Une voix grave très belle, des guitares qui montrent les voies, Lindçay Love sort un premier EP en solo après une aventure en groupe. Elle n’est pas encore très connue mais son univers dark envoûtant et des ballades folk-blues très bien écrites devraient lui permettre de trouver son public.
Du noir aux bleus très profonds, la pochette de son premier EP « Chasing Light » fait penser aux sombres couleurs de David Lynch ou Jim Jarmusch pour les lumières. Côté son : du rock blues, folk un peu Chris Isaak et Alain Bashung (« Bleu Pétrole »).
Imaginary Romance : sensualité, pulsions et émotion
Dès les premières images du clip, sensualité et mystère sont au rendez-vous. Cette vidéo à l’atmosphère sensuelle et onirique a été tournée à Tepoztlán, dans les montagnes magiques du Mexique. Elle captive direct.
Des trémolos égrainés à la guitare électrique, une rythmique à la guitare acoustique, on ne sait pas trop à quoi s’attendre. « Imaginary Romance », la voix arrive, ajoutant du mystère, de la noirceur et de la beauté dans les graves. Une voix basse explorée sous toutes les coutures, une profondeur des tessitures assez rare en France. Et dans ce côté sombre caverneux, les lumières s’infiltrent. On sent que Lindçay aime jouer avec, suggérer, faire naître l’émotion, l’obsession parfois. Tout ceci fait penser à plusieurs morceaux du dernier album de Bashung.
Le clip réalisé au Mexique par Léa Soler joue sur ces atmosphères mystérieuses et envoûtantes. Dans une interview à Phenixwebzine, elle explique son attachement à ce pays. « J’y suis allée pour la première fois en 2009, j’en suis tombée profondément amoureuse, j’y suis donc retournée presque chaque année. C’est un pays très fort, mystique, puissant. Plein de contrastes, et d’une grande beauté́. J’y ai plusieurs de mes meilleurs amis, dont Léa qui a réalisé́ plusieurs de mes clips. Le Mexique est dans mon cœur, je rêve souvent que je suis là- bas ».
Lindçay Love – Imaginary Romance
L’Occitanie, les voyages, Aretha Franklin, Lana del Rey et November Ultra
Lindçay est née à Nîmes d’une mère française et d’un père pakistanais. Elle voyage beaucoup et ses oreilles aussi : Maria Carey, Céline Dion, Juliette Armanet mais encore Agnès Obel, Aretha Franklin, Leonard Cohen ou sa dernière trouvaille : November Ultra. Un morceau ouaté à écouter en boucle pour adoucir les journées rugueuses.
November Ultra – Soft & Tender
D’où la richesse de ses univers musicaux dark folk rock blues nourries au road-trip. Elle apprend l’anglais toute seule dès 8 ans en traduisant des chansons. Aujourd’hui sa couleur musicale va de pair avec la langue anglaise qu’elle maîtrise vocalement.
A Toulouse, elle suit pendant trois ans des études d’anthropologie. Elle découvre aussi la photographie, la poésie, une curiosité au naturel nourrie par les voyages. Assez timide, elle finit par se faire confiance et se lance pour vivre sa passion. Elle reste 7 ans au sein d’un groupe blues-rock des années 50 : Jerry Khan Bangers. Chanteuse autodidacte, elle prend des cours de chant Jazz et Tzigane à Music’Halles (Toulouse). Après avoir sillonné différentes scènes -dont une apparition au Montreux Jazz Festival en 2016- elle quitte son groupe en 2019 pour son projet solo. Mais elle garde certains musiciens pour son premier EP.
Chasing Light
Son premier EP « Chasing Lignt » (une référence à la photographie) regroupe 4 morceaux. Telle une photo argentique, elle développe son univers dans le noir, crée des fissures où se glissent la lumière. Une réalisation impeccable signée une fois de plus par le toulousain Serge Faubert. 4 titres à la fois de la même veine, mais avec un sang intérieur différent. Il y a déjà beaucoup d’assurance dans la voix, des certitudes aussi sur une vraie personnalité artistique.
Les références musicales restent les mêmes (ballades folk, rock, soul), sa voix qui creuse dans les graves prend parfois un peu de hauteur, comme dans le titre « Fear », un hymne à l’espoir. Tout coule parfaitement, travaillé aux guitares aux sonorités « classiques » qui rappellent les grands espaces de certains artistes américains comme Chris Isaak ou Ry Cooder.
Ensuite, sa voix fait la différence. Tout est chanté intelligemment, sans maniérisme, avec souplesse, pour une osmose quasi parfaite entre le chant et la musique. Simple, efficace, touchant, une vraie personnalité musicale, tout ceci donne envie d’en connaître plus sur Lindçay. Hâte de découvrir davantage cette artiste prometteuse.
Benoît Roux