19 Mai

Anem òc ! ou anem non ?

Annoncée pour le 8 novembre 2014, la prochaine manifestation occitane n’aura finalement pas lieu… tout du moins à cette date. Depuis quelques jours désormais, les différents points de vue des organisateurs « historiques » de la mobilisation occitane au sein du collectif Anem òc fleurissent sur internet, en particulier dans différentes tribunes publiées sur le site du Jornalet. C’est la FELCO, une des cinq associations avec l’IEO, Calandreta, Oc-Bi et le Félibrige ayant appelé à défiler depuis 2005, qui ose aujourd’hui questionner l’ensemble du monde occitan sur l’opportunité de redescendre, pour la cinquième fois, de la même façon dans les rues. La position de la FELCO est simple : plutôt que de choisir une seule ville pour un rassemblement unique sur les 33 départements occitans, pourquoi ne pas manifester dans plusieurs villes à la fois, dans chaque département par exemple, sur une seule et même journée. Un effet démultiplicateur qui ne semble pas forcément être approuvé par deux autres associations du collectif : l’IEO et Calandreta. 

Le débat fait rage au sein du monde occitan en ce moment même. Les divergences n’ont jamais été aussi fortes mais malgré tout, une nouvelle date de manifestation unitaire semble d’ores et déjà avancée. Après Carcassonne en 2005, Béziers en 2007, de nouveau Carcassonne en 2009 et Toulouse en 2012, où près de 30.000 personnes ont participé à l’évènement, la date du 7 mars 2015 serait celle de la prochaine grande manifestation occitane.

Pour en savoir un petit peu plus, le reportage de l’Edition Occitane du samedi 3 mai 2014 revient sur ce sujet avec les positions de la FELCO, de Calandreta et de l’IEO.

Clément Alet

 

13 Mai

Les harmonies de Lambrusquèra

Samedi 10 mai, ils ont chanté sur la scène parisienne de l’Olympia…. Avec d’autres artistes, le groupe de chants polyphoniques du Béarn Lambrusquèra a animé la deuxième partie du concert événement de Nadau qui fêtait ses 40 ans de carrière. L’occasion de découvrir ce groupe de chanteurs, amis d’enfance pour la plupart et originaires de Monein, petit village de vignerons béarnais.

Le vin, l’amitié, la complicité font partie de la marque de fabrique de ce groupe qui chante avant tout pour le plaisir d’être ensemble.

Aidé du professeur de chant traditionnel Bastien Miquèu, les Lambrusquèra viennent de sortir leur premier album, Bitsègas qui signifie Zig Zag. Nous sommes donc allés au cœur du Béarn, à Monein, rencontrer dans un chai au milieu des vignes les 7 amis de Lambrusquèra.

 

Sirine Tijani

Clap de Lenga

Clap de lenga, c’est le nom du premier festival de cinéma occitan qui s’est déroulé à Salies-de-Béarn du 8 au 11 mai. Projections de nombreux films, rencontres entre professionnels mais aussi ateliers de création, Clap de Lenga a pour vocation de faire découvrir le cinéma occitan à tout le monde mais aussi d’encourager la création et le dynamisme d’un milieu qui n’en est encore qu’à ses débuts.

L’occasion également d’organiser le tout premier concours de scénario. Parmi les 8 scénarii pré-sélectionnés, c’est celui d’Eva Cassagnet qui a été primé à l’unanimité. « Surprise mais très heureuse », Eva envisage désormais de faire de son scénario un véritable film avec l’aide des professionnels rencontrés lors de ce festival. Un film qui serait diffusé lors du prochain Festival Clap de Lenga dans deux ans.

 

Sirine Tijani

VIRA-LENGA : Silvan Carrère

Sylvain Carrère, originaire de Vic-de-Bigorre (65), chanteur du groupe Papà Gahús, collectionneur de Vinyles prêts à être mixés par ce rocker gascon. Depuis quelques années, il collecte la mémoire occitane des anciens de sa région et s’en nourrit pour ses propres créations. Oiseau de nuit de la nouvelle scène occitane, Papà Gahús le « père chat-huant » en gascon propose un rock épuré et efficace avec des textes en occitan-gascon qui sonnent comme un cri d’espoir et de révolte dans la morosité actuelle. Depuis la formation du groupe en 2010, Papà Gahús propose un rock occitan … de Bigòrra … avec des influences aux carrefours de la tradition orale et du punk eighties, une énergie tribale et communicative sur scène. Il n’y a pas de doute, Papà Gahús n’est pas là pour la gloire, mais bel et bien pour porter la voix d’un peuple gascon fier de ses racines, créatif, et ouvert au monde.

Cliquez ici : Sylvain Carrère

@ Vicenta

Las filhas, lo fotbòl e l’occitan

Alors que l’on connaîtra dans quelques heures la liste des joueurs qui partiront à Rio et le palmarès complet de la saison 2013/2014 samedi, l’Occitanie du football grandit…Doucement, sans pression médiatique, avec une dimension supra-régionale. Car oui, il y a bien une équipe nationale occitane de football. Et même 2 !
Logo-occitanie
Après les hommes en 2004, une équipe féminine vient d’être créée. Elle disputera son premier match cette semaine, justement contre l’équipe masculine.
Calquée sur les mêmes principes et les mêmes valeurs occitanes que les hommes coachés par Didier Amiel, cette nouvelle équipe sera dirigée par Sylvain Blaise (ex-Muret et nouveau responsable sportif de la section féminine du TFC). Fort de ce CV, le natif de Cayenne et ancien joueur de Rodez disposera d’un groupe de 25 filles qu’il a quasiment toutes déjà entraînées en club, issues de toute l’Occitanie, principalement du Languedoc-Roussillon (Montpellier, Nîmes…) et de Midi-Pyrénées (Toulouse, Rodez, Muret). Nicolas Desachy, le président de l’Association Occitane de Football qui va gérer ces 2 structures est plutôt optimiste : « Il y a plus de choses à faire chez les femmes et plus rapidement que chez les hommes. Nous pouvons très vite atteindre le niveau de la deuxième division française et nous hisser à l’échelon le plus élevé de ce football hors FIFA. »
affiche rencontre 16 mai 2014Le lancement officiel sous forme de match bien sûr, mais aussi de débats et d’échanges se fera en « indoor » sur les terrains du « Five » à l’Union vendredi 16 mai dès 18H. Une bonne répétition avant le premier match officiel pour les filles le 3 octobre contre les Sorabes de Lusace (peuple d’Allemagne et de La République Tchèque).
Entre temps, les garçons feront eux aussi leur coupe du monde, la ConIFA World Football Cup qui remplace la Viva world Cup. Elle se déroulera du 31 mai au 8 juin, pas au Brésil mais au Nord de la Suède, en territoire Saami (Lapon). Lors de la précédente édition en 2012 au Kurdistan, les Occitans avaient terminé 4ème sur 9. Ils comptent bien faire mieux. « Nous avons la plus belle équipe que nous ayons jamais eu. Nous faisons partie des favoris même si LE favori reste la Laponie », selon Nicolas Desachy.
Incontestablement, le niveau s’est fortement amélioré, les exigences et les besoins aussi. L’AOF est toujours à la recherche de partenaires économiques pour porter les couleurs de l’Occitanie plus haut et plus loin.
Benoît Roux

02 Mai

Los que vòlon Viure al país

Le 6 février dernier, nous lancions une enquête pour mieux connaître ceux qui nous regardent, ce qu’ils pensent du magazine Viure Al País et ce qu’ils aimeraient y retrouver.

Car à la rentrée, Viure al País devrait faire peu neuve, dans son contenu et dans sa forme. Et même si vous êtes très nombreux à le souhaiter, il ne sera pas plus long et il ne devrait pas y avoir d’autres rendez-vous amb la lenga nòstra à d’autres moments de la semaine.

En tous cas, ce magazine suscite beaucoup d’intérêt. Car vous avez été 400 à prendre le temps de répondre et nous vous en remercions. Evidemment, ce n’est pas une enquête scientifique, pas plus un sondage fait par un institut renommé aux vérités intangibles. Mais il s’en dégage des choses très intéressantes.

Qual sètz ?

Légèrement citadin, majoritairement masculin, situé plutôt dans la tranche d’âge 40-60 ans, essentiellement de Midi-Pyrénées, vous regardez régulièrement Viure al país, vous jugez votre niveau de langue assez bon (même si certains nous regardent sans comprendre depuis le sous-titrage des magazines).

De que pensatz ?

Vous semblez être satisfaits de ce magazine (à plus de 80%), vous trouvez qu’il s’adresse à tout le monde, de tout âge, mais principalement aux Occitans. Les sujets sont jugés actuels (à 75,5%) et pertinents (77%). Leur durée semble vous convenir, entre 6 et 12 minutes. C’est aussi un plébiscite pour les thématiques enregistrées à l’extérieur, avec des invités. Vous souhaiteriez d’ailleurs qu’ils soient plus nombreux sur les plateaux de Viure al País

 De que voidriatz ?

Evidemment, que l’émission soit plus longue, revienne plus souvent. Qu’elle couvre tout le territoire…Mais nous sommes diffusés que sur Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon et Aquitaine depuis peu. Et même si nous faisons quelques escapades dans le Cantal, en Provence, ce n’est pas dans nos missions principales. Car ces territoires sont couverts par d’autres antennes de France 3…certes en français !

Vous souhaiteriez plus de présence des locuteurs naturels, ceux qui ont une langue riche, parfaite, des choses à transmettre. Plus de chroniques liées à la langue, sur l’actualité culturelle, de l’humour, plus d’infos pratiques… Un meilleur niveau de langue en général avec des sujets tantôt traditionnels tantôt modernes, liées à l’actualité même si ce domaine est du ressort (non- exclusif) du journal occitan du samedi.

Enfin, preuve de votre attachement, vous déplorez la suppression du magazine lors de manifestations sportives, politiques et autres événements.

 E Ara ?

La réflexion se poursuit sur le nouveau Viure al País proposé à la rentrée. Plusieurs pistes sont à l’étude, plusieurs procédés d’enregistrement pour la partie présentation… Nous travaillons sur de nouvelles coproductions avec Piget pour remplacer les Còps d’ala. Nous allons aussi densifier le Blog occitan qui semble rallier tous les suffrages et autres encouragements.

Nous sommes attachés au Service Public et à ses missions. Certes, nos programmes ne sont pas interactifs, mais vos retours sont plus que nécessaires si nous voulons les faire évoluer et progresser. De tot aquò nos cal vos mercejar !

Vous pouvez consulter cette enquête ci-dessous. Merci à Vicenta Sanchez pour en avoir finalisé le contenu et les résultats.

Benoît Roux

 

 

29 Avr

L’Estivada s’en tòrna a Rodés

Dempuèi diluns, lo programa de l’Estivada es donc conegut. Aprèp una cuvada 2013 un pauc saquejada e ventolada, a donc calgut far ambe lo sistèma D o puslèu lo demèrda-te faiçon ÒC. E la ventòrla a talament bufat que tòrna portar lo festenal al còr de la ciutat, sus l’esplanada dels Rutèns per la scèna granda. E coma l’afica novèla es una flor de pissalièch, la grana se va portar un pauc de pertot : al musèu Soulages que serà lèu baptejat, a l’Ostal dels Joves e de la Cultura, a l’amfiteatre e quitament…a l’ostal de la comuna… Per far tornar lo cònse ? Mèfi al pollèn e als estornicals !

Donc alèra aquela programacion? Deja, i a un jorn de mens. L’Estivada se va pausar lo dimècres 23 de julhet e s’acabarà lo dissabte 26. Sens tròp de sòusses (un tèrç del budgèt de mens) a donc calgut comptar sus la solidaritat. Nadau vendrà donc estrenar sonses 40 ans de cançons e segurament que tot serà plen de pertot. Totjorn dins las locomotivas, lo Còr de la Plana s’en tòrna tanben, estant que poguèt pas cantar l’an passat. Luc Aussibal (lo « regional de l’etapa ») serà el tanben de la partida. S’ameritava ben l’empont bèl, el que tòrna amb una còla novèla encara mai ròck.

Teaser Estivada edicion 2013

E tomba plan. Que lo menut de 2014 serà encara mai ròck, punk, ska. Menat pels Goulamas’k que venon de sortir un disc novèl, auretz tanben Sonoloco un grop de Lemosin reconegut dins lo mitan Hard Ròck. Lo mème jorn, Papà Gahús vendrà far la pròva que Bigòrra es pas en rè sus aquela musica. Autant dire que lo dissabte, la clavadura de l’Estivada serà negra, brusenta e bolenganta !

Al menut de dabans, Xarnège, basques e biarneses, elses tanben amb una produccion novèla, Pythéas lo gròp de Lou Dàvi qu’èra ja vengut o los bretons al nom que fa enveja : Les Ramoneurs de Menhirs. L’espectacle se farà tanben per carrièra ambe un desfilat de bandas per l’inauguracion, la granda banda occitana de las Valadas (lo dijòus) e al musèu Soulages en debuta de jornada per de cartas blancas dedicadas a Pierre François, Marie Rouanet o encara lo projèct de Joan-Francés Tisner : NY’ÒC Trobadors. Sens oblidar de teatre. I aurà de que far. Sul siti de l’Estivada i a un « teaser » per vos far despacientar ambe l’edicion de l’an passat.

Aqui lo sicut qu’aviam fat dins lo jornalet al més de febrièr.

 

Coma dirián Patríc Roux e Lo Dalfin : sèm encara aicí. A mai de 20 ans, lo festenal demòra a Rodés. Mudada, menaçada, de còps que i a criticada e pas rancurosa ambe las colectivitats aveironesas, l’Estivada contunha son camin a Rodés, benlèu un jorn endacòm mai. Es ara pron bèla. L’essencial es de s’en passar pas!

Benaset Roux

22 Avr

VIRA-LENGA : Luce Bordenave

En cette fin d’hiver, le fauteuil rouge s’en est allé du côté du Béarn à Pau (64) pour voir si Henri IV était toujours là et si la langue se parlait toujours. On peut dire qu’elle va plutôt bien, portée par une jeunesse active et dynamique. Luce Bordenave nous donne un florilège des histoires qui lui ont permis d’accéder à cette langue maternelle qui ne lui pas été transmise par ses parents… C’est avec les poètes qu’elle s’est familiarisée, elle nous livre un poème de Joseph Joantauzy : « la Mancana » qui pour elle est le poème de la transmission. Elle nous chante un extrait de « la Sobirana » et s’amuse avec les proverbes au franc-parler bien béarnais ! Ne ratez pas « lo Joan-Peish », la légende du pic du Midi d’Ossau.

Cliquez ici : Luce Bordenave

@Vicenta

21 Avr

Alidé Sans : la jeunesse pleine de sens

A l’entendre et la voir chanter, on ne lui donnerai pas son âge : 21 ans. De la fraîcheur, de l’assurance, de la technique, de la personnalité. Alidé Sans ne devrait pas rester longtemps cantonnée dans sa vallée aranaise.

AlidéSansExpVerbauVoilà deux ans qu’elle chante. Mais elle baigne dans la musique depuis son plus jeune âge. Une mère professeur de musique et très vite, l’apprentissage du piano et bientôt d’autres instruments. Elle chante avec des rappeurs, fait un clip contre la violence faite aux femmes, joue avec des musiciens… A 19 ans, elle se lance vraiment, tenant souvent la scène en solo, avec sa guitare. Aujourd’hui son talent est en train d’éclore, comme une évidence.

C’était le cas à l’université Jean-Jaurès de Toulouse jeudi, à l’invitation de l’association étudiante OSCA, pour la semaine occitane. Pas facile de se produire sur un campus, le bruit, les étudiants étalés sur l’herbe… Quelques notes, le public est dans sa poche, s’arrête, écoute et danse. Un style spontané, immédiat, naturel, qui lui appartient, en toute liberté. De prime abord, les intonations, la voix et sa posture font penser à la chanteuse Nigériane Ayo. Dans son interview, elle se réclame de la Belge Selah Sue, de Nneka -une autre Nigériane- et de la Camerounaise Irma. Toutes multi-instrumentistes, où domine la guitare, aux champs musicaux étendus, aux voix aussi bien puissantes que sensibles.

Après le monde étudiant à midi, place aux occitans le soir à l’Ostal d’Occitània, toujours à Toulouse. Avec une acoustique bien meilleure, on a pu apprécier ses nuances de voix, son toucher de guitare très rythmique et sensible, profiter des textes et musiques qu’elle a écrits. Et quand elle reprend des classiques ( « Every little thing gonna be all right » de Bob Marley ou « Los Caulets »), elle s’empare du morceau, quitte à le déstructurer, comme pour le Se Canta, dans une version superbe et déconcertante.

 

A Toulouse comme ailleurs, beaucoup l’auront découverte; bien plus voudront bientôt la voir. On a hâte d’écouter son premier disque enregistré prochainement à Barcelone et prévu à l’automne. Pas besoin d’être grand devin ou musicologue affûté pour dire que cette Aranaise va bientôt dépasser nos frontières. L’Occitanie a besoin de nouveaux talents comme celui d’Alidé Sans.

Benoît Roux

 

18 Avr

Robert Ménard, Béziers et l’occitan

Béziers : ville à la fois historique pour l’occitan et aujourd’hui l’une des plus vivaces en termes de structures et d’associations. Au soir du 30 mars quand les Biterrois ont désigné Robert Ménard comme maire, surgissent beaucoup d’inquiétudes et de questions sur le devenir de l’occitan.

Robert Ménard connaît bien Béziers, ville d’adoption après son départ de l’Algérie. Il y a créé « Radio Pomarède » et « Le Petit Biterrois ». C’était sa période extrême gauche. Aujourd’hui il a rejoint l’autre extrême. S’affichant à « Manif pour Tous » et partisan déclaré de la peine de mort.

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copyright  : SYLVAIN THOMAS / AFP

S’il n’est pas encarté au Front National, il a été soutenu par le parti de Marine le Pen (FN), par le  Rassemblement Pour la France (RPF) de Christian Vanneste, le Mouvement Pour la France (MPF) de Philippe de Villiers et Debout La République (DLR) de  Nicolas Dupont-Aignan. Des personnes et des partis farouchement opposés aux langues régionales, et qui s’en servent parfois pour les enfermer dans des replis identitaires et passéistes.

Robert Ménard est fier d’avoir redonné à sa ville son blason traditionnel.

 

Robert Ménard, on ne vous a pas entendu durant la campagne ni depuis votre élection vous prononcer sur l’occitan. Qu’est-ce que ce mot vous évoque ?

Robert Ménard (RM) : c’est d’abord ma jeunesse et les luttes avec Claude Marti, Yves Rouquette. Durant ma campagne j’ai insisté sur ces racines…

Vous faites souvent référence aux racines, aux traditions. Mais l’occitan est bien vivant aujourd’hui ?

RM : Mais je défends les calandretas. Penser ma ville sans la qualification d’occitane serait une contre-vérité historique et une bêtise contemporaine.

Le CIRDOC est l’institution la plus représentative. 65% de son financement vient de la région Languedoc-Roussillon, 25 % de la ville de Béziers, soit 200 000 euros. Allez-vous continuer à aider le CIRDOC ?

RM : Ils font du bon travail et je poursuivrai ce qui a été entrepris par la municipalité sortante. Mais je ne sais pas si la subvention sera à l’identique. Vous savez, Béziers est rentrée dans le réseau d’alerte. Nous sommes la 4ème ville la plus pauvre de France. 62 % des habitants ne paient pas d’impôts et j’ai promis de les baisser.

Mais je peux vous dire que nous avons voté cette semaine le fait que les 2 groupes d’oppositions (PS et UMP) auront désormais un représentant au CIRDOC. Avant, seul siégeait un représentant de la majorité.

Béziers a cette particularité d’avoir 3 calandretas. Elles ont un bail emphytéotique avec la mairie pour les locaux. Etes-vous favorable à cet enseignement et allez-vous les aider ?

RM : Durant ma campagne, j’ai rencontré les dirigeants de calandreta. Pour moi, un enseignement est un enseignement. Privées ou publiques, des écoles sont des écoles. J’aiderai les calandretas

Et le centre Aprene qui forme les futurs enseignants des écoles immersives et qui sont subventionnés par la mairie ?

RM : Je ne connais pas encore ce centre. Je ne peux pas vous dire ce que je ferai avec eux.

Béziers a aussi sa féria avec un village occitan, la Fèsta d’òc qui est un événement porté par la ville. Allez-vous poursuivre ces manifestations ?

RM : Je crois que Béziers a trop de choses qui n’ont pas assez d’impact. Il faut faire moins de choses mais plus visibles, avec plus de répercussions. Pour la Féria, j’aime et je défends la corrida. Mais il faut lui redonner une dimension plus locale, sortir de la boîte de nuit à ciel ouvert…

Par exemple ?

RM : il y a de moins en moins de peñas. Mais on peut relancer aussi le pèlerinage de la vierge. Et je ne dis pas ça en tant que chrétien.

Béziers a aussi un carnaval qui vient de fêter ses 30 ans ?

RM : Ici comme pour le reste, il faut se démarquer, cultiver les différences. Tout le travail sur les animaux totémiques est intéressant. Ce devrait être systématique.

Et la Fèsta d’òc ?

RM : Il faut faire des choses. Il y aura de l’occitan dans certaines manifestations. Mais pas de communautarisme, je déteste ça.

Vous avez des envies particulières en termes de programmation ?

RM : Je ne fais pas de la politique pour moi. Mes goûts n’ont pas à intervenir…

Il n’y aura pas un élu chargé de l’occitan ?

RM : Non, mais chaque secteur (enseignement, culture) pourra intégrer de l’occitan.

Vous avez été soutenu par des partis très jacobins (FN, RPF, MPF, DLR…) qui sont des adversaires avérés des langues régionales. Vous allez donc vous démarquer de leur idéologie sur ce terrain là ?

RM : Ce n’est pas moi qui doit les suivre ou pas. Ils ont signé mon programme et m’ont soutenu en connaissance de cause. C’est eux qui m’ont rejoint.

Si vous aviez été député, vous auriez voté la proposition de loi visant à ratifier la charte européenne des langues minoritaires ?

RM : Je ne répondrai pas à cette question. Je ne fais pas de politique nationale. Je fais de la politique pour Béziers.

Entretien : Benoît Roux

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