Elle ne figure pas encore sur le logo, mais depuis lundi dernier, l’occitan est la quatrième langue officielle de l’eurorégion Pyrénées-Méditerranée (EPM) avec le catalan, le français et le castillan. Un travail tenace et récurent que l’on doit au vice-président Vert de la région Midi-Pyrénées : Gérard Onesta. Avant de partir en Catalogne comme observateur officiel du référendum catalan, nous avons recueilli ses impressions.
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« Un projet culturel uniquement occitan sera désormais éligible à l’EPM. Ce n’était pas le cas avant. » Voilà le grand changement selon Gérard Onesta. C’est à l’occasion d’une modification des statuts du GECT (Groupement Européen de Coopération Territoriale) qu’il a enfin concrétisé cette requête de plus de 4 ans. Il aura fallu le vote à l’unanimité des 4 présidents de régions : Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon, Catalogne et les Iles Baléares. Une reconnaissance symbolique alors que l’on vient de fêter les 10 ans d’existence.
C’est en 2004 que l’idée d’une Eurorégion Pyrénées-Méditerranée est née, sans véritable statut. Mais l’Aragon, la Catalogne, les Iles Baléares, le Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées décident de formaliser des échanges et des projets au sein d’une entité commune. Ce n’est qu’en 2009, qu’elle s’est dotée d’un nouvel instrument juridique : le GECT. L’Aragon à alors quitté cette structure suite à des différents avec la Catalogne.
« Aujourd’hui, même si le Budget de l’EPM est très modeste (environ 2M d’euros), nous avons des bureaux à Toulouse (15 rue Rivals), et l’équivalent de 7 personnes qui travaillent pour cette structure. Son rôle se limite à mettre les acteurs et les actions en connexion pour ensuite aller frapper à Bruxelles. Nous ne sommes pas là pour financer directement. » Gérard Onesta prend volontiers l’exemple de l’IC4, (comprenez « l’intercompréhension des 4 langues ») qui n’a pas attendu cette officialisation pour exister. Depuis l’an dernier, les étudiants et chercheurs de ces 4 régions peuvent ainsi suivre un module de 30 H pour faciliter leur mobilité sur un plan linguistique dans l’eurorégion. La formation consiste en un apprentissage à la compréhension écrite intensive et simultanée de ces langues. Et apparemment ça marche et le travail finit par payer : « Nous avons reçu le 18 février 2014 le prix du GECT le plus évolué d’Europe ! » par l’Union Européenne. »
La langue occitane fait donc son entrée au sein d’une des 91 eurorégions qui existent. Et pour l’instant, ce n’est que symbolique. « Il ne faut pas confondre langue officielle (ce qui est le cas de l’occitan) et langue de travail. Pour l’heure il n’y en a que 2 : le catalan et le français. » Un joli pied de nez au castillan et un espoir, un jour peut-être pour l’occitan. A noter que l’occitan est présent sur le site d’une autre eurorégion : celle d’Aquitaine-Euskadi mais pas sur l’EPM.
En attendant, Gérard Onesta sera l’un des observateurs internationaux du vote catalan de dimanche. Avec un double questionnement : Voulez-vous que la Catalogne soit un état ? Si, OUI, voulez-vous que cet état soit indépendant ? Et une formulation dans trois langues : d’abord le catalan, puis l’occitan et en dernier lieu le castillan.
Benoît Roux