Le brillant guitariste multistyles vient de publier un second disque dédié au répertoire des Beatles. « Across the universe » montre une fois de plus tout le talent de musicien et d’arrangeur du guitariste américain. Trop fan des Beatles pour esquisser une trahison; trop créatif pour s’en tenir à une simple copie. Si vous avez envie d’écouter un bon disque servi par un artiste hors-pair, cet album vaut le détour. Un voyage « A travers l’univers » des Beatles pour oublier le confinement.
J’attribue vraiment aux Beatles la raison pour laquelle je joue de la guitare
L’hommage est clair et net. En 2013 déjà, Al di Meola sortait un premier disque au titre explicite : « All your life » consacré au Fab Four anglais. L’album était entièrement joué sur des guitares acoustiques, ici l’américain augmente sa panoplie en y jouant des guitares électriques mais aussi de la basse, batterie, percussions… C’est à la fois fidèle aux Beatles dans le son mais au final, ça sonne davantage Al di Meola tant les arrangements et les jeux de guitares sont personnels à l’artiste.
Il y aura toujours les inconditionnels (j’en fais partie) et les détracteurs. Ce disque ne changera pas la donne. Par contre si vous ne connaissez pas Al di Meola, c’est un bon moyen de le découvrir au travers des Beatles.
Un artiste qui dépasse les limites de l’instrument
Il existe d’autres grands, très grands guitaristes. Mais ils sont souvent cantonnés à un certain style musical. Pour Al di Meola, on oublie. Son disque le plus connu c’est « Friday night in San Francisco. Un Super Guitar Trio qu’il forme début des années 80.
Une période Flamenco assurée mais l’italo américain n’a pas fait que ça. Il a longtemps donné dans le jazz-fusion avec Stanley Clarke et le Français Jean-Luc Ponty. Puis ce sera sa formation « World Sinfonia 2000 », certainement le moment le plus abouti de sa carrière où il reprend et s’inspire des morceaux d’Astor Piazzolla. Après un retour réussi à la fusion, il s’essaiera aussi il y a peu à la world music avec le « Morocco Fantasia » composé de musiciens traditionnels. Tout ceci fait d’Al di Meola un des plus grands guitaristes au monde et assurément le plus créatif.
« Across the universe » : tellement Beatles, tellement autre chose
Le maestro commence avec « Here come the sun » aux sonorités quasi conformes à l’original. Puis la machine s’emballe et comme souvent, il emporte le morceau ailleurs. Oui cet album n’est plus vraiment des Beatles mais Al di Meola ne pers pas son auditeur et donne toujours quelques repères dans les sonorités comme la guitare hindoue sonnant comme un sitar dans « Norwegian wood ». Mais ensuite, il se libère des références et élargie le spectre. Dans « Golden slumbers medley », guitares électriques et acoustiques dialoguent. L’américain fait la plupart des instruments mais sur cet album, il a convié le guitariste Hernan Romero qui jouait avec lui dans le « World Sinfonia 2000 », le trompettiste Randy Brecker, Fausto Beccalossi à l’accordéon et le surprenant Amit Kavithar qui joue des tablas indiens notamment sur « Norwegian wood » et sur « Strawberry fields forever ». Autant dire là-aussi que l’univers est large.
« Strawberry fields forever » extrait de l’album « Across the universe »
Bien sûr c’est sur les grands standards qu’on attend le musicien. Comme « Yesterday » au début très classique et qui sonne comme une étude avec les 2 guitares acoustiques qui jouent quasiment les mêmes notes. Même respect appliqué sur « Hey Jude » jusqu’à la partie finale où les chœurs sont remplacée par une partie très free.
Un phrasé extraordinaire
Dans cet album, le phrasé du musicien sur les guitares acoustiques est sans équivalent. Une finesse remarquable avec une avalanche de notes pour mieux en extraire une au final. Ou encore ces changements de rythmes soudains, les crescendos/decrescendos qui se succèdent en une fraction de seconde. Sans que tout ceci -comme très souvent en jazz- ne tourne à la démonstration technique.
Interview sur l’album « Across the universe »
L’album est d’une grande richesse, l’apport des guitares électriques qu’il n’y avait pas dans le précédent Tribute to The Beatles vient rajouter une corde à ce foisonnement artistique très riche. Une pyrotechnie musicale totale avec une connaissance de l’instrument incroyable. Tout simplement un immense plaisir, y compris pour ceux qui ne seraient pas des inconditionnels des Beatles.
Bonus Track : 2 morceaux live du premier album de reprises des Beatles
Al Di Meola Beatles and More – « Day in Life and Elenor Rigby » (2013)
« Because » (2013)