Samedi 14 novembre 2020, l’Orchestre National du Capitole de Toulouse donnait son deuxième concert depuis le confinement. Plus de 30 000 personnes ont pu le suivre sur les réseaux sociaux et sur le Facebook de France 3 Occitanie. Un événement à plus d’un titre.
Dans le monde d’avant, les musiciens s’accordaient avant le concert, dans un moment toujours féerique. Dans le monde d’après, un ballet plus mécanique se met en place : celui des caméras et des grues pour retransmettre l’événement. Après un premier concert le 31 octobre dernier, l’ONCT s’est mis au diapason de la conjoncture en permettant à son public de pouvoir garder le lien. Retour sur des moments uniques, parfois magiques.
18H pétantes, le top est lancé en régie. Le réalisateur Arnaud Payen vient de donner les dernières consignes. Le son est prêt, les 8 caméras en mouvement. Les applaudissement n’accompagneront pas l’arrivée des solistes et du chef.
La baguette de Fabien Gabel va se lever. Au programme, le concerto N°2 pour piano de Saint-Saëns. Face au clavier, un invité prestigieux : le toulousain Bertrand Chamayou. Il devait se produire à Varsovie mais… Un pianiste devait jouer à Toulouse mais… Alors quand on l’a appelé pour remplacer, les dieux de la musique se sont accordés très vite. Car avec l’ONCT, Bertrand Chamayou se sent comme à la maison. « C’est un peu comme quand on ne va pas bien. On va voir la famille et on trouve du réconfort. J’étais très ému d’être là. D’entendre l’orchestre dans la Halle aux Grains vide, c’était très puissant. »
Le musicien international est aussi chez lui avec Camille Saint-Saëns. C’est l’un de ses compositeurs français favori. Pas besoin de partition devant les yeux, il fait corps avec la musique et l’orchestre. L’énergique chef Fabien Gabel a déjà quelques gouttes de sueur au front. « C’est la première fois que je dirige sans public l’ONCT. C’est un sentiment très étrange. L’important c’est de continuer à jouer quoi qu’il arrive. Pour moi c’était un concert comme les autres, avec la même exigence. Là on donne du plaisir via les réseaux sociaux. C’est déjà bien, mais j’espère que ça ne durera pas trop longtemps. » Le chef terminera le concert en nage. Le concerto de Saint-Saëns et la valse de Ravel étaient intenses.
A quelques portées de la Halle aux Grains, Michel Pertille est aussi à la maison. Comme d’habitude, il s’est abonné à l’orchestre pour la nouvelle saison. Mais c’est derrière son ordinateur qu’il suit ce deuxième concert de confinement. « Ça se passe très bien. Très content de retrouver l’Orchestre du Capitole. Ce serait plus frustrant de ne rien avoir que de bénéficier d’un live comme celui-là. On peut garder le lien avec l’orchestre. Ça ne peut pas remplacer le vrai concert mais on doit soutenir ces musiciens que l’on aime tant ! » Lors du premier confinement, il avait renoncé au remboursement de son abonnement. Là, il n’a pas encore pris sa décision. Mais c’est sûr, il n’aspire qu’à une chose : « revenir à la Halle aux Grains et ressentir les émissions en direct. »
A la pause, la HAG paraît encore plus grande et vide. Beaucoup de musiciens restent dans la salle pour échanger entre eux et avec les quelques personnes qui sont dans le public. Il se dit déjà que les connexions sur le Facebook et la chaîne YouTube de l’orchestre sont nombreuses. Le concert est aussi diffusée sur le Facebook de France 3 Occitanie. On peut en profiter en direct, mettre sur pause et reprendre plus tard. C’est un peu à la carte. Une nouvelle façon de profiter de la musique.
Pour les musiciens, le plaisir de rejouer l’emporte sur ce vide laissé par le public. La clarinettiste Floriane Tardy ne cache pas sa joie de pouvoir faire son métier, même dans ces conditions. « On est complètement dans le moment présent, dans l’écoute, pour donner le maximum au public. C’est agréable de savoir qu’il y a beaucoup de monde qui regarde. Avec cet écran, on a envie de donner encore plus car on sait que c’est capté, que ça va rester. «
Après plus d’une heure de concert, le chef envoie la dernière estocade pour un final somptueux. Avec un inédit : c’est l’orchestre qui se fait public et qui applaudit : « C’est nouveau. On joue aussi pour nos collègues, en fonction de ce qu’ils font. On joue pour un ensemble et on a envie spontanément de s’applaudir. » A l’image de tous les musiciens, Floriane a le sourire aux lèvres. Thierry d’Argoubet aussi. Le délégué général de l’ONCT exulte : « C’était un moment très très fort, on a cassé la baraque! » La baraka pour l’Orchestre National de Toulouse : plus de 30 000 vues sur les réseaux sociaux. « L’ONCT c’est l’orchestre de tous les Toulousains mais aussi des Italiens, des Américains, des Allemands, des Anglais… On a reçu des commentaires de partout nous comparant aux orchestres les plus prestigieux. Pour nous c’est un moment très très fort ».
Merci à tous d’avoir été si nombreux pour ce live 🥰
Ce soir, on vous montre les équipes qui permettent de rendre possible la diffusion de ces concerts !
Encore un grand bravo à elles et aux artistes 👏 pic.twitter.com/vQmo587bOh
— ONCT (@ONCT_Toulouse) November 14, 2020
Un concert et une opération très aboutis, mais une réussite artistique qui ne peut pas occulter les interrogations économiques. L’ONCT fait tous ses concerts à budget constant. Les musiciens sont payés par la Métropole de Toulouse, les chefs et solistes qui viennent pour jouer font des efforts financiers.
Ce concert -comme le prochain prévu le 28 novembre- était gratuit. Il donne une visibilité à l’orchestre mais pas de viabilité économique. La solidarité de l’Etat et des citoyens est donc plus que jamais vitale. Sans oublier de rappeler que LA CULTURE EST ESSENTIELLE.
Reportage France 3 Occitanie : B. Roux R. Guillon E. Hebert J. Eon
Benoît Roux
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