D’abord l’image d’un champion du monde qui grimace à 50 kilomètres de l’arrivée de la plus prestigieuse des classiques italiennes. Cavendish en perdition dans la côte, son beau maillot arc-en-ciel qu’on ne reverra plus, malgré les efforts de ses camarades pour le ramener coûte que coûte sur les hommes de tête, loin, très loin déjà… (où l’on se demandera tout de même s’il n’aurait pas été préférable pour les Sky de s’occuper de leurs fesses au moment où Boasson Hagen (une victoire d’étape sur Tirreno-Adriatico) tenait la grande forme et pouvait prétendre « lui » à une victoire en bonne et due forme sur cette « Prima verra » 2012. Edvald Boasson Hagen dont tout le monde se fout équipé de son banal maillot de co-équipier pour qui personne n’a l’intention de rouler, allez savoir pourquoi ?!… Le champion de Norvège obligé de se débrouiller tout seul avec ses petites jambes sur les jolies routes qui longent la Méditerranée en direction de la station balnéaire de la belle province de l’Imperia. Un monument touristique réputée pour ses cures, mais une sinécure pour personne dans le peloton ! la classique la plus longue du calendrier… Près de 300 kilomètres à parcourir à une moyenne complètement folle à cette époque de l’année où les coureurs se dérouillent à peine pour certains d’entre eux ; la « classissima » qui ne fera encore cette fois de cadeau à personne et surtout pas à un certain Fabian Cancellara ?!… Le Suisse, que tout le monde soupçonne fort comme un diable dés le début de la course, « une moto » tout du long du « Poggio », et qui avait pourtant bien calculé son coup pour poser une mine dans le célèbre escarpement. Voilà l’autre image du jour. La belle image qu’il faudra retenir d’un vrai de champion à son meilleur et motivé comme jamais. L’image d’un « Spartacus » (l’esclave de Thrace) qui n’aura jamais aussi bien porté son nom qu’aujourd’hui. L’image de l’homme le plus fort du jour, qui chevauche son Treck™ Madone tout noir contre le vent, seul à faire le boulot dans la pente mythique. « 35 KM/H » chuchotent les Tifosis sur les bords de la route. Derrière lui, Vincenzo Nibali (Liquigas) auteur du bon coup à San Benedetto del Tronto. Et puis Gerrans (Green Edje), malin dans cette ultime opération de bravoure. L’attaque a été sèche, sans concession. Trois hommes sur les grandes dents avec l’intention d’aller au bout, quelles que soient les ambitions de la tête du peloton. Les « extirpés » n’ont qu’à peine 15 secondes d’avance à la dernière bascule alors que l’on a déjà oublié le coup de théâtre du 22ème kilomètre. Philippe Gilbert à terre dans la descente du Cipressa. Gilbert, revenu en costaud après sa désastreuse course des deux mers la semaine dernière. Une chute dans laquelle se trouvait également Arthur Vichot. Le Franc-Comtois qui préfèrerait sûrement apprendre le métier autrement ! (Arthur Vichot 86e à l’arrivée)
La ligne bientôt, au bout du dernier kilomètre. Et le peloton, couché sous ses tergiversions pour savoir si des fois… Peter Sagan, le slovaque des Liquigas par exemple… mais rien ! Rien ne saurait désécrire le scénario idéal pour Simon Gerrans aujourd’hui. L’Australien bien calé jusqu’à la dernière seconde dans les roues d’un Cancellara (RadioShack) grandiose, mais qui ne pourra rien n’y faire, la grande attaque du jour dans les jambes… Le Suisse condamné à lancer le film de sa propre désillusion « L’acide lactique derrière les oreilles » comme il dira un peu plus tard aux journalistes. La machine helvète qui ne peut que constater les dégâts dans l’équation d’un sprint final contre plus frais que soi. Simon Gerrans qui remporte d’une roue ce 103e San Remo.
JLG
Et pour les cyclosportifs… Le « Milan-Sanremo cyclo » aura lieu le dimanche 10 juin 2012. Lа соmpétіtіоn suіt lе mêmе pаrсоurs quе сеluі еmprunté pаr lеs grаnds сhаmpіоns sur еnvіrоn 290 km à trаvеrs lа Lоmbаrdіе, lе Pіémоnt еt lа Lіgurіе, pоur аrrіvеr à lа luttе fіnаlе sur lеs mоntéеs mythіquеs du Turсhіnо, dе lа Cіprеssа еt du Pоggіо.