La Voix est libre accueillait trois élus de Franche-Comté samedi matin pour débattre de la moralisation de la vie politique et des suites de l’affaire Cahuzac. « Une goutte d’eau qui a fait déborder le vase » pour la conseillère régionale FN Sophie Montel. Autour de la table, le sénateur PS Jean-Pierre Michel, qui a déjà eu à faire à la commission de transparence et à ses lettres « assez méchantes », et le député UMP Jean-Marie Sermier, qui dénonce l’ « émiettement des mandats ». Ce qu’il faut retenir du débat.
D’abord, la question centrale après l’annonce par François Hollande d’un plan de moralisation de la vie politique: l’affaire Cahuzac permettra-t-elle de faire enfin le ménage et d’identifier les brebis galeuses au sein du troupeau politique? « C’est souhaitable, mais je n’en suis pas certain », estime Jean-Pierre Michel, fort d’une expérience de 30 ans d’élu…
Le sénateur PS de Haute-Saône, élu député depuis 1981, a déjà eu à faire à la commission de la transparence, dont les moyens seront renforcés. Et le courrier qu’il a reçu à l’époque était « assez méchant », confie-t-il.
La publication des patrimoines? du « populisme » pour Jean-Pierre Michel
Jean-Pierre Michel estime que les élus peuvent continuer à communiquer leur patrimoine à cette commission, sans forcément la rendre publique. « Je me refuse de publier mon patrimoine comme l’ont fait certains élus. Je trouve cela absolument ridicule (…) assez lamentable. C’est aller dans le populisme. «
Jean-Marie Sermier rappelle pour sa part que les déclarations demandées aux élus sont déjà très exhaustives, incluant notamment les membres de la famille. Mais dès lors, en arrivera-t-on à comparer le patrimoine d’un élu marié avec celui d’un élu vivant en concubinage? « Va-t-on déclarer le patrimoine de quelqu’un avec qui on prend le café une fois de temps en temps« , s’interroge le député UMP du Jura.
« Sénateur de la Haute-Saône, je ne me vois pas en même temps maire d’Héricourt »
A propos du cumul, nos trois invités sont d’accord: un parlementaire peut être maire d’une petite commune. « Le maire d’une commune de moins de 500 habitants doit pouvoir être député, ou même président de conseil général, ce qui n’est pas possible aujourd’hui », estime ainsi Jean-Pierre Michel.
Le sénateur, qui fut député-maire d’Héricourt en plus de conseiller général, avoue qu’il ne se voit plus cumuler aujourd’hui: « Franchement, sénateur de toute la Haute-Saône, je ne me vois pas être en même temps maire d’Héricourt. Ça me paraît absolument impossible ». Que pense-t-il alors d’Yves Krattinger ou Claude Jeannerot, ses collègues sénateurs socialistes, qui sont à la tête des conseils généraux de Haute-Saône et du Doubs? Réponse convenue: « Ils prendront leurs dispositions pour abandonner l’un des deux mandats le plus rapidement possible. C’est ce qu’ils disent ».
Jean-Marie Sermier: « Une ville a besoin d’un patron »
Jean-Marie Sermier, aujourd’hui député-maire UMP de Cramans, qui compte moins de 500 habitants, rappelle opportunément qu’il est candidat à la mairie de Dole. Et il estime qu’ « une ville a besoin d’un patron. Aujourd’hui on émiette les mandats. Quand vous avez sur une ville un sénateur, un député, un maire, un président d’agglomération, une première adjointe vice-présidente de région, qui décide? Qui va voir le ministre? A un moment donné les électeurs ont le dernier mot ». Une « confiscation de la démocratie » dénonce Sophie Montel, qui redoute que « si l’UMP venait à reprendre les commandes en 2017, ce n’est pas elle qui mettrait en application cette loi sur le non cumul ».
Pour Sophie Montel, « le système est vicié », mais « la morale en politique existe ». Pour la frontiste, qui dénonce « une collusion de fond entre l’UMP et le PS », « les politiques en place se servent avant de servir la Nation ». Tous pourris, l’argument du FN a déjà fait ses preuves. L’affaire Cahuzac ne fait que le renforcer, jetant indéniablement le trouble sur l’ensemble de la classe politique.
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