Et si le coronavirus était en train de créer une nouvelle forme de musique? En tous cas une manière différente de l’écouter et de la ressentir. Depuis le début du confinement, grâce à la technique, les artistes arrivent à produire une oeuvre commune, chacun enregistré depuis le salon, une salle de musique et filmé par ses propres moyens.
Ensuite, beaucoup plus vite que le virus, le morceau se diffuse des milliers, des millions de fois avec les réseaux sociaux. C’est vrai que nous avons le temps actuellement de les suivre.
La nouvelle saison de Bella Ciao
« La Casa de Papel » qui a redonné une seconde vie à ce chant révolutionnaire vient de reprendre sur Netflix. Mieux que quiconque, les scénaristes savent que le confinement est propice à construire des personnages intéressants, à les faire évoluer, se surpasser et en l’occurrence…. dégoupiller! Dans un autre genre de confinement, les musiciens eux aussi deviennent créatifs.
Précurseur, dès le 20 mars, le Serbian National Theater Orchestra dirigé par un chef italien (ceci expliquant cela) met en ligne une vidéo aux prouesses techniques indéniables. « Unimalontani » (unis mais éloignés), les musiciens ont imaginé une version symphonique de cet hymne à la résistance, célèbre en Italie mais pas que. Chaque musicien filmé chez lui et ensuite parfaitement synchronisé. « Masques bas! » comme on dirait à la Casa.
Coup d’essai, coup de maître. Alors une fois les questions passées « Comment ont-ils fait? », « Quelles applications utilisées? », le commun des musiciens s’est dit : et pourquoi pas nous… Idéal pour faire répéter un orchestre, un ensemble, une chorale.
L’Occitanie n’est pas en reste
Mardi 7 avril, les musiciens de l’Orchestre National du Capitole publient une vidéo de l’enregistrement d’un morceau un peu moins connu : La Damnation de Faust de Berlioz. Avec un début plus original et des images différentes. A les écouter, à les voir, on se dit que l’on est vraiment devant un nouveau spectacle, une nouvelle forme de concert. D’autant plus que l’humour n’est pas en reste. « Ca sonne un peu Faust » nous dit la présentation. La vidéo se conclut avec Louis De Funès : « C’était pas mauvais, c’était très mauvais! » Petit rappel fait par un lecteur : La Marche Hongroise de Berlioz jouée apparait dans « La grande vadrouille » au début du film. Louis de Funès y est chef d’orchestre et dirige la pièce en entier avant d’entamer un véritable sketch qui est mythique pour tous les musiciens classiques,
A Montpellier, les musiciens de l’Opéra Comédie version « Do Brazil » veulent donner redonner un petit air de fête. Les violons altos se sont réunis pour reprendre un classique de Bossa Nova « Manhã De Carnaval » du compositeur brésilien Luiz Bonfá.
Sur son site, l‘Orchestre National de Montpellier s’invite régulièrement chez vous depuis un certain temps. La chaîne Soundcloud propose gratuitement en replay des concerts de la programmation et des applications pédagogiques dont une série éducative de podcasts sur le fonctionnement de l’orchestre.
Plus récent et publié hier mardi 7 avril, la Maîtrise du Conservatoire de Toulouse à choisi l’hymne local « Se Canto ». Un Chœur virtuel enregistré en version originale occitane et française avec des enfants.
Du temps d’avant le confinement, Guillaume Lopez, faisait danser toutes les générations avec l’une de ses formations. Maintenant, il est Soli-Solet chez lui et publie des vidéos sur sa chaîne. Il vient de reconstituer en partie le GRAND BAL avec ses potes musiciens. Ils ne sont plus 10 sur scène mais 5 artistes a l’ostal.
j’ai eu le bonheur de participer à ça… https://t.co/aBiJsHPqT3
— ESPINASSE JM (@JmEspinasse) April 6, 2020
En France aussi
Partout, ces vidéos cartonnent. Il faut dire qu’il y a là une curiosité, que les œuvres son connues, les morceaux plus courts et donc plus accessibles. Les 51 musiciens de l’Orchestre national de France ont été vus plus de 2 millions de fois. Là aussi un petit miracle, avec cette version du « Beau vélo de Babel » comme aurait dit l’ami André Minvielle. Ca commence comme d’habitude par une présentation des musiciens dirigés -peut-on le dire encore en telles circonstances – par Emmanuel Krivine.
Et pour rester dans l’humour et la créativité de Minvielle, voici une version toute particulière, voire très surprenante du Boléro... Avec un percussionniste italien (si! si! il a un paquet de pâtes!) et l’entrée d’un joueur de cor du plus bel effet. Merci Pierre Willocq de m’avoir transmis ce chef-d’oeuvre.
Joie confinée à Rotterdam
L’Orchestre philharmonique de Rotterdam, emboîte le tempo. Avec un morceau là-aussi symbolique l’« Ode à la joie », de la Symphonie n° 9 de Ludwig van Beethoven. De quoi d’ailleurs redonner une autre vie à ces oeuvre, d’autres arrangements. Ici, moins de spontanéité sans doute, plus de musicalité et d’application. Et les célèbres chœurs sans doute datant du temps d’avant.