Quoi de mieux pour un musicien -et pour un mortel- que de maîtriser le temps? C’est exactement ce que fait Augustin Charnet, jeune artiste toulousain devenu par ailleurs maître des espaces sonores. Pianiste de formation, arrangeur par vocation, il s’est fait remarquer avec son groupe Kid Wise, puis récemment avec des arrangements et compos sur le dernier Cali. Il se dirige vers une carrière solo avec son tout nouveau clip « Vénus ». Augustin Charnet inaugure cette nouvelle rubrique consacrée à des artistes D’empr’aquí, de par ici.
24 ans et un parcours déjà riche
Il faut savoir saisir le temps. Telle pourrait être la devise d’Augustin Charnet. 24 ans et déjà un solide parcours musical : des groupes comme Kid Wise aujourd’hui en sommeil (2 albums), After Marianne désormais éteint (2 EPs). Des collaborations logiques de par ses univers sonores (Christophe voire julien Doré) ou plus surprenantes (Cali). Il a aussi travaillé pour les rappeurs Rilès et Disiz la Peste.
La voix au début dérange presque autant que l’univers du pianiste planant, répétitif et éthéré attire. Alors oui, il faut prendre le temps de s’en imprégner, de se laisser dérouter et re-router.
Maître du temps
Dans ses vidéos comme l’excellente reprise du tant entendu « Ne me quitte pas » on le voit s’installer et s’inspirer une vingtaine de secondes avant d’égrainer la première note de piano et y suspendre sa voix. Le silence après du Mozart est encore du Mozart; le silence avant du Charnet est déjà du Charnet.
D’une interprétation très extravertie de Brel, il fait quelque chose de plus intimiste, poétique et obsédant. Avec des déchirures vocales en points d’orgue célestes, un final somptueux et paradisiaque. Du Brel comme jamais entendu.
« Vénus » onirique, planant et lunaire
Dans son nouveau clip format diapo, ça commence à bouillonner grave et sourd en suivant la chaîne sous-marine, avant des sons plus cristallins en surface. Une bonne minute avant la rythmique et encore plus tard, les premiers mots.
Le style s’affine et s’affirme mais les ingrédients restent les mêmes. Un gros travail sur les sons, un univers sonore tissé en différentes couches comme un peintre. Des claviers qui s’avancent et plantent le décor, des basses résonnantes qui le définissent, des notes de pianos qui l’élargissent.
« Vénus » auteur compositeur interprète Augustin Charnet réalisé par Johann Dorlipo
Et la voix toute en retenue et qui se fond dans les espaces de ce nouveau morceau où les émotions passent. Les paysages sonores sont, comme d’habitude, très travaillés et envoûtants.
L’esthétisme est lui aussi la marque de fabrique de l’artiste. Des clips où l’image est travaillée, onirique, presque peinte, avec des lumières apprivoisées. Et une fin où, là-aussi, il faut laisser le temps filer jusqu’au dernier souffle.
Ce petit joyau n’annonce pas encore son premier album solo. Un deuxième titre est annoncé pour l’été, un autre à la rentrée. Pas question de brûler les étapes : l’album ne sortira qu’en 2021. Toujours dompter le temps.
Augustin Charnet est l’organisateur du Spring at Home Festival qui aura lieu le samedi 28 mars à partir de 20H30 en live sur le compte Instagram du festival, créé spécialement pour l’occasion.
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Au programme entre autres Cali de chez lui à Perpignan, Mathilda (After Marianne) de Cannes, et d’autres artistes en live de France, d’Iran ou des US.
Benoît Roux