Le candidat du Parti socialiste et du Parti radical de gauche a choisi l’originalité pour s’adresser aux électeurs de la 2e circonscription du Jura: un film de 21 minutes, déjà visionné près de 900 fois sur internet. Raphaël Perrin s’y présente et y présente ses idées. « C’est une façon d’être avec les gens qui ne nous connaissent pas, de se dévoiler un peu », explique le conseiller général et maire de Septmoncel, à l’accent inimitable, résolument authentique.
Avouons-le: on s’attendait au pire. Un film de campagne pour les législatives, cela pouvait tourner au fiasco. Quand on voit ce que certains candidats à la présidentielle sont capables d’oser, on ne donnait pas cher de l’œuvre d’un candidat jurassien à la députation… La longueur du film, plus de 21 minutes, a renforcé nos doutes. On a quand même appuyé sur « play », au cas où… Et reconnaissons-le, nos préjugés étaient infondés.
D’abord, il faut reconnaître que l’initiative de Raphaël Perrin ne manque pas de panache. Se mettre en scène, ainsi, dans la cuisine de monsieur-tout-le-monde ou dans une étable, des bords d’un lac jurassien au pont de la Concorde devant l’Assemblée nationale à Paris, c’est gonflé. Et risqué. Mais la partition du maire de Septmoncel sonne plutôt juste.
« Aujourd’hui, si tu veux convaincre, c’est un moyen de communication intéressant. L’image a pris le pas sur plein de choses, estime-t-il. Il est important que les électeurs connaissent la personne, son état d’esprit ».
« On m’a appris à soigner les bêtes »
Au cours des 21 minutes, trois séquences marquent l’esprit. D’abord quand le candidat se raconte, revient sur son enfance, son éducation, sur fond de photos jaunies: « Je connais la nature, on m’a appris à jardiner, même si je n’ai plus le temps, se confie-t-il. On m’a appris à faucher à la faux, à enchapeler une faux. On m’a appris à soigner des bêtes. Lorsque je coupe mon bois, je le coupe en lune décroissante, descendante, signe de feu, constellation de feu. » Mémorable. Et puis les souvenirs de sa prof à l’IUT, qui se remémore un étudiant « vraiment du terroir, avec son accent bien jurassien », qui s’échappe par la fenêtre de sa classe pour aller manifester contre la loi Devaquet. Il y a enfin cette envolée lyrique sur le thème du courage devant le Palais Bourbon. Une longue tirade de 3 minutes en forme de bouquet final…
9 jours de tournage, 7 jours de neige
Raphaël Perrin n’en est pas à son coup d’essai. Il avait déjà réalisé un film de campagne lors des élections cantonales de 2008. A l’époque, Quentin Lazzarotto était déjà derrière la caméra. Cet étudiant en cinéma de 24 ans avait sollicité le maire de Septmoncel en 2004, pour proposer de réaliser un film sur l’histoire du village. Le conseil municipal avait dit oui, faisant confiance à ce passionné de 16 ans.
« J’ai toujours aimé filmer le Haut-Jura, raconte le jeune homme, dont une partie de la famille vit à Septmoncel. Pour ce film, on a eu des délais hallucinants ». Surtout, la météo fut, elle aussi, hallucinante. « Sur neuf jours de tournage, on a eu sept jours de neige et un jour de pluie », confirme Quentin Lazzarotto. Le film y a gagné en spontanéité. Séance photo pour l’affiche de campagne sous un parapluie, paysages enneigés dans le brouillard: ce film est aussi une belle promotion du Haut-Jura. « Quentin avait la même envie que moi de promouvoir le territoire, explique Raphaël Perrin. Quand il m’a proposé ce film, je me suis dit que ce n’était pas plus idiot qu’autre chose. » En effet.
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