Samedi, les Occitans rouergats ont fait leur « coming out ». Avec l’Occitan Pride, plus de 2000 personnes ont investi les rues de Rodez pour clamer haut et fort leur fierté d’être occitans.
Dans le cortège, de nombreuses personnes peu habituées à ce type de manifestations : des associations locales, venues défendre le folklore de leur pays, mais également des corps de métier, comme les vignerons de Marcillac : « Je ne suis pas un militant occitaniste, mais je suis né ici, en Aveyron, rappelait Jean-Luc Matha. Cette journée permet aux gens de se retrouver, de se rencontrer, c’est quelque chose de beau pour nous parce que nous pouvons parler occitan comme nous le faisons chez nous. Je suis vigneron à Marcillac et les vignerons de Marcillac parlent occitan ». En tête du cortège, les moutons aveyronnais ouvraient la voie. « L’Aveyron est le premier département de France pour les moutons. C’est le moment de le faire voir, précisait André, éleveur. Nous sommes aveyronnais, occitans, il faut parler la langue pour ne pas qu’elle se perde et pour ne pas que l’on se perde. »
Une manifestation atypique donc, différentes des cridas occitanes précédentes. Mais si les revendications politiques étaient peu présentes, quelques militants avaient néanmoins fait le déplacement : « Oui, nous sommes fiers d’être occitans, il faut le dire et le redire. Mais il ne faut pas oublier que nous avons un Président élu qui a promis de signer la Charte européenne des langues régionales et minoritaires. Il faut que la majorité tienne ses promesses », rappelait Gèli Grande, membre du Parti nationaliste occitan.
Mais pour les organisateurs, la manifestation avait pour revendication principale l’affirmation de l’identité occitane de chacun, le but étant justement de faire un rassemblement différent des autres : « Nous voulions avant tout problématiser et faire comprendre que la société dans son entier doit s’emparer du sujet, surtout ce monde occitan qui vit sa langue naturellement sans se poser de questions, explique Jean-Pierre Gaffier de l’Adoc 12. Et nous avons réussi car des gens qui n’avaient pas conscience de leur occitanité, qui parlaient toujours de « patois », se sont déplacés et ont utilisé les mots « occitan » et « fierté ». On ne pouvait pas rêver mieux. »
Une nouvelle édition de l’Occitan Pride devrait avoir de lieu l’an prochain, toujours en Aveyron mais ailleurs qu’à Rodez, « pour toucher et faire se bouléguer d’autres endroits du Rouergue ».