25 Avr

Les nouveaux titres de l’album « Paz » avec Bertrand Cantat

Après le single « Ta peau » dévoilé la semaine dernière, la nouvelle production de Bertrand Cantat est parue le vendredi 24 avril sur les plateformes numériques. Ce n’est pas un disque de Bertrand Cantat mais un projet plus large travaillé depuis plusieurs années avec ses nouveaux musiciens et l’écrivain Caryl Ferey. Après le spectacle « Condor Live » à la fois lecture chantée et musicale, voici « Paz ». Une couleur plus poétique et beaucoup moins rock que sur les productions précédentes.

On y retrouve la même équipe : Bertrand Cantat (voix), ses complices Marc Sens (guitares), et Manusound (basse et machines) ainsi que Laul (Laurent) Girard (guitare, chœurs, basse, percussions). 

« Paz » est un roman de Caryl Feret qui se déroule en Colombie mais ce n’est pas une adaptation du livre. L’écrivain et le chanteur se sont rendus en Colombie pour imaginer cette œuvre originale. Sur les 7 titres, 3 seraient de l’auteur breton Caryl Ferey et 4 de Bertrand Cantat : « Babel », « La dune », « Fleur de bunker » et « Paix éclair ».

« Babel »

Un son qui tourne, des bruits au lointain, une guitare, des percussions… C’est l’ouverture qui précède les 6 tableaux. Le morceau de 7 minutes s’installe peu à peu. Des murmures… Puis, Bertrand Cantat se contente d’y poser le même mot décliné en plusieurs langues : Paz, peace, paix, pace, paci, patz, pau, shalom, etc… Un travail sur les sons. Pas de vrai texte mais des effets de voix qui s’amplifient et qui se fondent dans les nappes. Last but not least. Le denier…. le mohican : Anachemowegan. Paix.

« La Dune »

Son plus cristallin. Texte tout aussi désespéré et poétique. Les guitares qui grondent. Dénonciation des dérives modernes :

« Oh, construisons des digues et des palais refuges
Basta la vie volée, la vie privée de tout ce qui serait la vie

Repose-toi là, repose-toi, repose-toi là, repose-toi »

Ce texte est aussi signé Cantat. La chanson s’apaise à la fin. Un univers très personnel et la voix de Cantat toujours aussi expressive. Plutôt réussi.

« Diana »

Début du morceau qui fait penser au titre « Aucun express » de Bashung dans l’univers et la poésie. Le texte est aussi de Caryl Ferey :

Diana, prise dans ses rêves, s’endort et se relève
Toute fleur d’or et diamant, ramassée pêle-mêle
Un sourire assoupi sur l’oreiller à peine
Si je souffle, elle s’envole, l’infini à tire-d’aile

 

Univers un peu moins sombre. Même si :

Sous ses draps de paupières bleues  incognito
Princesse de sel sous la pluie bientôt ne sera plus
Qu’une traînée de poudre indigo
Je t’aime dans le désordre au revers de la horde qu’on fuit
A l’horizon, l’amour, combien de divisions

« Détruit / cassé »

Un son dur, rugueux cadencé de cordes. Les mots très courts de Caryl Ferey. Des sensations. Une voix parfois très proche du timbre de Brel. Une mise en abîme.

Clip « Ta peau » Conception vidéo : Emmanuel Brillet ©℗ A Parté

« Fleur de bunker », extrait de l’album « Paz »

Voix haute. Univers toujours grave et résonnant. De la douceur qui survient. Les mots toujours aussi beaux et poétiques de Cantat :

Enterre, déterre, la hache de guerre
On ne peut pas toujours s’aimer
Fleur de bunker, à votre bon cœur
Tout ira bien, tout ira bien
Berce-moi sans douces illusions
Accorde-moi la trêve quand pâlit la saison

Très beau morceau avec la voix de Cantat qui va chercher d’autres sensations. Un modèle d’interprétation et de mise en musique d’un poème. 

 

« Paix éclair »

Plus de guitares que de nappes sombres, c’est le morceau le plus rythmé, où la voix s’attarde le moins. Le texte est aussi de Cantat. Plus lumineux, même si les ombres et le vacarme sont toujours là. Et les messages bien envoyés.

De quelles ombres, soeur des hommes doit-on se recouvrir
Pour éviter les phares du bolide
Go fast, go and crash, escarabuya tutti…

Evidemment, on peut y lire des messages très très personnels:

A tous les points cardinaux transformés en points morts
Sortez des angles injurieux
Vous êtes douceurs assimilées quand la sphère vous absorbe et déglutit pêle-mêle des odyssées de charmeurs de serpents
Ce cœur finira par être au bon endroit et c’est partout nulle part
Et nulle part est amour qui hurle en tout lieu le temps d’une paix éclair

Cet album, comme les précédents, fera beaucoup parler. Malheureusement plus sur des à-côtés que sur sa valeur artistique. Elle est pourtant bien réelle et singulière. Les textes poétiques sont ciselés, sculptés, magnifiques, les univers sombres et obsédants. Pour certains fans de Noir Désir, il manquera l’énergie rock, les rythmes. D’autres découvriront peut-être la richesse créative de cet artiste auteur-compositeur-interprète hors du commun.

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