La Franche-Comté accueille la bataille de l’hiver ce week-end à Nommay. Une course au titre national dans laquelle deux hommes se détachent nécessairement du peloton des principaux protagonistes engagés sur l’épreuve la plus importante de l’année pour le Cyclo-cross Français. Deux hommes qui se connaissent bien et qui s’apprécient pour avoir couru plus jeunes sur le même circuit et partagé le même maillot professionnel à la FDJ en 2009. Francis MOUREY, multi champion de France de la discipline et Aurélien DUVAL qui avait enfilé le beau maillot l’an passé dans le Morbihan.
1/ FRANCIS MOUREY
Francis Mourey (FDJ), 32 ans. Habite Saône dans le Doubs. 6 fois champion de France et médaille de bronze des championnats du monde 2006. 8 fois vainqueur du challenge national La France Cycliste, invaincu depuis 2004.
Francis Mourey (FDJ), vainqueur du Challenge National 2012, à Pontchateau/ PHOTO © Marion Denis
D’abord cette image du champion devenue habituelle. Celle d’une ligne d’arrivée qu’il franchit régulièrement les deux bras levés pour le plus grand plaisir de ses milliers de fans qui suivent ses exploits tout au long de la saison. Francis Mourey et ses 6 titres de champion de France de cyclo-cross. L’homme a 32 ans cette année, et doit livrer l’un de ses deux principaux combats de l’hiver à Nommay ce 13 janvier 2013. Saône, dans le département du Doubs. Le coureur professionnel de la Française des Jeux habite cette petite commune proche de Besançon avec sa femme Aurélie et ses deux petites filles Gabrielle et Louison. Francis Mourey revenait tout juste de Rome lorsque nous sommes entrés chez lui pour le filmer. Une quatrième place sur l’avant dernière manche de coupe du monde (la même position qu’à Namur juste un peu plus tôt !) et le sourire du leader Français de la discipline, malgré les heures de transport et la fatigue accumulées durant son week-end Italien. « Je dois surtout me reposer avant dimanche pour bien récupérer. Faire attention à ne pas tomber malade. Mais je vais quand même aller rouler deux heures ce matin », explique le coureur, en train de plaisanter devant la machine qu’il actionne dans la cuisine. Un spécialiste de l’expresso. Son pêché mignon. « J’en bois des litres… » nous confie le cyclo-crossman de la FDJ. Aurélie acquiesce en évitant soigneusement d’entrer dans le champ de la caméra. « Les journalistes, la télé… Tout ça c’est son métier. Moi je ne préfère pas. »
Francis Mourey face à la caméra après sa victoire à Montbéliard le 17 décembre 2012/ PHOTO © JM Picard
Le crack du cyclo-cross Français répond volontiers à l’avalanche de questions que je me pose sur sa carrière et sa vie de famille justement. Deux choses qu’il essaye de dissocier complètement. « Non, il n’y a rien qui rappelle le cyclisme dans la maison » commente l’athlète habillé d’un survêtement de son sponsor. Une sorte de convention entre Francis et Aurélie. Beaucoup de photos de famille tapissent les murs du salon. Mais rien effectivement qui pourrait indiquer la profession de notre hôte ou sa réputation sur les podiums prestigieux. À part ce cadre un peu en retrait sur lequel une médaille de bronze est accrochée au dessus d’une image du champion en course. La médaille de sa 3e place à Zeddam au Pays-bas en 2006, avec son ruban aux couleurs mythiques des championnats du monde. « Une exception », répond Francis en décrochant son portable. C’est le président du club du Valdahon. Son frère aussi. Jérôme. Le club où le coureur est licencié actuellement. (Francis avait débuté à Sancey/Baumes-les-Dames en 1995 avant de longtemps rouler pour l’ASPTT Mulhouse où Fred Grappe, l’entraineur de la FDJ repère son énorme potentiel à l’époque). « Ca peut durer des heures » nargue gentiment Aurélie. Où l’on doit constater que le « métier » est tout de même forcément difficile à laisser à la porte du garage ! Un large sous-sol où l’icône Français du Cyclo-cross entrepose son matériel de pédalage. Une dizaine de vélos Lapierre et autant de paires de roues, dont celles préparées avec soin pour la course de dimanche. « Le matériel compte beaucoup sur une épreuve, je m’occupe moi-même de ma mécanique ». Des vélos, des roues mais aucun compteur au guidon !… « Non. Je m’entraine juste aux sensations » précise Francis. « J’ai toujours fais comme ça ! Aujourd’hui presque tout le monde utilise des capteurs de puissance, tout ça. Mais l’entrainement trop scientifique ne me convient pas. Rouler en fonction des instruments électroniques, et ensuite, tu dois passer du temps pour tout analyser sur l’ordinateur… je préfère rouler comme j’ai toujours fait. »
Francis Mourey sur l’étape du Challenge National 2012 à Besançon/ PHOTO © Richard Lamboley
Francis me raconte comment d’ailleurs il passe son temps sur ses routes d’entrainement autour de Saône, la-Vèze, Montrond-Le-Château ou dans ces bosses un peu sévères de Montfaucon, où Aurélie m’avoue qu’il fait de la cuisse en tirant un parpaing dans une remorque pour enfants derrière son vélo de course… Un dur au mal ! et qui ne transige pas sur sa préparation. « J’ai la chance d’avoir beaucoup d’imagination, alors lorsque je roule des heures, je regarde les constructions, les maisons neuves, les matériaux… Faut trouver des trucs dans la tête pour tenir ! Plus jeune, J’avais d’abord travaillé comme maçon après avoir obtenu un CAP dans le bâtiment. J’étais pas trop fait pour l’école. C’est comme ça que je suis venu au cyclo-cross. Comme je bossais la journée dès ma troisième année d’apprentissage, je n’avais pas assez de temps pour préparer une saison de route comme il fallait. Le cyclisme sur route demande beaucoup d’heures d’entrainement pour tenir la longueur, et je ne me voyais pas ne rien faire non plus en sortant de l’école l’hiver. Alors en septembre, je me suis mis au cyclo-cross et je n’ai plus arrêté depuis ». Juste à côté des cadres bien alignés contre le mur tous équipés d’un groupe électrique Shimano, Un vélo d’enfant rose de 16 pouces à peine, avec une plaque de l’Extrême-sur-Loue vissée sur le guidon. Celle de la première compétition de Gabrielle qui avait suivi les traces de papa au mois d’octobre dernier à Ornans. Gabrielle Mourey (qui n’a plus besoin de la « remorque »…), déjà debout sur les pédales le jour d’un championnat du monde de VTT en Franche-Comté. Que voulez-vous ?!… La famille Mourey, qui quoi qu’on y fasse est toujours un peu rattrapée par quelques belle histoires de vélo à raconter à son propos. (Mais promis Aurélie. Après je me tais. Juré craché !) « J’ai beaucoup de chances », résume le sextuple champion de France, toujours placé dans le top 10 mondial depuis dix ans. « C’est un rêve. On vit une vie à part. Pendant que les autres vont travailler 8 heures à l’usine, moi je vais faire du vélo. J’ai la chance d’avoir ce don pour ça. Il y a des sacrifices bien sûr ! Les entrainements quelquefois difficiles à cause du mauvais temps… mais j’avoue que je suis gâté par la vie ». Jean-Luc Gantner
Derrière Francis MOUREY (FDJ), la Franche-Comté compte également beaucoup de favoris dans toutes les catégories :
Les cadets Juliette LABOUS et Émile CANAL. Les juniors Laura PERRY et Léo VINCENT. Les frères Loïc et Fabien DOUBEY dans la catégorie Espoirs. Et puis Caroline MANI et Marlène MOREL-PETITGIRARD chez les féminines, qui devront entre autre batailler face à leur ancienne coéquipière Lucie CHAINEL. Du côté de l’Elite, il faudra compter aussi sur Laurent COLOMBATTO et Jérôme CHEVALLIER qui donneront aussi du fil à retordre aux professionnels comme John GADRET (AG2R) ou à son nouvel équipier Steve CHAINEL.
2/ AURÉLIEN DUVAL
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