08 Avr

ÉVÉNEMENT/ Boonen « seul » à Roubaix

La trouée d’Arenberg n’aura une fois de plus pas failli à sa réputation… une chute dans le petit groupe d’hommes de tête où se trouvait Laurent Mangel, le coureur de la Saur-Sojasun, qui nous avait confié « avoir les jambes » ces dernières semaines après un gros hiver d’entrainement. Des hommes au sol, juste à l’entrée de la section pavée mythique de l’enfer du nord, mais le Franc-comtois heureusement reste debout. Le coureur franc-comtois avec quelques courageux seuls devant, depuis le kilomètres 67. Derrière, c’est le français Sylvain Chavanel qui mène le train d’une première partie de peloton dans lequel Tom Boonen (Pharma-Omega-Quick Step) se tient encore à carreaux. Un peloton qui finit par remettre les compteurs à zéro a moins de 70 km de l’arrivée, et Laurent qui tient toujours bon. « Tous » les franc-comtois « à fond » sur Face Book au moment où le Haut-saônois récupère sa musette.

À l’entrée du secteur pavé n°13, C’est Turgot qui fait le coup de force pendant que l’avant garde du train accélère sous les coup de pédales puissants du champion de France qui roule tout à la cause de son prestigieux leader (le belge, déjà vainqueur des Flandres cette année et grand favori pour emporter le pavé sur le vélodrome). « Lolo » le dossard 254 qui aura vraiment montré le maillot aujourd’hui. Le coureur de Montigny-lès-Vesoul, qui devra finalement s’incliner derrière ce Tom Boonen… maintenant décidé à couper court aux conversations de principe. Pozzato, Turgot, Ballan partis avec lui n’y tiendront pas non plus. À 55 km du fil, son coéquipier Niki Terpstra succombe à son tour… Boonen, dorénavant seul, en grand devant les caméras qui n’en reviennent toujours pas. Une légende qui s’écrit peut-être… Boonen, seul face à son destin. Le spectacle d’un homme parti pour un incroyable tour de force, un « contre la montre individuel » à plus d’une heure de course encore, pour en terminer en héros à Roubaix. Boonen sur le bec de selle à 30sec d’écart de la chasse. Le « véritable » roi des belges en train de vernir son statut « à la pédale ». Énorme ! Boonen qui creuse seul sa « tranchée » héroïque vers l’arène du nord. Plus d’une minute à 25KM et une poignée de poursuivants bien incapables d’en rajouter, comme repoussés par le pari insensé d’un solide moteur propulsé à l’avant vers la première marche du podium.

Tom Boonen PHOTO/ © REUTERS – PASCAL ROSSIGNOL

Au Carrefour d’ l’arbre. Tout le monde a compris, la foule massée comme dans un col du Tour de juillet. Tom Boonen vole, Boonen file à toute berzingue. Sous les pavés de ce finisseur de génie : l’histoire du plus grand guerrier de l’année en train de s’écrire en direct sur l’anneau blindé d’amateurs passionnés. Il y a des jours où vous comprendrez que la dithyrambe est seule de mise pour mesurer l’espace qui nous sépare des étoiles.
Tom Boonen, 1… et la surprise de Sébastien Turgot donné 2e de la course sur la photo-finish ! Le premier podium d’un coureur français depuis la victoire de Frédéric Guesdon en 1997. Laurent Mangel termine lui, 81e de l’épreuve.
Paris Roubaix comme une course à part. Pas seulement une épreuve sportive, mais un événement culturel à part entière.
JLG