Trois jours après sa première victoire professionnelle sur la 13e étape du Tour d’Espagne, Warren BARGUIL (Argos-Shimano) en recolle une au sommet des pentes du Sallent De Gállego, battant le colombien Rigoberto Uran (Sky) d’un boyau sur la ligne.
Warren Barguil (Argos-Shimano) remporte sa deuxième victoire sur la Vuelta/ PHOTO © Vuelta 2013
L’issue d’un combat magnifique dans la province d’ Aragón, où le « petit Breton » Warren BARGUIL, ancien licencié du club d’Étupes a d’abord réussi à s’extirper du groupe maillot rouge pour jouer les passagers solitaires dans la difficile montagne espagnole. Le formidable spectacle pour la deuxième représentation consécutive, de ce « Wawa » d’Hennebont du côté de Lorient, en train d’offrir au public français quelques-unes de ses plus belles émotions de l’année sur une des plus grandes épreuves du monde. Et dire qu’on moquait encore la jeune école du cyclisme français, il n’y a même pas quelques jours, dans une presse décidément plus prompte à brûler le bois vert qu’à soutenir des efforts de longue haleine nécessaires pour espérer un jour peut-être, voir briller nos jeunes pédaleurs professionnels au plus haut niveau. Ce subtil édifice morbihannais en devenir par exemple… qui attendait son heure dans la dérobée et la maraude médiatique. Bien lui en a fait ! Contrairement à d’autres « antichambres » drainant déjà les cœurs dans l’enceinte des foules innombrables par speakers et autres porte-voix officiels interposés… Des « cadets » déjà encensés comme des vétérans, trempés de la tête aux pieds dans le grand bain euphorique de l’unanimité à la première caracolade en tête de la meute, et avant d’être replongés au fond des arrière-cours publicitaires sitôt la moindre descente négociée à grands coups de patins… Cet appétit insatiable des vitrines consacrées du monde moderne pour les qualificatifs de foire et les trompettes empoisonnées. À moins, justement de savoir profiter de tout ça pour apprendre l’âpreté et la veulerie versatile des belles manières éditoriales… De bonnes séances de « cramage » d’idoles à peine sculptées, à prendre pour ce qu’elles sont comme simples méthodes d’agitation rentable et de divertissement lucratif. Rien en somme qui ne saurait heureusement souffrir de quelque considération d’importance. Qu’on se rassure donc ! avant de retourner illico à notre séance de pédalage en Espagne d’où l’on était partis fiers et remontés comme des coucous. Qu’on se rassure sur un avenir radieux du cyclisme comme on l’aime, et sans besoin d’en rajouter des louches pour rameuter les audiences et les parts de marché.
Nacer Bouhanni (FDJ.fr) remporte le prix des Fourmies/ PHOTO © Presse sports
Une deuxième banderille plantée dans les Pyrénées castillanes par un jeune Français au comble de sa motivation. D’accord, puisque ce n’est pas le Tour de France, tout le monde s’en fout ! La Vuelta, comme le prix de Fourmies où que sais-je encore de l’immense calendrier anonyme du cyclisme professionnel pré et post-Grande Boucle. Car, tout le monde sait bien qu’en dehors de la grande machinerie commerciale cycliste de juillet, point d’écho n’est à espérer au-delà de Landerneau. (Avec tout le respect que l’on doit bien sûr au grand prix de cette petite cité Bretonne, ainsi qu’à toute l’estime qu’il convient également de porter à l’Étoile cycliste aux commandes de la jolie manifestation sportive d’entre le pays Léon et celui des Cornouailles. Cette épreuve finistérienne « amateur » qui sied généralement au jurassien Wilfrid Coulot respectivement 1er et 2e des deux dernières éditions). Vous priant de m’excuser pour cette digression, comme nous pourrions tout autant nous excuser d’encore parler de vélo alors que le grand sprint des Champs Élysées est bel est bien plié depuis plus d’un mois maintenant ! Un Tour du centenaire ingurgité de la tête (de Maure) jusqu’au pied de « la plus belle avenue du monde » son McDo, ses Kebab, ses boutiques de fringues fabriquées au Bangladesh et ses touristes chinois… Le Tour de France comme ultime objet d’adoration de notre grande culture populaire nationale. Une grande bouffe annuelle où le monde entier est convié à se goinfrer, amoureux du cyclisme ou seulement du cliché qui s’y rapporte. Mais passons…
La victoire d’Alexandre Geniez sur la 15e étape de la Vuelta
Thibaut Pinot sur la Vuelta (FDJ.fr)
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Depuis quelques jours, la France, d’abord déclarée un peu « perdue » au milieu du peloton professionnel engagé sur les routes du Tour du centenaire, montre de nouveau les dents sur tous les fronts. Un vrai festival ! Comme si la fin de saison ou les premiers signes de l’automne qui annonce déjà l’hiver sordide, tout gelé et plein de pluie, galvanisaient quelques cyclards promis au meilleur après avoir connu le pire ces derniers temps. Allez savoir pourquoi ? Tout un cyclisme tricolore revigoré, dans la suite logique d’une image encore toute fraiche d’un Christophe RIBLON qui aura déclenché une frénésie de « cuicuitage » sur les réseaux sociaux, au sommet de l’Alpe d’Huez le 18 juillet dernier. #Riblon à fond ! #Allez Crici… #Vas-y, tu vas le bouffer le ricain ! #Tu peux le faire ! #Toute la France est derrière toi mon pote. # Tremblay-lès-Gonesse #Putain, mais c’est où ce machin ? #La Seine-Saint-Denis #C’est de la bombe bébé !!! #Dommage que c’était pas le 14 juillet ! #Et Thibaut, il est où Thibaut ?!…
Le Franc-comtois Thibaut Pinot (FDJ.fr) au bout de la 16e étape de la Vuelta conforte sa 7e place au général
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Ce silence radio alors, jusqu’à cette deuxième semaine passée sur les routes du Tour d’Espagne où l’on découvre un tout autre visage du nouveau leader de la « Française ». Ce Thibaut PINOT que tout le monde avait découvert une année plus tôt. Fort, guerrier, et bien dans sa peau dans le top 10 du classement général. Jusqu’à ce que Warren BARGUIL, la jeune recrue d’Argos-Shimano, lève lui, carrément les bras sur la 13e étape de la Vuelta ce vendredi 6 septembre. Le début d’une série de victoires pour le peloton Français dont personne n’aurait osé miser le moindre kopeck (soit un centième de Rouble… comme le définit l’encyclopédie. Juste pour vous dire la valeur qu’on était tous prêt à débourser sur une possibilité d’un sursaut extraordinaire des coureurs français avant les premières neiges… BARGUIL, puis Alexandre GENIEZ le lendemain sur la même course au sein d’une FDJ.fr euphorique au moment même où Sandy CASAR annonçait sa retraite du peloton. BARGUIL, GENIEZ puis Nacer BOUHANNI qui s’offre le Grand Prix de Fourmies en battant au sprint l’Allemand André GREIPEL. Excusez de la performance ! BARGUIL, GENIEZ, BOUHANNI, et encore BARGUIL en train de battre des records de « like » et de # sur les réseaux sociaux… On ne les arrête plus !
JL Gantner