14 Août

Sénatoriales dans le Jura : attention, une élection peut en cacher une autre !

 

Le Palais du Luxembourg, siège du sénat

Le Palais du Luxembourg, siège du sénat

En Franche-Comté, le Jura est le seul département concerné par les élections sénatoriales qui se dérouleront le dimanche 24 septembre.

Les deux sénateurs LR sortants ne se représentent pas. Gilbert Barbier et Gérard Bailly avaient été élus en même temps, en 2001, et avaient été réélus en 2011.

Ces élections sénatoriales font beaucoup parler. Non seulement il est intéressant de soupeser les chances des uns et des autres mais une élection peut en cacher une autre. Derrière le sénat, c’est le département qui est, finalement, en jeu…

 

Petit retour sur le scrutin de 2011

Ce jour-là, tous les pronostics sont déjoués. Si Gérard Bailly, alors président du conseil général, est élu sans difficulté, pour Gilbert Barbier, ex-maire de Dole,  la journée s’avère plus difficile. Et le candidat socialiste a bien failli l’emporter.

Au premier tour, Sylvie Vermeillet, présidente de l’association des maires, se présente en « Divers Droite ». Au premier tour, elle recueille 251 voix. Pas assez pour l’emporter. Mais suffisamment pour faire chuter Gilbert Barbier. Elle retire sa candidature pour le second tour (Jacques Pélissard et même Gérard Larcher, le président du sénat, seraient intervenus pour qu’elle ne se maintienne pas.)

A gauche, Denis Vuillermoz, PS, était grand favori. Mais l’écologiste Antoinette Gillet (et ses 83 petites voix) se maintient au second tour. Denis Vuillermoz échoue de 14 voix (Certains socialistes n’auraient pas joué franc jeu et Christophe Perny, alors président du département, ne voyait pas forcément d’un bon œil un second homme fort, de gauche, dans le Jura). Résultat : Gilbert Barbier est réélu.

Ce petit rappel pour mieux comprendre les enjeux de ce scrutin de septembre.

La droite divisée comme jamais

Pour ces deux sièges vacants, 1002 grands électeurs sont appelés aux urnes (les parlementaires, les conseillers régionaux et départementaux et des délégués des 509 communes jurassiennes, leur nombre dépendant du nombre d’habitants, voir en fin d’article).

La droite, si elle a gagné il y a 6 ans, est très divisée cette année.

Les candidats :

Dominique Chalumeaux, candidat LR aux sénatoriales

Dominique Chalumeaux, candidat LR aux sénatoriales

  • Dominique Chalumeaux (conseiller départemental de Poligny, vice-président pour l’aide aux communes) et Clément Pernot (cd de Champagnole, comme Sylvie Vermeillet, et président du département) ont reçu l’investiture LR

    Marie-Christine Chauvin, candidate aux sénatoriales dans le Jura

    Marie-Christine Chauvin, candidate aux sénatoriales dans le Jura

  • Marie-Christine Chauvin (cd d’Arbois et vp à la culture et au tourisme), qui n’a pas l’investiture républicaine qu’elle demandait mais qui se revendique LR malgré tout (La rumeur dit qu’elle l’a obtenue… quelques heures avant que suite à des pressions le parti ne l’attribue in fine à Clément Pernot !)
  • Sylvie Vermeillet (cd de Champagnole et vp chargée des collectivités territoriales) sous l’étiquette UDI et Jean-Pascal Fichère (président du Grand Dole)

    Sylvie Vermeillet, candidate UDI pour les sénatoriales dans le Jura

    Sylvie Vermeillet, candidate UDI pour les sénatoriales dans le Jura

  • Sans oublier François Godin (cd de Morez et 3ème vp) qui fait tandem avec Philippe Antoine (cd de Bletterans) sous la bannière de « la République en Marche »

Le président du département et 4 de ces vice-présidents sont partants, les uns contre les autres, voire pas dans le même camp ! Une situation inédite…

 

Qui soutient qui ?

 

Les deux sénateurs sortants Gérard Bailly et Gilbert Barbier soutiennent Dominique Chalumeaux et Marie-Christine Chauvin.

Jacques Pélissard, toujours maire de Lons-le-Saunier, et ex-député, et Marie-Christine Dalloz, députée, apportent leur soutien à Clément Pernot.

Quant à l’autre député jurassien, Jean-Marie Sermier, son choix s’est porté sur Sylvie Vermeillet et Jean-Pascal Fichère.

 

J’espère avoir tout bien compris… car ce n’est pas simple.

 

 Le billard à plusieurs bandes…

 

La rumeur est persistante : si Jacques Pélissard appuie Clément Pernot et, de manière moins officielle, Sylvie Vermeillet, ce soutien ne serait pas complètement désintéressé.

Clément Pernot est le président du département, en cas d’élection au sénat, il laisserait son fauteuil car il n’a plus le droit de cumuler ces deux mandats. Sylvie Vermeillet serait une candidate de poids pour lui succéder mais si, elle aussi, entre au palais du Luxembourg… Le fauteuil de président serait-il à portée de main d’Hélène Pélissard ? EL’épouse de Jacques Pélissard est conseillère départementale de Saint-Amour et 1ère vice-présidente. Déjà, lors de l’élection de Clément Pernot, elle était tentée par la présidence mais elle y avait renoncé, les rapports de force à l’intérieur de la majorité n’étant pas en sa faveur.

Même si Clément Pernot et Sylvie Vermeillet partent siéger «  à Paris », Hélène Pélissard ne bénéficiera pas forcément d’un boulevard : d’autres candidats pourraient se sentir pousser des ailes pour la présidence.

A commencer par un autre candidat à cette sénatoriale : Dominique Chalumeaux. S’il n’entre pas au sénat…il ne dit pas non ! (écouter son interview en fin d’article)

 

Le contexte politique

 

Il est favorable à la droite en France en général et dans ce département en particulier. Le Jura est une terre de droite. Les Républicains détiennent le département (28 conseillers départementaux sur 34 sont de droite), toutes les villes, les deux sièges de sénateurs et deux fauteuils de député sur trois.

La droite est aidée, également, par l’action du président de la République et le gouvernement qui ont fâché les élus, surtout issus de la ruralité.

Des mesures récentes ont mis les maires en colère, notamment les maires ruraux, gros bataillon des grands électeurs :

  • Baisses des dotations de 13 milliards et de la dotation de l’Etat aux territoires ruraux
  • Suppressions de la taxe d’habitation pour 80 % de la population et de l’enveloppe parlementaire (C’était elle qui permettait souvent de « boucler » un budget.)

 

Les candidats de droite pourraient donc bénéficier de ces vents favorables.

Le fait que les deux sénateurs sortants ne se représentent pas et un contexte politique favorable expliquent, justement, cette pléthore de candidats.

 

La dernière rumeur 

 

Dernière rumeur en date, décidément elles ne manquent pas dans cette campagne.

Clément Pernot est rentré de vacances mais n’est pas très présent dans ce début de campagne.

(D’ailleurs, il n’a pas trouvé le temps de nous recevoir pour le reportage que nous avons tourné sur ces sénatoriales.)

Certains observateurs en concluent (un peu vite ?) un possible retrait de la course. Les retours du terrain ne seraient pas très bons pour le président de l’assemblée départementale. Ses amis lui conseilleraient de ne pas prendre le risque d’une défaite, qui le fragiliserait indubitablement au département.

Comme dans les mauvaises séries : à suivre…

 

A écouter ; les interviews en longueur des 3 candidats. Ils répondent aux questions sur les enjeux de ce scrutin et les éventuelles conséquences pour le conseil départemental.

On en saura davantage le vendredi 8 septembre, c’est la date de clôture de dépôt des candidatures.

L’élection, c’est le dimanche 24 septembre.

 

Reportage sur les enjeux, à droite, de cette élection :

L’interview en longueur de Dominique Chalumeaux

L’interview en longueur de Marie-Christine Chauvin :

 

L’interview en longueur de Sylvie Vermeillet :

 

Le reportage de l’élection sénatoriale dans le Jura de 2011 :

 

 

A savoir :

Le collège électoral est composé :

  • des députés et des sénateurs,
  • des conseillers régionaux élus dans le département et des conseillers départementaux,
  • des délégués des conseils municipaux : ces derniers représentent 95 % des 162 000 grands électeurs au total. Le nombre des délégués des conseils municipaux dépend de la population municipale* authentifiée au 1er janvier 2014 par les recensements.

 

Nombre d’électeurs au sein des communes :

  1. Communes de moins de 9 000 habitants :

=> 1 délégué pour les conseils municipaux de 7 à 11 membres
=> 3 délégués pour les conseils municipaux de 15 membres
=> 5 délégués pour les conseils municipaux de 19 membres
=> 7 délégués pour les conseils municipaux de 23 membres
=> 15 délégués pour les conseils municipaux de 27 et 29 membres

  1. Communes de 9 000 à 30 000 habitants : tous les conseillers municipaux sont délégués de droit (29 à 35 membres)
  2. Communes de plus de 30 000 habitants : outre les conseillers municipaux, un délégué supplémentaire pour 800 habitants au-delà de 30 000 habitants (élus à la représentation proportionnelle à la plus forte moyenne)