UNE INTERVIEW D’AURYAN GUYON
(Collaborateur du Blog Cycliste de France 3 Franche-Comté)
Paris-Tours, et la cinquième étape du tour de Beijing sont venus clôturer la saison cycliste sur route. Le moment pour le Blog Cycliste de faire un bilan avec certains des acteurs marquants de ces derniers mois. Pour commencer, notre collaborateur Auryan Guyon a rencontré Remi AUBERT. Le junior de l’Amicale Cycliste Bisontine, auteur d’une année exceptionnelle et pleine d’expériences.
Pour Rémi, tout a commencé idéalement cette année, avec une victoire sur la première course de la saison en Franche-Comté : le critérium du printemps, à Nommay. Un succès devant le Néo-Zélandais Scott Ambrose, puis un autre sur sa deuxième course (le contre-la-montre des Boucles de la Seine et Marne) qui démontrait la motivation du garçon à l’aube d’une saison qui le verra intégrer les rangs de l’équipe de France junior. Début mai, c’est encore une belle 6e place et un maillot de meilleur grimpeur sur la renommée Course de la Paix en république Tchèque. Ensuite, on retiendra bien évidemment cette 2e place sur la classique des Alpes, le premier gros objectif de la saison du Doubiste. Une belle récompense après avoir été un des principaux animateurs de la course avec notamment Bonnamour, et Paret-Peintre le futur vainqueur de l’épreuve.
La suite ? Un mois de juin consacré au baccalauréat qu’il obtiendra avec une mention très bien. Auparavant, il n’avait pas oublié de compléter ses révisions par de longues et dures séances d’entraînement avec Matthieu Nadal, son coach au Pôle espoir de Franche-Comté. Des entraînements qui porteront leurs fruits lors du mois de juillet. Une période importante dans le calendrier cycliste junior avec de belles courses comme le GP Patton qu’il dispute avec le maillot de l’équipe nationale. Une course où Rémy Aubert se classe 8e au général et premier français ! Le tour du Valromey et les championnats d’Europe viendront confirmer le talent et la forme du grimpeur de l’Amicale Bisontine avec deux nouveaux top 10 à la clé (une 10e et 9e place).
Le mois d’Août sera un peu plus décevant pour le Franc-Comtois mais sa sélection aux championnats du monde viendra récompenser l’ensemble de sa saison. Une saison qu’il nous raconte en détail pour le Blog Cycliste. Une interview recueillie par notre collaborateur Auryan Guyon.
Le blog cycliste : Bonjour Rémi, tu viens de terminer ta deuxième année en junior. Quel bilan tires-tu de cette saison ?
Rémi Aubert : D’une manière générale, l’année 2013 a été une très bonne année pour moi. J’avais plusieurs objectifs.
Tout d’abord, il me fallait confirmer ma première saison de junior qui était correcte. Mais aussi, pourquoi pas, intégrer l’équipe de France sur une course. Je peux maintenant dire que je suis allé au delà de mes espérances, avec 5 sélections dont une pour les mondiaux, une 2ème place à la classique des Alpes. Sans oublier (en dehors du cyclisme) le bac en poche et mon intégration a l’INSA (de Lyon, ndlr).
Une saison en cyclisme, c’est long, mais quel a été ton meilleur moment cette année sur le vélo ?
J’ai eu plusieurs grands moments au cours de la saison. Ceux qui me reviennent particulièrement sont les championnats du monde (une expérience fantastique), les championnats d’Europe (un super résultat des Français, une belle course) et bien sûr la classique des Alpes.
Sans oublier, les déplacements avec le club et les nombreux entraînements avec le pôle, qui sont autant de bons moments partagés.
Au contraire, quel est, s’il y en a une, ta déception ?
Je retiendrai tout de même quelques échecs sur cette saison, notamment mon championnat de France raté. Mais plus largement mon mois d’août sur lequel j’ai marqué le pas. Ou encore mon abandon sur l’étape en ligne de la 2ème manche du challenge national, sous la pluie à Jugon, qui m’a aussi touché.
Grâce à tes bons résultats tout au long de la saison et surtout cette 2e place à la classique des Alpes, tu as eu le privilège de participer à LA course du calendrier cycliste : les championnats du monde. Comment s’est déroulée ta préparation et celle de tes coéquipiers de l’équipe de France ?
Mon approche des mondiaux a été un peu différente de celle de mes coéquipiers juniors en équipe de France.
En effet, ils ont participé à une course par étape en Italie : le Giro de basilicata (gagné par Aurélien Paret-Peintre) sur laquelle il fallait une équipe de 6. Or, nous étions 7. J’ai donc effectué une semaine de cours avant de rejoindre les espoirs en stage le week end précédant les mondiaux. J’ai été très bien accueilli par l’équipe de France espoir et j’ai pu profiter de leur stage jusqu’au mardi, date à laquelle nous avons rejoint les autres en Italie.
Je connaissais déjà mes équipiers, notamment depuis le stage effectué en Bretagne début septembre. De plus, l’ambiance était excellente. Nous formions une équipe, une belle équipe.
Ensuite, tu as découvert ce fameux parcours annoncé difficile du côté de Florence, en Italie.
En effet, nous avons reconnu le circuit le jeudi pour le samedi. Comme nous l’avions mis en évidence lors d’études du profil au préalable, la première côte (la côte de Fiesole longue de 4.5 km) était usante mais pas insurmontable. Seuls les 2 derniers kilomètres étaient au dessus de 8% sur une route neuve.
Ensuite, la descente qui suivait (annoncée technique) était en réalité rapide sur du sec, avec seulement 2 ou 3 virages plus serrés. Le point d’orgue du circuit était, selon moi, la bosse courte mais raide (la Via Salviati : 800m à 15% de moyenne, avec le haut à 20%). C’est là que j’éprouvais le plus de difficultés. Le reste était sinueux en ville, avec une dernière bosse de 200m à 3 bornes de l’arrivée. Enfin, la ligne droite finale de 1.5km était impressionnante. C’était donc en somme un beau parcours, mais avec la possibilité de se reprendre entre les côtes. Pour la petite histoire, nous avons pu effectuer un tour dans les roues de l’équipe de belgique élite et parler avec eux. Super expérience!
Raconte-nous comment s’est déroulée cette course (remportée par le grand favori : le Néerlandais Mathieu Van der Poel)?
J »ai eu du mal à me plaçer dans le peloton sur la partie en ligne (qui précédait le circuit final à parcourir plusieurs fois), qui était plane et rectiligne. Un gros coup de 16 coureurs est parti dès les 10 premiers km, avec un Français (David Rivière). Quant à moi, j’ai réussi à me replacer après 25km environ, aux alentours de la ville de notre hôtel. C’est là qu’un Polonais a démarré juste devant moi, avec un Tchèque. Je les ai accompagnés, sans rouler pour protéger David. Cela m’a permis d’arriver sur le circuit en bonne position et sans avoir à frotter dans la partie sinueuse au centre de Florence avant d’entamer les boucles.
Une fois repris par le peloton, nous avons fait le premier des 5 tours bien placés. A la fin de celui ci, alors que nous nous apprêtions à rouler (consigne du DS), Élie (Gesbert, le champion de France, ndlr) est tombé quelques mètres devant moi. On a alors un peu gambergé, on a fait relever ceux qui roulaient en tête.
Mais lorsque l’on est passé devant un de nos DS, il nous a dit de continuer de rouler, nous ne pouvions plus attendre. On a donc sacrifié Élie et tout misé sur Franck (Bonnamour).
Ainsi, avec Aurélien, Axel et Rémy (Paret-Peintre, Journiaux et Rochas), nous avons réduit l’écart entre le peloton et le groupe de tête de 6′ à l’entrée du circuit à 30″. Je me suis garé au bout de 2 tours et demi, puis j’ai fini en roue libre avec Aurélien. On était secs ! Devant, Franck a attaqué mais VDP (le futur vainqueur) attendait son heure…
Tu vas faire des cyclo-cross cet hiver ou te concentres-tu déjà sur la prochaine saison sur route ?
Non, je ne ferais pas de cyclo-cross cet hiver, si ce n’est peut être les régionaux pour m’amuser et travailler un peu. Je vais couper dans quelques jours, après 2 semaines tranquilles où j’ai fait quelques courses gentleman. Ensuite, on verra…
Justement, comment vois-tu cette première année Espoir qui se profile ?
Je vais commencer en 2ème catégorie, et l’objectif sera de monter en première, si possible en effectuant de belles courses, comme le Tour de Franche-Comté… Je suis conscient que la marche à franchir est importante mais je pense pouvoir y arriver avec l’aide de mon club l’Amicale Bisontine et celle de mon entraîneur Matthieu Nadal. Enfin, c’est une année charnière pour moi, avec mon entrée dans les études supérieures et mon passage au niveau élite. J’espère pouvoir mener ces deux projets à bien, comme je l’ai fait jusqu’ici.
Un grand merci à Rémi pour sa disponibilité et sa gentillesse pour répondre aux questions du blog cycliste de France 3.