Oui, des problèmes de santé contraignent Jean-François Humbert à ne pas se représenter au Sénat le dimanche 28 septembre. Ainsi, il aura été conseiller général, régional, président du conseil régional et sénateur… Plus de 40 années de vie politique qui méritent bien un petit retour en arrière. Et avec JFH c’est toujours caustique, drôle, désabusé, un brin amer, et avec une touche de réflexion sur les valeurs, la politique et ceux qui en font.
Nous avons joint le sénateur sortant par téléphone. La première question concerne sa santé, que l’on sait fragile ces derniers mois. « Oui, mes problèmes de santé font que je ne me représente pas. C’est la seule et unique raison. Je ne suis plus en état d’assumer ce mandat. Mon honnêteté intellectuelle m’oblige à renoncer. Aujourd’hui, le principal, c’est de me soigner. Je suis optimiste compte tenu des résultats des traitements en cours. Ce n’est pas une décision que j’ai prise de gaîté de cœur. Je tourne complètement la page. Mon échec aux dernières municipales ? Cela ne joue pas du tout. » Et il ajoute, rigolard: « Si je ne retourne pas au Sénat, ce n’est pas pour faire plaisir à Grosperrin (candidat UMP pour ces sénatoriales) ! »
L’électron libre
Ah, Jean-François Humbert et ses relations avec ses « amis » politiques… Des amis de trente ans !
Jean-François Humbert a commencé sa carrière politique au PPDF d’Hervé de Charrette. Le PPDF ? le Plus Petit Parti de France aime-t-il à raconter…
Cet UDF pur sucre n’a jamais réussi à se fondre dans l’UMP. D’ailleurs, il commet encore le lapsus, (mais en est-ce vraiment un ?) quand il parle de ses collègues UMP, il dit « ceux du RPR »… Jamais passé, cet amalgame-là entre les centristes d’alors et la droite gaulliste. Oui, il est un brin désuet, ce judoka ceinture noire, originaire du Haut-Doubs. Il est aussi indéfinissable : il n’a même pas de profession. Son métier, c’est sa passion, la politique…Un paradoxe, peut-être : ne vivre financièrement que de la politique et vouloir quand même en rejeter les règles ?
« Je n’ai rien contre les partis politiques. Mais « électron libre », ça me va comme définition car c’est un état d’esprit. Je conserve mon libre arbitre. Si les responsables disent qu’il faut sauter du pont Battant dans le Doubs, je ne le ferai pas. L’UMP ? c’est le PMU, avec des courses truquées. Je préfère ne pas y participer… »
Sa vision de la politique
Et il ajoute sur sa façon de voir et de faire de la politique : « Moi, j’ai toujours réussi à faire des choses qui m’intéressaient et qui étaient utiles à mes concitoyens ».
Son mandat préféré ? celui de conseiller général. « J’ai été élu au Russey alors que je n’y habitais même pas : j’habitais à Besançon ! Mais j’ai aimé ce mandat parce que c’est celui de la proximité. Le terrain, c’était essentiel pour moi. Celui de sénateur, lui, permettait de faire des choses… » Il en parle déjà au passé. Cette page, il l’a vraiment tournée…
Le geste de 1998
Il ne parlera pas du rôle de conseiller régional, ni même de président du conseil régional, fonction qu’il a assumée de 1998 à 2004. Trop douloureuse, peut-être, sa défaite face au socialiste Raymond Forni. Cet échec a marqué un tournant pour lui. Comme une cassure.
Et pourtant, quel début fracassant comme président du conseil régional, 6 ans plus tôt, en 1998 : il démissionne aussitôt ! Il vient d’être élu à ce poste avec les voix du Front National, FN qu’il n’avait pas sollicité. Certains de ses « amis » politiques lui demandent de fermer les yeux. D’autres, ailleurs, dans les mêmes circonstances, n’ont pas d’état d’âme. Ils deviennent président de conseil régional avec les voix du FN. Lui, non.
Il annonce sa démission dans un hémicycle quasi-vide, seuls les élus FN sont à leur place. Les autres n’ont pas encore regagné leur fauteuil après la suspension de séance.
C’est dans un silence pesant qu’il prend la parole pour annoncer sa démission « au nom de mes valeurs morales et religieuses ».
Ce geste est salué nationalement, par une partie de la droite, et toute la gauche…
« Si on n’a pas de convictions et de valeurs, il ne faut pas faire de politique, il faut faire autre chose. » raconte-t-il aujourd’hui, sérieux…
« Je ne regrette rien »
Mais après cette aura acquise en 1998, bien au-delà des clivages politiques, n’aurait-il pas pu mieux gérer la suite de sa carrière ? en quelque sorte « capitaliser » cette attitude courageuse ? « Non, je ne regrette rien. Rien du tout. D’ailleurs, je suis toujours giscardien, parce que Giscard, lui, c’est un grand monsieur ! Et il a, lui aussi, été maltraité par la même famille politique. Et je ne vous surprendrai pas en vous disant que pour ma succession au Sénat, j’apporte tout mon soutien à Jean-François Longeot (candidat divers droite) ! »
Un soutien qui résonne avec un éclat de rire, comme un dernier pied de nez…
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