Si le député du Finistère reçoit son premier portefeuille de ministre, ce spécialiste des questions de police et de justice au sein du parti Socialiste. Il était président de la commission des lois de l’Assemblée Nationale. Mais il mène discrètement un combat pour sa région. Et pour les langues régionales.
Son combat pour la langue bretonne et les langues régionales
Il a été le bras droit de Bernard Poignant, celui qui avait fait un rapport sur les langues régionales pour Lionel Jospin. Dans un interview au télégramme de Brest il confie : « Il a été mon assistant parlementaire de 1984 à 1986. Ensuite, j’ai perdu mon siège. Je l’ai retrouvé en 1988. Et puis, en 1989, il est devenu mon directeur de cabinet lorsque j’ai remporté les élections municipales. Il l’est resté pendant mes deux mandats avant de venir maître de conférence à la fac de droit ».
Qui est Jean-Jacques Urvoas ?
C’est à l’Assemblée Nationale qu’il mène, accompagné de l’écologiste Paul Molac, et avec la complicité du Les Républicains Marc le Fur, le combat pour la reconnaissance des langues régionales.
Avec Bruno Le Roux ils déposent fin 2013 une proposition de loi constitutionnelle pour tâter le terrain. Elle a été votée à l’Assemblée le 28 janvier 2015 à une large majorité (361 pour, 149 contre). « Nous avons été surpris par l’ampleur du score. Démonstration était faite qu’il y avait une majorité pour la ratification ». C’est à lui que François Hollande s’adresse encore en juin dernier pour relancer le processus de ratification.
Jean-Jacques Urvoas, qui fut maître de conférences en droit constitutionnel à l’université de Brest, connaît la question par cœur. Il n’a cependant pas réussi à convaincre une majorité de d’élus, qui ont « enterré » le projet au Sénat en octobre. Il avait pourtant écrit à son homologue du Sénat Philippe Bas (LR) : « Je connais votre radicale hostilité de principe à ce texte. Aucun des procès en sorcellerie que l’on intente à la charte n’a de réel fondement. Les langues régionales ne sont pas le symptôme honteux de quelque repli pathogène sur soi, qui révélerait en dernier ressort un manque d’ouverture sur le monde. » Depuis, il s’est fait discret sur la question. Il n’était pas présent lors du vote de la proposition de loi de Paul Molac. Sans doute déjà occupé par le dossier Taubira et la commission des lois.
Jean-Jacques Urvoas, qui fut également conseiller régional en 2004, milite pour la fusion du conseil régional de Bretagne et des quatre conseils généraux en une grande assemblée territoriale. Il a également proposé un assouplissement du « droit d’option » qui aurait favorisé le rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne.
Il finit par devenir Ministre
Il était pressenti pour être le ministre de l’Intérieur du premier gouvernement de Manuel Valls en avril 2014. Un breton est bien entré au gouvernement, mais ce n’était pas lui, c’était Jean-Yves le Drian. Jean-Jacques Urvoas, social démocrate et proche de Manuel Valls, a alors continué son travail à la présidence de la commission des lois au sein de l’Assemblée Nationale. Un poste néanmoins stratégique. Jean-Jacques Urvoas, spécialiste au parti socialiste des questions de police et de justice, et conseiller de François Hollande durant sa campagne a donc remplacé Christiane Taubira place Vendôme.
La conviction en coulisses
L’homme est à la fois discret, et très disert sur les réseaux sociaux. Il est l’un des premiers politiques en France les avoir utilisés – lui-même – dans le cadre de ses mandats locaux. Son blog est une référence sur des sujets d’actualité comme sur des éclairages juridiques sur la loi ou le droit constitutionnel, et bien sur les questions de justice et de police. Il y avait indiqué qu’il était contre la peine d’indignité nationale.
A la fin de son premier mandat de député, en 2012, il avait publié un livre, « Manuel de survie à l’Assemblée Nationale – l’art de la guérilla parlementaire », où il racontait les coulisses de la création des lois.
Stéphane Grammont / Benoît Roux