04 Juin

L’occitan : une langue parlée par 110.000 personnes ?

©jacme31

C’est une éternelle question qui taraude depuis bien longtemps un certain nombre de curieux, soucieux de connaitre la réalité d’une pratique linguistique : mais en fait, combien de personnes parlent occitan ? A cette question, plusieurs personnes, institutions et organismes ont bien tenté de répondre. En 1999, l’INSEE et l’INED avançaient le chiffre de 526.000 locuteurs en France. En 2009 une enquête menée à la demande du Conseil régional d’Aquitaine arrivait au chiffre d’un million d’occitanophones, pour cette seule région. Détracteurs et défenseurs de l’occitan ne s’entendront probablement jamais autour de ces chiffres, tout autant que la méthode employée mais peut-être ne contesteront-ils pas le travail mené par une équipe de chercheurs, publié par la Société de Linguistique Romane. Le travail mené par Fabrice Bernissan et son équipe au sein de l’Institut d’Etudes Occitanes des Hautes-Pyrénées « Nosauts de Bigòrra » est sans appel concernant l’état de la langue. Cette association occitane estime que pour l’année 2012, les locuteurs de l’occitan seraient environ 110.000. Si l’on ramène ce chiffre au nombre d’habitants qui peuplent l’aire linguistique occitane, cela représente 0.73%.

Pour en arriver là, l’équipe s’est tout d’abord appuyée sur une minutieuse enquête de terrain menée dans le département des Hautes-Pyrénées depuis 2001 dont le but était de rencontrer et d’enregistrer la totalité des locuteurs vivant sur ce territoire. Selon cette enquête, en janvier 2012, 3785 personnes réparties sur les 474 communes du département ont été identifiées comme locuteurs natifs et 300 comme néo-locuteurs, soit 1,80% de la population des Hautes-Pyrénées. En projetant ces taux à l’ensemble de la population vivant en Occitanie, « nous obtiendrions un total maximum de 267.872 locuteurs de l’occitan » précise l’auteur dans son article scientifique. Or la composition démographique et sociale de la zone occitane a poussé les chercheurs à pondérer ce chiffre car la pratique de la langue n’est pas du tout la même entre villes et campagnes, entre départements ruraux ou plus urbains. « En fin de compte, nous estimons que les locuteurs de l’occitan sont très probablement au nombre d’environ 110.000. L’ensemble des non-locuteurs plus ou moins imprégnés atteint 1 200 000 personnes ».

Ces chiffres interrogent car ils sont bien en deçà de ceux qui sont régulièrement avancés par les différents acteurs occitanistes lorsqu’il s’agit de parler du nombre de locuteurs. Or, pour une fois, ce sont des militants occitans qui ont mené cette enquête.

Clément Alet

16 Mai

Un asile et un jour symboliques

Faute de ratification de la charte européenne des langues minoritaires, faute de statut légal de ces langues, leurs défenseurs se sont retrouvés mercredi 14 mai à Paris devant l’UNESCO.

A l’initiative du collectif du 31 mars (date de manifestations survenues partout en France en 2012), occitans, basques, bretons, catalans, basques et créoles ont demandé l’asile culturel. Une requête symbolique pour que l’institution internationale fasse pression sur le gouvernement français afin qu’il défende un patrimoine linguistique menacé.
Ces militants associatifs -mais aussi des politiques- ont été reçus par un représentant de l’UNESCO qui a promis que sa Direction Générale enverrait un message au Président de la République. « Nous avons saisi les Nations Unies pour ce problème culturel que posent les langues de France aujourd’hui » affirme Jean-François Laffont, président de Convergencia Occitana de Toulouse qui a coordonné cette opération.
Une centaine de militants, de toutes les langues de France, réunis pour la première fois dans un même lieu, pour une même cause : « Nous sommes déterminés et pas encore désespérés… Ce n’est pas un aboutissement mais un jour de départ vers une reconnaissance » poursuit l’avocat toulousain.
Alors que François Hollande a enterré sa 56ème proposition (ratifier la charte européenne), alors que la place des langues régionale dans la loi d’orientation pour la refondation de l’école est toujours en discussion, les défenseurs ont tiré la sonnette d’alarme. Dans le même temps, et ce n’est sans doute pas un hasard, le député Jean-Jacques Urvoas annonçait sur France 3, que les députés socialistes bretons déposeraient une proposition de loi constitutionnelle sur les langues, si le gouvernement -comme c’est probable- ne le faisait pas avant la fin juin.

Benoit Roux

 

03 Mai

Langues régionales : les nouveaux fronts de la bataille

Hémicycle de l'Assemblée Nationale

© MaxPPP

La bataille continue pour les défenseurs des langues régionales en France et le front semble même s’élargir. Sur le plan politique, des députés ne cessent d’intervenir depuis quelques semaines maintenant pour faire infléchir le gouvernement et en plus haut lieu, le chef de l’Etat, sur la question de la ratification de la charte Européenne des langues régionales. S’abritant derrière l’avis Conseil d’Etat, le Président de la République a renoncé, ce qui n’est pas le cas de certains parlementaires. Une première fronde « girondine » vise directement l’exécutif. Dans un courrier daté du 30 avril dernier, huit parlementaires socialistes de Gironde parmi lesquels on retrouve Vincent Feltesse mais également Noël Mamère ou encore Martine Faure, ont demandé à Jean-Marc Ayrault de revoir la copie afin de « permettre la tenue de l’engagement présidentiel », la fameuse promesse 56. Les girondins ne demandent pas moins qu’une loi de ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.

Mais au-delà du front girondin, ce sont d’autres députés, réunis au sein du groupe d’étude sur les langues régionales à l’Assemblée qui ont interpellé le Premier Ministre dans un courrier commun le 26 avril dernier. En signant ce courrier, les députés Paul Molac, Jean-Jacques Urvoas, Marc le Fur, Martine Faure, Jean-Pierre Decool, Thierry Benoit et Paul Giacobbi,  représentant chaque groupe de l’Assemblée Nationale (sauf GDR Gauche Démocrate Républicaine) affirment qu’il existe une voie, une faille, dans laquelle le gouvernement pourrait s’engouffrer pour ratifier, malgré l’avis négatif du Conseil d’Etat : « Le groupe d’études [des langues régionales] estime que cet avis est contestable en droit et en fait et souhaite vivement que le Gouvernement n’empêche pas le pouvoir constituant de réviser la Constitution. Un pouvoir constitué ne saurait se substituer au législateur en lui imposant des normes supra constitutionnelles qu’il ne pourrait modifier ».

Si l’action politique bat son plein entre l’Assemblée, Matignon et l’Elysée, sur le terrain, le mouvement associatif semble également se remobiliser. C’est à Paris, le 15 mai prochain que les défenseurs des langues régionales ont rendez-vous à l’appel du collectif du 31 mars 2012. Sur le parvis de l’UNESCO, ils vont solennellement demander à cette institution l’asile culturel,  et la « mise sous protection » des langues de France.
Clément Alet

22 Avr

L’Occitan Pride

Samedi, les Occitans rouergats ont fait leur « coming out ». Avec l’Occitan Pride, plus de 2000 personnes ont investi les rues de Rodez pour clamer haut et fort leur fierté d’être occitans.

 

Dans le cortège, de nombreuses personnes peu habituées à ce type de manifestations : des associations locales, venues défendre le folklore de leur pays, mais également des corps de métier, comme les vignerons de Marcillac : « Je ne suis pas un militant occitaniste, mais je suis né ici, en Aveyron, rappelait Jean-Luc Matha. Cette journée permet aux gens de se retrouver, de se rencontrer, c’est quelque chose de beau pour nous parce que nous pouvons parler occitan comme nous le faisons chez nous. Je suis vigneron à Marcillac et les vignerons de Marcillac parlent occitan ». En tête du cortège, les moutons aveyronnais ouvraient la voie. « L’Aveyron est le premier département de France pour les moutons. C’est le moment de le faire voir, précisait André, éleveur. Nous sommes aveyronnais, occitans, il faut parler la langue pour ne pas qu’elle se perde et pour ne pas que l’on se perde. »

 

Une manifestation atypique donc, différentes des cridas occitanes précédentes. Mais si les revendications politiques étaient peu présentes, quelques militants avaient néanmoins fait le déplacement : « Oui, nous sommes fiers d’être occitans, il faut le dire et le redire. Mais il ne faut pas oublier que nous avons un Président élu qui a promis de signer la Charte européenne des langues régionales et minoritaires. Il faut que la majorité tienne ses promesses », rappelait Gèli Grande, membre du Parti nationaliste occitan.

Mais pour les organisateurs, la manifestation avait pour revendication principale l’affirmation de l’identité occitane de chacun, le but étant justement de faire un rassemblement différent des autres : « Nous voulions avant tout problématiser et faire comprendre que la société dans son entier doit s’emparer du sujet, surtout ce monde occitan qui vit sa langue naturellement sans se poser de questions, explique Jean-Pierre Gaffier de l’Adoc 12. Et nous avons réussi car des gens qui n’avaient pas conscience de leur occitanité, qui parlaient toujours de « patois », se sont déplacés et ont utilisé les mots « occitan » et « fierté ». On ne pouvait pas rêver mieux. »

Une nouvelle édition de l’Occitan Pride devrait avoir de lieu l’an prochain, toujours en Aveyron mais ailleurs qu’à Rodez, « pour toucher et faire se bouléguer d’autres endroits du Rouergue ».

18 Avr

Quand les responchons repointent

Comme chaque année à la même période, ils attirent des centaines de gourmands dans les haies : les bartas comme on dit en Occitan. Vous vous demandez surement de qui l’on parle ?

Des responchons, plan solide… (prononcé respounchous). La plante occitane mythique qui annonce le printemps est enfin de retour un peu partout dans nos contrées et il est donc très fréquent en ce moment même de trouver des marcheurs, cueilleurs éparpillés en pleine campagne, munis d’un panier, prêt à ramasser ces fameux responchons. Si vous n’en avez jamais vu, c’est que vous n’avez donc jamais gouté à cette délicieuse amertume qui caractérise la plante.  Les Aveyronnais, les Tarnais, et autres habitants du Nord de la région Midi-Pyrénées en sont complètement friands. Il n’y a d’ailleurs guère qu’eux qui les ramassent. Alors si l’envie vous prend, n’hésitez pas à aller faire un tour dans les haies, les sous-bois, les fossés mais attention, ne confondez pas avec l’asperge sauvage car le responchons n’est pas de cette famille-là. Il s’agit du tamier commun. Une fine tige verte dont la pointe graine, qui pousse en s’entortillant autour de tout ce qu’elle peut, et qui apparaît en groupe. Il vous en faudra une bonne poignée pour les déguster.

Si les habitants des campagnes consomment du responchons depuis des siècles, c’est parce qu’il apparaît exactement au moment de ce que l’on appelle la « soudure ». Lorsque les réserves de l’hiver sont terminées et que le jardin n’est pas encore prêt à produire, il ne reste plus qu’à se tourner vers la nature pour y cueillir ce qu’elle voudra bien offrir. Les responchons deviennent ainsi une évidence pour les Occitans, les Catalans, mais également bien d’autres populations car la présence de ce tamier commun est attestée tout autour du bassin méditerranéen. Pour la recette, c’est une autre histoire. Chacun a surement ses petits secrets. Crus, cuits, en salade accompagné d’œufs mollets, de lardons, de pomme-de-terre ou encore en omelette, le meilleur conseil à vous donner est d’aller demander directement à ceux qui les ramassent… mais dépêchez-vous car les responchons ne pointent leur tête que pour trois semaines au maximum.

Clamenç Alet

© Clamenç Alet

11 Avr

L’alternative à la Charte

Cette fois-ci, on n’en parle plus. Fermez le ban… ou presque. Alors qu’une fausse information sortie mercredi dernier annonçait l’arrivée dès le mois prochain d’un nouveau texte défendu par Christiane Taubira sur les langues régionales à l’Assemblée Nationale, une vraie information a, en revanche, marqué la fin de semaine dernière. C’est à l’Elysée que le député breton Paul Molac, accompagné des eurodéputés François Alfonsi et Jean-Jacob Bicep ont été reçus vendredi par deux conseillers de François Hollande. Une petite entrevue à Paris pour parler du pays. « Les parlementaires ont exprimé leur extrême déception suite à la décision du Président de la République de retirer la ratification de la Charte Européenne des Langues Régionales et Minoritaires de la modification constitutionnelle qui sera proposée au Congrès dans les mois à venir » précise Paul Molac dans un communiqué. Rien de nouveau jusque-là, hormis le fait que c’est au sein même du Palais que la « Protesta » a pu résonner. Reste à savoir si l’écho de la révolte a pu atteindre les oreilles du Président. Rien n’est moins sûr, d’autant que la période politique qu’il traverse semble plutôt consacrée à l’extinction d’autres feux bien plus fournis. « C’était un peu agité dans couloirs de l’Elysée, mais je crois que l’entretien a été pris au sérieux » confie François Alfonsi. Le Président de la République aurait tendance à agacer ces députés, élus, ainsi qu’un bon nombre de défenseurs des langues régionales. La 56ème promesse du candidat Hollande ne sera pas tenue et c’est « une trahison » pour François Alfonsi. Puisque la voie de la ratification de la Charte ne semble pas s’engager, les élus ont donc proposé un autre chemin. « L’autre piste que nous avons soumis à David Kessler qui nous a reçu, c’est d’arriver à une réforme constitutionnelle qui puisse doter les collectivités, en particulier les Régions, d’une liberté d’action totale en faveur des langues régionales en usage sur leur territoire » explique l’eurodéputé François Alfonsi. « Cette réforme de la Constitution, qui ouvrirait ensuite le champs à une loi, pourrait permettre, par exemple, de décider en Corse si le corse peut devenir langue officielle. Cela permettrait de prendre des dispositions pour adapter l’enseignement de la langue en fonction des demandes ». Reste maintenant à savoir si l’alternative sera ou non retenue. « On a nous promis une réponse d’ici un mois. On ne lâche rien de toute façon ». Le temps presse, la révision constitutionnelle est annoncée pour l’été et il n’y en aura vraisemblablement qu’une d’ici la fin du quinquennat.

Clamenç Alet

09 Avr

Occitan Pride, J-10

A défaut de Gay Pride, c’est bien une Occitan Pride qui est censée déferler dans les rues de Rodez le 20 avril prochain. A l’initiative de la Coordination Occitane, née juste après les Assises de la Culture occitane dans l’Aveyron en 2009, le « Grand passacarrièra » entend bien réveiller la part d’occitanité qui sommeille en chaque rouergat. En 1971, l’écrivain Henri Mouly avait lancé un appel « al pòble de Roèrgue », mais il avait été peu entendu. Quarante-deux ans plus tard, les organisateurs lancent à nouveau cet appel et espèrent réchauffer pour de bon la cité.

Sans revendication précise, la marche des fiertés occitanes  est uniquement l’occasion de s’afficher « Occitan », chacun à sa façon : du simple locuteur, conscient de parler peut-être plus qu’un vulgaire patois, aux militants occitanistes, en passant par tout ceux qui ont choisis de venir cueillir et s’approprier un bout cette culture rouergate. A 10 jours de l’événement, on annonce la participation aussi diverse que variée des vignerons de Marcillac, à la confrérie du fromage de Laguiole, des groupes folkloriques des quatre coins du département au Mac d’Oc d’Arvieu, des enfants des écoles bilingues ou des calandretas au camion électrique de l’entreprise Braley. Tout cela bien entendu sans parler des dizaines de groupes de musiques, chanteurs, artistes, performeurs ou encore joueurs (de quilles évidemment). Il y en aura donc pour tous les goûts et à peu prêt toutes les couleurs. Dans ce fourre-tout occitan, pas de condition particulière pour les élus ou les politiques qui prendront la parole, s’ils le souhaitent, dans un recoin de la place du Bourg, point d’orgue du « Grand Passacarrièra ».

« Plus un pays porte collectivement sa culture, plus il est en cohésion sociale, plus il est en dynamique, plus il est attractif, plus il crée, plus il invente, plus il accueille ! », affirment collectivement les membres de la Coordination Occitane qui appelle au rassemblement. Nul doute que les Occitans répondront présents et peut-être même au-delà de ce qui était prévu. Depuis que les organisateurs ont lancé leur appel pour le 20 avril, le contexte politique concernant les langues régionales en France s’est tout récemment dégradé. Le président Hollande a renoncé le mois dernier à sa 56ème promesse de campagne qui devait voir ratifier la Charte Européenne des Langues et Cultures Minoritaires et le projet de loi de refondation de l’Ecole de Vincent Peillon a failli totalement oublier les langues régionales. Pour l’heure, les organisateurs n’ont pas modifié leur appel ni reprécisé leurs revendications mais il se pourrait bien que les Occitans aient une raison de plus de défiler pour ce « Grand Passacarrièra ».

Clamenç Alet

05 Avr

Taubira ne défendra pas de nouveau texte

Nouvel épisode dans la série : « la ratification de la Charte Européenne aura-t-elle lieue ? ». Cette semaine, une agence de presse basque a délivré une information selon laquelle la ministre de la Justice Christiane Taubira défendrait le mois prochain à l’Assemblée Nationale un nouveau texte qui s’intitulerait : « la République peut ratifier la charte des langues régionales ». L’information, reprise également par une partie de la presse occitane, s’appuie essentiellement sur un communiqué de la députée PS des Pyrénées-Atlantiques Colette Capdevielle du 3 avril. Elle estime que l’avis négatif du Conseil d’Etat, empêchant cette fameuse ratification est « juridiquement contestable » et annonce donc que la Ministre de la Justice présentera un nouveau texte « devant les assemblées parlementaires en mai, appelant un vote des 3/5è par le Congrès en juillet ou en septembre prochains ». Une annonce qui a donc fait renaître un peu d’espoir du coté des défenseurs des langues régionales, largement échaudés pour ne par dire déçus, par le renoncement gouvernemental à s’engager dans la voie de la révision constitutionnelle, préalable à la ratification de la Charte. Mais ce peu d’espoir risque bien de se transformer en grand désespoir. Jean-Jacques Urvoas, président de la commission des lois à l’Assemblée Nationale, député très investi dans ce dossier des langues régionales est formel : « La Garde des Sceaux n’a – hélas – aucunement le projet de porter un tel texte ». L’annonce de sa collègue Colette Capdevielle semble être une mauvaise interprétation de propos que Jean-Jacques Urvoas a tenu dans ce dossier, définitivement complexe.

Clamenç Alet

21 Mar

La douche froide

Si le mois de mars est annoncé par tous les observateurs comme le mois plus difficile à vivre pour le gouvernement et le Président de la République, il en est tout autant concernant le monde occitan et plus largement les défenseurs des langues régionales en France. A qui la faute?  A ce gouvernement et son Président François Hollande qui semble avoir tout bonnement oublié sa 56ème promesse de campagne : celle où il annonçait qu’il « ferait ratifier la Charte européenne des Langues Régionales et Minoritaires ». Une position claire, forte, qui avait d’un coup d’un seul, permis de récupérer les voix des électeurs pro langues régionales. La campagne électorale avait été claire, pour une fois, entre les candidats sur la question. Nicolas Sarkozy s’était largement démarqué de son adversaire en affirmant que « quand on aime la France, on ne propose pas de ratifier la charte des langues régionales et minoritaires ».

Mais l’espoir suscité par Hollande auprès des Occitans tout autant que des Bretons vient de voler en éclat. Le 13 mars dernier, le Conseil des Ministres s’est notamment réuni pour discuter de la prochaine réforme constitutionnelle. Au menu des festivités, un certains nombre de dossiers dont celui de la fameuse Charte qui n’arrivera au final, jamais sur la table du Conseil. L’executif a renoncé à s’engager dans une modification de la Constitution, préalable à la ratification. Una brava recuolada comme on dit en oc, un large pas en arrière qui permet au gouvernement d’aller se cacher derrière d’avis négatif du Conseil d’Etat pour augmenter son choix. Ce retour à la case départ intervient au moment même où un « comité consultatif national sur les langues régionales et la pluralité linguistique interne » a été crée par la Ministre de la culture, Aurélie Filippetti et dont le rôle est de préparer la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Ce comité réuni 10 membres, dont le conseiller régional occitan David Grosclaude et s’est tenu pour la première fois le… 6 mars dernier, soit 7 jours avant sa mort programmée. Ce mois de mars est décidément long et compliqué.

Clément Alet

19 Nov

L’Europe, la France et les langues régionales

C’est en quelque sorte… l’arlésienne pour les défenseurs des langues et cultures régionales.

Voici donc que la fameuse « Charte Européenne des langues régionales ou minoritaires » apparue dès 1992 refait surface en France.

A la question posée par le sénateur socialiste Courteau auprès de la ministre de la Culture concernant sa position et ses intentions sur cette charte, la réponse parue le 15 novembre dernier au JO du Sénat est claire : « La France mettra en œuvre le processus de ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, conformément à l’engagement du président de la République. Ce travail sera fait de manière transversale et coopérative, et visera, en liaison étroite avec les parlementaires et l’ensemble des élus, à assurer un plein développement aux langues de France. »

Si l’on en croit cette affirmation, la Charte, signée le 7 mai 1999, serait donc sur le chemin de la ratification, ce qui rendrait enfin applicable tout ou partie de ses 98 dispositions. Si l’intention est bien là, on peut toutefois se poser la question de sa réelle mise en œuvre.

En 1999, c’est le Conseil Constitutionnel qui avait empêché la France de ratifier ce texte Européen parce qu’il l’estimait contraire à l’Article 2 de la Constitution qui stipule que « Le français est la langue de la République ». Depuis, les langues régionales ont fait leur entrée cette fameuse constitution, avec le nouvel article 75-1  voté en 2008, qui précise bien qu’elles appartiennent au « patrimoine de la France ». C’est cette même année que le Conseil économique et social des Nations Unies a « suggéré » et « recommandé » à la France d’« envisager » la ratification de la Charte.

Tout cela suffira-t-il pour lever les derniers obstacles ? Le congrès est-il enfin prêt et disposé à s’engager dans une telle ratification ? De nouvelles questions qui pourront peut-être alimenter les conversations des Eurodéputés membres de l’intergroupe sur les langues régionales. Pour la première fois, ce jeudi, l’occitan sera au centre de la session des parlementaires à Strasbourg.

Clément Alet

l’ensemble de la question et de la réponse parue au JO du 15 novembre 2012 :

http://minu.me/7i2x

Euròpa, França e las lengas regionalas

N’es una mena d’arlatenca pels aparaires de las lengas e culturas regionalas. Aquí doncas que tòrna venir en França la famosa « Carta Europenca de las lengas regionalas o minoritarias », nascuda en 1992.

A la question pausada pel senator socialista Courteau al prèp de la Ministra de la Cultura per connéisser sa pausicion e sas intencions sus aquèla Carta, la responsa pareguda lo 15 de novembre al JO del Senat es clara : « La França se va atalar al processús de ratificacion de la Carta europenca de las lengas regionalas o minoritarias, conformament a l’engatjament del president de la Republica. Aquel trabalh se farà d’un biais transversal e cooperatiu e visarà, en ligason estrecha ambe los parlamentaris e l’ensemble dels elegits, a assegurar un desvelopament plen a las lengas de França ».

Se l’òm crèi a n’aquèla afirmacion, la Carta, signada lo 7 de mai de 1999 seriá doncas sul camin de la ratificacion, aital rendriá applicable tot o tròçes de sas 98 dispausicions. Se l’intencion es plan aquí, l’òm pòt çaquelà se pausar la question de la vertadièra mèsa en òbra. En 1999, n’es lo Conselh Constitucional qu’aviá empachat la França de ratificar aquel tèxt europenc perçòque pensava qu’anava a la revèrs de l’Article 2 de la Constitucion que dís que « lo françés es la lenga de la Republica ». Desempuèi aquèl temps, las lengas regionalas dintrèron dins la famosa Constitucion, ambe lo novèl Article 75-1 votat en 2008, e que precisa plan que fan partida del « patrimòni de la França ». N’es justament a n’aquèla annada 2008 que lo Conselh economíc e social de las Nacions Unidas « prepausèt » e « recomandèt » a la França de « considerar » la ratificacion de la Carta.

N’i aurà pron ambe tot aquò per far tombar las darrièras cledas ? Lo Congrès françés seriá de biais per s’encaminar dins una tala ratificacion ? De questions novèlas que faran conversa dels Eurodeputats, membre de l’intergrope sus las lengas regionalas. Pel primièr còp, aqueste dijous 22 de novembre, l’occitan serà al mièg de la cession dels parlamentaris a Estrasborg.

Clamenç Alet