Dimanche 2 septembre 2012. Jérôme COPPEL (Saur-SojaSun) remporte la 14e manche de la Coupe de France (PMU) à l’issue d’une longue échappée de 160km sur les terres tourmentées du département du Doubs. Un ciel « magnifique »… comme un phénomène naturel mystérieux sur la ligne d’arrivée, après quelques 5 heures de course sous la grisaille, la bise et le crachin.
L’échappée quelques kilomètres avant l’arrivée/ PHOTO © J-M Picard
Un décor autour du peloton, dans la méthode du peintre Gustave Courbet, si vous voyez le tableau !… Un des trucs du Président Jean-Louis Perrin pour se faire remarquer en haut lieu sûrement ! Deux ans que ça dure ! Un temps de chien, mais une course fantastique. D’abord ce défilé des stars sur le podium installé à Morteau pour le protocole des signatures et des Franc-Comtois qu’on commence à avoir du mal à compter dans les rangs des coureurs professionnels comme cette « Française des jeux » (FDJ-Bigmat) rebaptisée dorénavant : « La Franc-Comtoise !… » au sein de la grande famille cycliste régionale. Oui, bon, même si c’est un peu chauvin ! Dans le désordre : Francis Mourey, le garçon originaire de Chazot, 6 fois champion de France de cyclo-cross (rien que ça !…) ; Arthur Vichot de Colombier Fontaine, le vainqueur de l’épreuve en 2011 ; Thibault Pinot 10e du Tour de France cette année pour sa première participation. Thibault Pinot qui ne peut plus tourner la tête sans trouver un fan pour lui demander un autographe après son exploit du mois de juillet. Le coureur de Mélisey carrément en retard au protocole, attendu par toute son équipe qui fait le rond de flan derrière le micro de Daniel Mangeas (la voix du Tour) gentiment moqueur en attendant l’arrivée de la star internationale sur la place de la mairie. Son pote Arthur qui prend le micro à son tour pour tacler le héros de Porrentruy : « Il a pris le melon… » Thibaut enfin devant les caméras de France 3 pour répondre que « c’est Arthur qui a toujours eu la grosse tête ! » Une bonne partie de potache vous l’aurez compris, pour démontrer s’il en était besoin l’esprit de franche camaraderie qui règne dans l’équipe qui accueillera bientôt le Haut-Saonois Laurent Mangel. Emilien Viennet (ex CC Étupes dorénavant, comme l’est aussi Kenny Elissonde qui accompagne la troupe ce dimanche) faisait quant à lui son baptême de coureur professionnel au sein de la formation de Marc Madiot et conduite pour la circonstance par le jeune entraineur Julien Pinot. Une « Française » toute « Franc-Comtoise »… sur les routes du Doubs, sans oublier Morgan Kneisky sous les couleurs de (Roubaix-Lille Métropole) ou encore Jean Eudes Demaret (l’ancien de l’Amicale) chez (Cofidis). Une composition régionale comme un chef d’œuvre du genre attendu par le public du Haut Doubs avant le départ donné peu avant midi.
Emilien Viennet/ PHOTO © JM Picard
Et les artistes n’auront pas attendu bien longtemps pour mettre le feu à la toile (où l’on revoit inévitablement cette image d’un Jimmy Hendrix cramant sa Stratocaster en 1967 sur la scène du festival de Monterrey… ou encore Klein en 1961, Yves Klein et ses œuvres écrites au lance flammes… Ouahouhhh !!!) Le résultat d’un beau coup de crayon du Vélo Club des Cantons de Morteau-Montbenoit pour dessiner une belle bagarre sur le parcours. Un des plus difficiles de la Coupe de France habituellement cantonnée aux aquarelles bretonnes. Une bagarre finalement favorable à quelques baroudeurs épris de belles choses et de mouvements esthétiques sur leurs bécanes chauffées à blanc. Vichot, Coppel, Peraud, Koretzky, Bidaud, Georges, Gougeard et… Viennet. De la belle ouvrage bien charpentée au sommet de la première bosse dans les montagnes du Lomont , et le résultat d’une sculpture à 8 fuyards pour foncer droit vers Bouclans, Nancray, Gennes près de Besançon et puis Ornans et son musée des beaux arts… le trait de génie d’un p’tit gars qui avait faim dès le matin, Emilien Viennet en pleine esquisse d’une carrière en devenir dans la roue de maitre Arthur qui tiendra la main de son apprenti jusqu’au sommet de la vallée de la Loue. Un peloton (Roubaix) et (Europcar) enfin décidé à mettre en route, qui commence d’être « réaliste », plusieurs minutes derrière l’avant-garde de la journée (L’hommage nécessaire au maitre de peinture Franc-Comtois) s’il veut figurer sur le tableau final à Pontarlier.
Le peloton avec Thibault Pinot (FDJ-Bigmat)/ PHOTO © JM Picard
L’échappée/ PHOTO © JM Picard
Le peloton dans la vallée de la Loue/ PHOTO © JM Picard
Dans les derniers mètres du pire « accident de parcours » vers Houans, le champion d’Europe de cyclo-cross junior craque, 100 bornes d’échappée dans les jambes. Emilien qui n’aura pas démérité pour sa première chez les pros et après la pire saison de sa vie de coureur cycliste à cause de problèmes de santé récurrents cette année. L’irrémédiable image d’un combat à mort peint sur les escarpements de la vallée de la Loue comme ces chefs-d’œuvre encadrés dans les galeries artistiques de Florence ou de St Petersburg. Une scène du Caravage au meilleur de sa forme. Cette « décapitation d’Holopherne » par exemple… Donatello, Rubens, le Titien qui prennent maintenant les relais pour rejoindre les rives du lac de St Point. Ce drame qui couve d’un retour inéluctable de la troupe sur les héros tragiques de l’histoire. Un grand thème des courses cyclistes, parfaitement composé ce dimanche 2 septembre en approchant de l’ogre du Larmont. Une pente redoutable, ce « supplice de St Jean-Sebastien » (Antonello de Messine – 1476) ou bien cette « Mort d’Hercule » (Fransisco de Zurbaran – 1637) auquel « tout le public » pense, accroché au dénivelé du juge de paix traditionnel de l’épreuve. Arthur Vichot en difficulté, mené maintenant par un ancien fondeur, un Haut-Savoyard qui connaît bien les lieux et ce goût du supplice sur la route du triomphe. Le coureur de Colombier-Fontaine qui nous avait fait vibré sur le Dauphiné au mois de juin, un roi déchu dans les ultimes pourcentages quelques kilomètres seulement avant la ligne d’arrivée. Avalé par une organisation qui collabore maintenant pour en terminer sous le soleil et un ciel de Carthage… La foule déchainé galvanisé par ce sorcier de Mangeas perché sur sa tribune, hurle son ardeur à l’arrivée des champions de Troie et d’Athènes, un panthéon sportif maintenant à portée de tir de la ligne d’arrivée. La fin d’une Odyssée qui couronne finalement un prince du duché de Haute-Savoie devant sa famille qui avait le déplacement, Jérôme Coppel au sprint avec les rescapés de la rébellion Georges et Bidaud, et le geste qu’il faudra également retenir, celui d’une belle accolade avec Arthur Vichot derrière la ligne pour montrer le fairplay des artistes face à leur œuvre accomplie. Un beau tableau à accrocher sur les murs de la mémoire sportive de Pontarlier ! Jean-Luc Gantner
CLASSEMENT
(Top 5)
1 Jérôme COPPEL Saur-Sojasun les 199 km en 04h34’11 »
2 Sylvain GEORGES AG2R La Mondiale 00
3 Jean-Marc BIDEAU Bretagne – Schuller 00
4 Samuel DUMOULIN Cofidis le Crédit en Ligne 00
5 Geoffrey SOUPE FDJ-BigMat 00
(Les autres Franc-Comtois)
35 Thibaut PINOT FDJ-BigMat 00
60 Arthur VICHOT FDJ-BigMat 00
68 Francis MOUREY FDJ-BigMat 05:44
71 Morgan KNEISKY Roubaix Lille Metropole 08:21
ABANDONS
Emilien VIENNET FDJ-BigMat
Kenny ELISSONDE FDJ-BigMat
COUPE DE FRANCE
Au classement de la Coupe de France, Samuel Dumoulin conforte sa position de leader. Le coureur de la (Cofidis) a dorénavant 41 points d’avance avant les deux dernières épreuves de l’année, Le Grand Prix d’Isbergues et le Tour de Vendée.