29 Oct

Ces députés UMP qui veulent supprimer l’écotaxe qu’ils ont votée en 2008

De violentes manifestations contre l'écotaxe ont eu lieu ces derniers jours en Bretagne

De violentes manifestations contre l’écotaxe ont eu lieu ces derniers jours en Bretagne

Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault ne dira pas le contraire. Sept députés UMP de Franche-Comté ont cosigné la proposition de loi visant à supprimer l’écotaxe poids lourds. Cinq d’entre eux étaient pourtant favorables à sa création en 2008. Cette redevance était en effet une des dispositions du Grenelle de l’environnement, votée par l’ancienne majorité. Pour le Jurassien Jean-Marie Sermier, le texte originel a été « dévoyé » par le PS. « Ce n’est plus qu’une taxe, pas une écotaxe », dénonce-t-il. Marcel Bonnot, élu du Doubs, ne remet pas en cause la « philosophie du texte », mais milite pour un nouveau report, ce à quoi vient justement de se résoudre le gouvernement.

Sous la pression des agriculteurs bretons notamment, Jean-Marc Ayrault a annoncé ce mardi matin la suspension de la mise en œuvre de l’écotaxe. Exactement ce que préconisait hier soir Marcel Bonnot, joint par téléphone. Le député UMP du Doubs estime qu’il y a tout lieu de « surseoir » un texte dont « l’application serait fatale pour certaines corporations ».

« De la folie furieuse » pour Jean-Marie Sermier

Comme Marcel Bonnot, Jacques Pélissard, Marie-Christine Dalloz, Jean-Marie Sermier, Damien Meslot et Annie Genevard et Alain Chrétien ont cosigné la proposition de loi UMP demandant la suppression pure et simple de l’écotaxe. Hormis les deux derniers cités, élus pour la première fois l’an passé, tous les autres ont voté le principe de cette écoredevance en 2008, avec le Grenelle de l’Environnement. Un grand écart assumé, et renforcé désormais par la volte-face gouvernementale.

« Le contexte est différent. On n’était pas en pleine crise, explique Marie-Christine Dalloz, la députée du Jura. Il faut savoir raison garder. »

« Il faut remettre à plat cette taxe et rebâtir une organisation qui permette de développer les transports moins polluants », assume Jean-Marie Sermier, qui avait dénoncé en avril, lors de la discussion du texte à l’Assemblée, « l’usine à gaz » que représentait l’écotaxe. « C’est de la folie furieuse », dit-il aujourd’hui, alors que le gouvernement vient d’annoncer un nouveau report. Il pointe notamment des frais de gestion « exorbitants », ou la « misère » redistribuée aux départements pour entretenir le réseau routier.

« Tenons bon » lançait hier encore Barbara Romagnan

Pour les députés de la majorité en revanche, la pilule risque d’être difficile à avaler. Ces derniers jours, la socialiste Barbara Romagnan et l’écologiste Eric Alauzet ont défendu la mesure sur leur blog respectif. « Tenons bon, ce n’est pas sur cette mesure qu’il s’agit de plier, écrivait hier la députée PS du Doubs sur son blog. Cette mesure est plutôt saine, et contrairement à ce qui certains laissaient entendre, elle ne pénalisera pas l’agriculture française ».

« Le report ou l’annulation de l’écotaxe poids lourds seraient une catastrophe pour les finances publiques », prévenait de son côté Eric Alauzet.

En choisissant de reporter à nouveau l’application de l’écotaxe, Jean-Marc Ayrault montre qu’il écoute la rue et donne, en quelque sorte, raison aux élus UMP. Il prend aussi le risque de se couper définitivement d’une partie de sa majorité.

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