De l’avis très affuté de beaucoup d’habitués des lieux, le public ne s’était jamais déplacé en aussi grand nombre à Nommay, pour les championnats de France de cyclo-cross 2013 organisés les 12 et 13 janvier dernier. Au moins 8000 personnes selon les plus réservés. Vraisemblablement 10 000 selon les journalistes et pour faire un compte rond… Pour l’anecdote, 6000 vidéos ont été visionnées et quelques 10 000 pages ont été visitées pendant le week-end par les internautes sur le Blog Cycliste de France 3…)
Où il est forcément question de cette discipline hivernale ancrée dans la culture populaire depuis longtemps dans cette partie du monde. Un sport qui revient en force nous éblouir et réchauffer les cœurs des pratiquants de cyclisme à la mauvaise saison. Le cyclo-cross, un temps jugé « désuet et ringard… » Pensez ! Des gars et leurs copines en train de patauger dans la boue par un temps de chien !… Des gueules de forçats sous leurs casquettes relevées façon « belges » au dessus du front… Un univers que beaucoup de grincheux trop bien sapés préféreraient encore continuer de confondre avec les morceaux d’accordéon d’Yvette Horner et les chapeaux de Madame de Fontenay. Un de ces vieux folklores barbares du bas peuple, qui peut encore bien plaire dans ces anciennes Flandres de Koksijde ou dans l’ancien duché de Brabant ! mais qui devait sûrement faire un peu tache chez nous ces derniers temps ?! Notre belle gente cultivée… le nez trempé dans la bière et les frites pour regarder passer les bousiers. Je ne sais pas ?! En tout cas, la discipline semble repartie de toute sa noble allure (n’en déplaise aux spécialistes des jeux de salons !) Comme le cyclisme en général a repris sa marche en avant malgré les crises récurrentes qui l’abiment régulièrement (Combien d’articles ou de reportages télé sur « l’affaire » Lance Amstrong, décalqués sur l’univers tout entier de la pratique du sport cycliste ?!…) 12% de licences supplémentaires enregistrées cette dernière année à la FFC. (Même un peu plus en Franche-Comté. 16% depuis 2010 !) « Une majorité de jeunes » spécifie l’instance nationale.
Nommay, 13 janvier 2013/ PHOTO © Kevin Rueflin
Du monde à Besançon le 18 novembre ou à Pontchâteau le 9 décembre dernier pour la finale du Challenge National. Du monde encore à Nommay sur le circuit international de Denis MERCIER. L’homme qui aura décidément fait beaucoup pour la belle réputation des grands débats sportifs hivernaux dans l’Est de la France. Une compétition ce week-end du 12 et 13 janvier, qui faisait pourtant face au rendez-vous attendu par tous les Jurassiens à Chaux-Neuve. Des Jurassiens, des Franc-Comtois et quelques autres amateurs de sensations fortes qui avaient réservé leur ticket pour voir sauter les hommes volants sur le tremplin d’une manche Française de la Coupe du monde de Combiné Nordique (La seule étape Française sur le calendrier international). Jason LAMY CHAPPUIS en vedette « Américaine » avec son coéquipier Sébastien LACROIX contre un autre enfant du pays, la star Française de cyclo-cross Francis MOUREY dans ses meilleurs jours. Entre les deux affiches, un match serré côté chiffres et statistiques. En réalité un concours d’idiots ou de compteurs à grelots… Car seul le sport, et le sport d’une manière général, aura démontré pendant ces deux jours d’intense mouvement médiatique, sa capacité à fédérer les amoureux des beaux concours et des grandes performances athlétiques. Des spectateurs au rendez-vous aux deux extrémités de la région qui pour quelques-uns d’entre eux m’ont même avoué avoir fait la navette entre les deux compétitions de ski et de cyclisme, ne voulant rien rater des deux scènes de haut niveau, groupées par malchance le même week-end… À peine au dessus de la foule, des représentants des fédérations bien sûr ! Et puis des ministres (chacun le sien !) à Chaux-Neuve comme à Nommay… (« Les sports » pour le ski, « l’économie et les finances » pour le cyclisme). Des représentants de l’état et des collectivités locales bien habillés pour la circonstance un peu fraiche qui nous occupe ici. Tout un beau monde quand même un peu gelé sur les podiums en attendant la photo.
À Nommay (Daniel Mangeas, Pierre Moscovici, Jean-René Godard, Francis Mourey)
PHOTO © Kevin Rueflin
(À la frontière Jurassienne : « Le patron du Jura Christophe PERNY en écharpe rose pâle et dument accrédité, accompagnait Jean-Claude JEANNEROT, le président du Conseil général du Doubs en chapeau mou et cache-nez rayé gris », comme il se disait dans une presse d’un autre âge. Une délégation Comtoise qui comptait également Denis VUILLERMOZ remplaçant au pied levé la présidente de Région Marie-Guite DUFAY. La dame « du square Castan » d’abord annoncée pour accueillir la spécialiste du volley-ball Valérie FOURNEYRON, mais finalement absente du grand rendez-vous pour raisons familiales. Une ministre venue « soutenir les combinards tricolores et la filière nordique » sur l’une de leurs vieilles terres de prédilection. La patronne des sports Français avait également programmé ce déplacement en Franche-Comté pour vérifier l’aide déterminante de son ministère au nouveau stade des Tuffes à Prémanon (30 pas de tir et son anneau de pénalités dédiés au Biathlon. De l’argent pour des pas de tir, des pistes de ski… à côté d’un beau tremplin tout neuf… mais toujours pas d’anneau cycliste à Besançon madame le Ministre ! (Si je vous le dis ! Et comme il faut tout de même bien trouver une occasion de « l’ouvrir » pour que tout le monde entende bien…) Vous, madame le Ministre, qui justement rappeliez devant les micros à Chaux-neuve : « défendre une politique qui ne se borne pas à commenter l’actualité sportive mais qui puisse réduire les inégalités sous toutes leurs formes ».
LA COMMUNAUTÉ DE L’ANNEAU
Un de ces projets d’équipement sportif dont la Région avait pourtant promis qu’il serait « prioritaire » une fois l’immense toboggan Jurassien terminé. « Si, si ! » Marie-Guite DUFAY l’avait confirmé devant nos caméras lors de la présentation du Tour de Franche-Comté 2010, et juste après que son propre responsable des services, Gilles Da Costa, en direct, lui ait fait part de ce souci en tant que président du comité régional de la discipline concernée. Depuis, et bien… Rien !
Vélodrome de Besançon avant sa destruction en 2000
Un anneau cycliste. C’est-à-dire deux lignes droites en béton et deux petits virages pour les relier entre eux… Tout de même pas la mer à boire, ni La Loue à transvaser dans le Lison un jour de crue ! (D’ailleurs certains seraient même déjà tout prêts à faire tourner la bétonneuse pour une somme dérisoire !) Ne serait-ce que pour dédommager les milliers de licenciés cyclistes jetés aux oubliettes après la démolition et la transformation du vélodrome Léo Lagrange en stade de foot il y a tout juste 13 ans. Cette idée franchement perspicace du « handballeur » Vincent FUSTER alors conseillé aux sports de l’ancienne équipe municipale jusqu’en 2000 ; et la nouvelle a suivi son « grand homme » des sports Bisontins comme son ombre. Un machin pour faire tourner des vélos dessus !… qui, il faut bien le constater aujourd’hui, n’intéresse pas plus Jean-Louis FOUSSERET, ni grand monde au sein de l’hémicycle régional. Quelques soubresauts du côté d’un vague terrain disponible sur la commune de Chatillon-Le-Duc où personne ne sait de quelle manière exacte l’opération pourrait sortir du chapeau. Rien de bien sérieux en tout cas. Un sautoir de promesses politiques chaque année. En réalité « des coups de bâtons » qui se perdent !… Tant tout le monde a bien compris que les cyclistes n’avaient qu’à se débrouiller pour faire leurs tours de pistes ailleurs, malgré les titres mondiaux de Morgan KNEISKY ou la belle équipe qui entoure dorénavant la jeune championne de France Soline LAMBOLEY. Des jeunes cyclistes condamnés depuis plus de dix ans à un exil forcé vers d’autres structures d’accueil comme en Suisse, à Aigle ou à Genève… Beaucoup de kilomètres pour tout ce petit monde qui va encore à l’école, de la fatigue et beaucoup d’argent dépensé par les clubs. Alors qu’on assume au moins ses choix dans les assemblées responsables, sans craindre les titres du lendemain ; non d’une roue en bois ! Et qu’on m’épargne pour l’heure le médiocre principe qui consisterait à opposer une discipline ou une autre —là n’est pas le propos— tant pour ma part, passionné de bicyclette j’en conviens ! j’emprunte moi aussi les belles traces jurassiennes autant qu’il m’est possible avec mon micro, ma caméra et mes skis. Tout le monde… cyclistes et skieurs le savent bien ! Et comme il serait d’ailleurs pertinent de le faire pour toutes les spécialités sportives, sans discrimination politique ou médiatique. Vaste sujet de débat n’est-il pas ?!
Claude Jeannerot et la ministre des sports sur la coupe du monde de combiné nordique 2013 à Chaux-Neuve
PHOTO © Conseil général du Doubs
Des responsables de collectivités locales en tout cas très représentés ce week-end sportif sous les équipements de Chaux-Neuve pendant qu’au même instant dans la boue de Brognard, l’ancien président de la communauté du Pays de Montbéliard Pierre MOSCOVICI avouait pour sa part « beaucoup apprécier le sport cycliste » au micro du grand Daniel Mangeas (le célèbre commentateur du Tour de France). Comme Jacques HELIAS, le remplaçant du ministre à la tête de l’agglomération, éberlué lui aussi par « la force » des bousiers en pleine action sur sa pelouse ! Ou encore Martial BOURQUIN fasciné par « la puissance des coureurs et par le public nombreux qui s’était déplacé ». Le sénateur-maire d’Audincourt ancien ouvrier de chez Peugeot), qui s’exprimait le soir même dans le 19/20 de France 3 pour commenter l’actualité de la semaine. Pour représenter la région, on avait laissé sur place Denis SOMMER (le plus près sur la carte en mesurant la distance depuis Grand Charmont…) De quoi « sauver l’honneur » de la profession face à l’immense communauté de pédaleurs comtois, mais aussi tenter de mieux cerner la hiérarchie des choses. Des élus Régionaux… qui ne se marchaient pas vraiment dessus à Nommay, comme ils n’auraient pas risqué de passer sous les roues des meilleurs coureurs Français sur le circuit de la Malcombe à Besançon au mois de novembre, ni même à Ornans pour les championnats du monde de VTT marathon à la fin de l’été dernier. Certes, on ne peut pas plaire à tout le monde ! Même si je tenais à le souligner pour être honnête, j’avais personnellement accueilli en direct la présidente de l’assemblée Régionale lors d’une étape du Tour de Franche-Comté en 2011, à la Chaux-de-Fonds. « Une organisation sensationnelle » répondait face caméra Marie-Guite DUFAY : « un cadeau pour la Franche-Comté ».
Claude Jeannerot, PDT du Conseil général du Doubs sur le Tour de France 2013 à Arc & Senans
PHOTOS © Conseil général (publication Facebook)
Des élus suffisamment « précautionneux » pour ne pas avoir à trop se mêler des affaires cyclistes (on ne sait jamais !). Un « réflexe » d’autant plus étonnant que beaucoup avaient pu vérifier leur présence très assidue dans le champ des caméras posées sur le Tour de France lors des trois étapes Franc-Comtoises 2013 ! Mais la grande boucle de juillet « n’est pas tout à fait le cyclisme » nous avait aussi répondu Gilles DA COSTA lors d’une interview réalisée quelques mois avant l’événement médiatique, lors de l’annonce officielle et à grand bruit du passage du Tour sous nos fenêtres. Un coût pour le contribuable local d’ailleurs bien supérieur à celui estimé pour la modeste infrastructure attendue par les pistards (ces « Hobbits » de la Comté et ce « Gandalf » de Pierre Yves Bordy dit « le Belge » pour les accompagner…)
LE VOYAGE DE L’ANNEAU DANS LES MONTS BRUMEUX DU « MORDOR »
Des choix politiques là encore, entre celui de s’occuper de sa belle image dans le monde, au lieu de poursuivre la culture de son petit jardin familial. D’où peut-être aussi cette protestation sentencieuse du boss de l’instance Régionale de cyclisme et Président du Tour de Franche-Comté Gille Da Costa, le 15 décembre dernier, évoquant « l’injustice » dont souffre depuis trop longtemps la discipline si l’on s’en tient à cette structure promise, mais qui lui fait toujours défaut.
L’Amicale Cycliste Bisontine à Montceau-les-Mines 2012/ PHOTO © Luc Lhomme
Un équipement « nécessaire et légitime » s’agace le président, proposant même, sur l’estrade de la grande réunion annuelle du comité, de réfléchir à des moyens de persuasion plus convaincants, comme cette idée d’aller jusqu’à « manifester dans la rue s’il le faut ! ». « Que faut-il faire pour mériter un tel équipement ? J’avoue perdre patience… » avait lancé le premier responsable du comité Comtois dont on peut rappeler ici l’excellente santé des comptes et des résultats. Un comité de cyclisme qui organise plus de 250 manifestations sportives chaque année, au milieu desquelles plusieurs compétitions d’envergure nationale et internationale, « de l’épreuve de quartier au championnat du monde ». (Et précisons le : grâce au soutien financier de nombreux partenaires privés et des collectivités). « Un cadeau » pour reprendre l’expression de Marie-Guite DUFAY. Peut-être alors ce que les cyclistes seraient en droit d’attendre de leurs représentants politique pour honorer leurs belles promesses avant d’en rajouter d’autres pour 2015. À bon entendeur comme on dit, et bonne fin d’hiver à tous. Jean-Luc Gantner