C’est un ciel dégagé ce jour là du côté de Quintigny dans le Jura. Et sous le ciel dégagé : la mer… Je veux dire ce décor de film qu’on a tous oublié depuis longtemps. Cette douce fresque d’un ciel d’été effacé dans la bruine et les embruns. Toute cette ivresse qui nous manque d’une plage de sable fin sous une température de plomb.
À Quintigny dans le Jura/ PHOTO © Philippe Trias
Ce décor d’une route de vacances, imprimée dans les yeux de tout un peloton déprimé par le manque d’UV. Une belle route d’été qu’on aurait presque oublié au bout d’un hiver trop long et d’un printemps pourri qui déborde maintenant sur l’été. Cette belle route, le goudron brûlant sous les pneus. Ce projet d’un effort titubant sous des litres de sueurs, le goût du sel sur les lèvres et les yeux collés par la moiteur de l’air ardent. Un spectacle météorologique comme un tableau des Flandres éparpillé de Lille à Montpellier et jusqu’à Brescia pour en terminer des 21 étapes d’un Giro cataclysmique. Un Tour d’Italie privé d’une 19e étape entre Ponte di Legno et Val Martello. Le maillot rose sur le dos de Vincenzo Nibali repeint en blanc sur la ligne d’arrivée de la 20e étape après avoir joué les alpinistes hivernaux sous les Tre cime di Lavaredo ! Un Milan-San Remo déjà… raccourci par la neige à la mi mars ; comme en Suisse, le Romandie a dû se faufiler entre des murs de neige fin avril. Une image hallucinante au Col de la Croix où des skieurs posaient sur la photo aux côtés des coureurs. Un soleil désespérément absent des grands stades cyclistes depuis le début de la saison, et des quantités de flotte qui s’abattent sur les épreuves comme sur les routes d’entrainement. Des photons en grève au cœur d’une négociation au point mort entre un anticyclone récalcitrant et des arrivées d’air frais du monde polaire. -Dis, ça tombe quand l’été cette année ?
-Bein… c’est parti pour « tomber » toute l’année on dirait !
Toute cette pluie. Et on se demande bien qui peut nous en vouloir à ce point là ?
JL Gantner