émeute, soulèvement) a déjà sonné sur scène. Benezet artille : « On ne sait pas si c’est vrai mais ça nous plaît de dire que l’anglais Riot vient de l’occitan Riòta! »

 Formula novèla

Une guitare et une batterie pour étoffer le rythme, faire monter le riddim, rajouter du jeu, voilà longtemps que les 5 membres fondateurs issus de la fac Paul Valéry y songeaient. Chab, Drac, Benezet, Inti et Massimo ont fait un essai en 2013 à l’Estivada de Rodez et pour la Fèsta d’òc de Béziers. Essai transformé lors d’une résidence dans l’Aveyron pour composer le nouvel album. Massimo s’est davantage impliqué dans les créations. Il a posé ses guitares : rock, saturée, avec de gros riffs, parfois punk. Sur scène, c’est Sylvain Briat venu tout droit de The Plans qui le remplace. Côté batterie, Julien Carbonne, n’est pas vraiment dépaysé. Il vient d’un autre groupe languedocien qui s’est fait un nom sur la scène Ska-punk-raggamauffin : Stevo’s teen.

 

A l’arrivée, ça sonne british : The Clash, Dub Pistols et Ninja Tune, du nom de ce label anglais de musique électronique où se retrouvent beaucoup de DJ. Et Drac -celui de Mauresca- est très à l’aise pour envoyer ses scratches.</p#>

 Riòta, Casper e los autres sus l’empont

Sur scène, les changements sont audibles. Plus de jeux dans les rythmes, un son plus posé et plus lourd, plus d’énergie… C’est visible sur les nouveaux morceaux : des riffs rock pour « Riòta », guitares saturés sur « Mauvaises idées » du punk façon The Clash pour « Miègjornau ». Ceux plus anciens comme « Indians de las Americas » semblaient faits pour ça. « Sus la Montanha » prend de la hauteur, va plus loin sus las auturas. Le groupe n’a rien perdu de son « Boulégant », de son énergie communicative. Les voix ont évolué aussi. Et pas seulement sous l’influence de Casper, ce fantôme de micro revenu des années 50. « C’est un très vieux micro -qu’on appelle Casper- que nous branchons sur une machine pour faire des effets. C’est un gros délire. On en met partout ! », confesse Drac. Sur scène, Chab s’en amuse beaucoup. Notamment sur « Mauvaises idées ». Pour chasser le fantôme en chemise brune ?

« C’est de la faute aux autres, ainsi naissent les despotes, penses-y quand tu votes, pense au bruit des bottes. » La Riòta

Benaset de la 3