Quelques heures seulement après le rejet par les députés d’une proposition de loi protégeant les langues régionales le 14 janvier, le site du ministère de la Culture et de la Communication (toujours Fleur Pellerin) via la DGLFLF (Délégation Générale à la Langue Française et aux Langues de France) publie un article : « Vers une norme française pour les claviers informatiques ». Où l’on apprend que les futurs claviers tiendront compte des langues régionales. Pas de lien évidemment entre cette nouveauté et la loi de Paul Molac honteusement ripée, mais les avancées en la matière sont si rares qu’elles méritent d’être relevées. Plus besoin d’acheter son clavier à Barcelone ou de taper « alt + 0225 pour le á » et « alt + 0237 pour le í » parfois pour écrire l’occitan.
Avec un peu de retard, la France veut donc suivre l’exemple de ses voisins européens qui ont déjà imposé un modèle de clavier intégrant les spécificités de leur langue. Le Ministère de la Culture a chargé l’AFNOR (Association française de normalisation ) d’identifier et recenser toutes les difficultés rencontrées avec les claviers AZERTY utilisés en France. On pense notamment aux majuscules accentuées qui peuvent poser problèmes, mais aussi aux ligatures de type « œ », au « ç » majuscule qui n’est pas possible et bien sûr aux difficultés rencontrées par les langues régionales comme l’occitan. Et ô miracle, le cahier des charges va très loin : « Il paraît indispensable que ce clavier permette l’utilisation aisée non seulement du français, mais aussi des différentes langues présentes sur notre territoire, que ce soit des langues régionales ou des langues étrangères ».
Et le site de poursuivre : « Ainsi, en occitan, il doit être possible d’ajouter des accents graves et aigus sur toutes les voyelles (A, E, I, O, U) de l’alphabet, que ce soit en majuscules ou en minuscules, ces signes diacritiques étant relativement courants. En catalan, il est en plus nécessaire de pouvoir recourir au point médian [·]. Pour toutes les langues polynésiennes, l’usage du «tārava » ou longueur vocalique, représentée par la voyelle surmontée d’un macron [ē], de même que celui de l’apostrophe courbe (comme dans ’Ia ora) est très fréquent. En breton, enfin, il est nécessaire de disposer du caractère n tilde [ñ] comme dans le mot « Enankañ ». La saisie du [C’h] ne pose quant à elle pas de difficultés avec le clavier français courant. »
Ce projet devrait être finalisé avant l’été. Il sera alors présenté en enquête publique pour recueillir les avis et contributions des utilisateurs, avant mise à disposition de tous les fabricants.
Lo Benaset