26 Juil

« A force de trop vouloir nous cacher des choses, on finit par se poser encore plus de questions »

Michel Zumkeller au sein de la commission d’enquête parlementaire de l’Assemblée nationale le 25 juillet (©Assembleenationale)

Il est le seul parlementaire comtois membre de la commission des lois, transformée à l’Assemblée nationale comme au Sénat en commission d’enquête sur l’affaire Alexandre Benalla. Dans le train qui le ramène vers Belfort, le député UDI Michel Zumkeller nous donne par téléphone son sentiment, mitigé, un goût d’inachevé lié à l’arrêt des auditions à l’Assemblée. Interview.

Depuis le début de la semaine, la commission des lois transformée en commission d’enquête a auditionné plusieurs personnalités liées à l’affaire Alexandre Benalla. Ces auditions ont-elles été efficaces ?

Je pense que oui, car on a appris des choses. Avec les auditions parallèles au Sénat, on a bien vu deux avis différents. Cela a permis d’éclaircir les choses. En revanche, l’arrêt des auditions à l’Assemblée nationale n’est pas concevable.

La majorité accuse les oppositions de transformer cette commission d’enquête en tribunal politique. Que répondez-vous, alors même que votre groupe est plutôt bienveillant à l’égard du gouvernement ?

Il faut qu’ils comprennent qu’on est censé faire de la politique. Le Premier ministre lui-même nous a assuré qu’il n’y aurait aucun obstacle à la manifestation de la vérité. Ce n’est pas sérieux. A force de trop vouloir nous cacher des choses, on finit par se poser encore plus de questions.

« L’Elysee souhaite torpiller les travaux de la commission », a dénoncé ce jeudi le co-rapporteur de la commission d’enquête à l’Assemblée, Guillaume Larrivé (LR). Êtes-vous d’accord avec votre collègue de l’Yonne ?

On sent bien la volonté d’arrêter tout ça. Et on ne comprend pas très bien pourquoi.

Le Sénat poursuit lui ses auditions. Il a réussi à convoquer d’autres interlocuteurs, notamment le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, et le délégué général de LREM, Christophe Castaner.

Au Sénat, ce n’est pas En Marche qui tient les choses. Il n’y a pas de démocratie où quand la majorité est mise en cause, on confie la commission d’enquête à cette même majorité. Quand on vote, ce sont eux qui choisissent. C’est bien différent au Sénat.

Qualifieriez-vous cette affaire Benalla d’affaire d’Etat ?

C’est en train de le devenir. Au départ, c’est un fait divers, mais on a une personne qui s’occupait de la sécurité du Président alors qu’il n’en a pas la compétence. On a le sentiment qu’on nous cache quelque chose.

Voterez-vous la motion de censure qui sera déposée vendredi par le groupe Les Républicains ?

Le groupe UDI-Les Constructifs ne la cosignera pas, et ne la votera pas. Nous considérons que ce n’est pas un problème de gouvernement. Le Premier Ministre n’a pas grand-chose à voir là-dedans. On ne voit pas vraiment l’intérêt de cette motion de censure, car à partir du moment où elle sera rejetée, la majorité pourra nous dire: « cette affaire est terminée ».

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