Dimanche, Marine Le Pen a fait un carton dans le Nord Franche-Comté. La présidente du Front national devance Nicolas Sarkozy dans trois circonscriptions et arrive même en tête du premier tour dans l’Est de la Haute-Saône. Forte de ces scores historiques, la patronne régionale du FN se tourne déjà vers les législatives et envisage plusieurs qualifications au second tour. Nous avons demandé aux candidats de l’UMP s’ils se sentaient menacés et la position qu’ils adopteraient en cas d’élimination au premier tour.
Dès lundi, Sophie Montel, chef de file du Front national en Franche-Comté, donnait la liste des cibles de son parti en juin: la 1re circonscription du Territoire de Belfort, les 3e et 4e circonscriptions du Doubs et la 2e circonscription de Haute-Saône. Les résultats du FN y sont « excellents », juge la conseillère régionale (lire son interview). Et il est difficile de lui donner tort.
Dans la 2e circonscription de Haute-Saône (Luxeuil-Lure-Héricourt), Marine Le Pen a obtenu la première place, avec 27,1% des suffrages, devant François Hollande (26,7%) et Nicolas Sarkozy (22,9%). Dans le Territoire de Belfort, derrière le candidat socialiste, elle fait jeu égal avec le président sortant dans les deux circonscriptions (236 voix de moins que Nicolas Sarkozy à Belfort-Centre, 131 voix de plus à Belfort-Ouest). Et dans le Pays de Montbéliard, elle dépasse à nouveau Nicolas Sarkozy dans la 4e circonscription, celle d’Audincourt (voir les résultats par département et par ville).
« Il peut y avoir des surprises »
Sophie Montel espère que les candidats FN aux législatives passeront donc le premier tour, dans le cadre de triangulaires ou même de duels, notamment dans sa circonscription, la 4e du Doubs justement, où elle imagine bien un second tour Moscovici-Montel. « Une partie de l’électorat UMP peut se reporter massivement sur la candidate du Front national, analyse-t-elle. Il peut y avoir des surprises. » Dans cette circonscription, François Hollande est arrivé en tête dimanche (28,5%), mais Marine Le Pen (26,6%) a quatre points et demi d’avance sur Nicolas Sarkozy (22,1%).
Au micro d’Europe 1 lundi soir, le député sortant Pierre Moscovici expliquait les bons scores du FN par un « rejet » de Nicolas Sarkozy. « Dans ma circonscription, Nicolas Sarkozy était fortement majoritaire en 2007. Et là, il a fait 22% dimanche, constate le directeur de campagne de François Hollande. Ces électeurs-là, ce sont ceux qui ont cru au « travailler plus pour gagner plus », qui ont cru à ce président qui disait « j’irai dans les usines », qui ont cru qu’ils étaient la France qui se lève tôt et que Nicolas Sarkozy ferait attention à eux. On leur a menti. On les a déçus, on les a trahis. »
« Deux élections différentes »
A droite, si la progression du Front national est jugée « préoccupante » (Michel Zumkeller, député radical de Belfort-Ouest), elle n’empêche pas de dormir les futurs candidats. « Ça ne me fait pas peur », assure Michel Raison, le député-maire UMP de Luxeuil-les-Bains. « La présidentielle et les législatives sont deux élections différentes », renchérit son collègue de Belfort-centre Damien Meslot.
Bien sûr, les candidats – souvent inconnus – du Front national aux législatives réunissent habituellement moins de suffrages que leur chef de file à la présidentielle. Pas sûr donc qu’ils franchissent les 12,5% des inscrits, qualificatifs pour le second tour, surtout dans le cas probable où la participation est plus faible qu’à la présidentielle (Marine Le Pen dépasse néanmoins cette barre dans quasiment toutes les circonscriptions franc-comtoises). Mais s’ils parvenaient à devancer le candidat UMP au premier tour? « J’y vais pour gagner, je n’imagine même pas ne pas être au second tour », lance Michel Raison.
Des candidats divisés en cas de duels PS/FN
Le maire de Fesches-le-Chatel, Charles Demouge, est lui plus mesuré. Seul candidat estampillé UMP à ne pas être député sortant dans le Nord Franche-Comté, il affrontera Pierre Moscovici (PS), Sophie Montel (FN), et devra composer avec le radical de droite Didier Klein. La tâche semble ardue. Mais il prévient: « En cas de duel entre Moscovici et le FN au second tour, je n’appellerai pas à voter pour l’un ou pour l’autre. Je laisserai libre choix aux électeurs ».
En cas de seconds tours PS/FN, Damien Meslot ne veut pas pas dire ce qu’il fera. A peine posée, la question est évacuée: « Vous me la reposerez si le cas se présente ». Quant à Michel Zumkeller, sa position est claire: à choisir entre un socialiste ou un frontiste, il préfère le socialiste. « Soit on fait de la politique pour une place, soit on fait de la politique pour des valeurs, tacle le radical. C’est trop grave pour qu’on s’amuse. Je préfère cinquante socialistes de plus à l’Assemblée, je sais au moins que j’aurai toujours des élections pour les combattre. »
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