Europe Ecologie – Les Verts est en force à Lille depuis hier pour son université d’été. Militants et dirigeants réfléchissent, débattent, s’engueulent pendant trois jours. Ce rendez-vous traditionnel pour les partis politiques est toujours intéressant à suivre. Chez les écolos, cette année, c’est crucial. Les élections régionales, le retour au gouvernement, les alliances : Eric Alauzet, député écologiste du Doubs, et Cécile Prudhomme, candidate EE-LV pour les Régionales, nous donnent leur point de vue. Déjà, ces deux-là ne sont pas d’accord…
Déjà, Lille, « c’est pour réfléchir qu’on y va » raconte Cécile Prudhomme. Elle s’est penchée sur l’avenir des territoires ruraux : emploi, numérique et offre de santé au programme. Eric Alauzet est même dans la capitale du Nord depuis lundi pour une formation de trois jours, entre autres sur les finances publiques… Quand on vous dit que c’est du sérieux, une université d’été…
Après, quand même, l’intérêt, c’est ce qui va se dire sur les grands sujets du moment.
Retour au gouvernement ?
« Europe Ecologie – Les Verts » a quitté le gouvernement en mars 2014, à l’arrivée de Manuel Valls. Faut-il y revenir ? La question agite les écolos. Pour les sympathisants EE-LV, la réponse est oui à 80 % et pour les Français à 35 %. C’est un sondage qui l’avance (Ifop pour Ouest France le 15 août)
« Pour moi, c’est oui et sans équivoque… » affirme Eric Alauzet, le député du Doubs, « Ce débat de la participation ou non à des exécutifs est vieux comme notre mouvement. Il y a 25 ans, j’étais conseiller municipal d’opposition à Besançon. Rien que d’être là c’était déjà un signal envoyé au maire socialiste. Il faut aller au charbon, se faire entendre, négocier. On ne gagne pas toujours, même pas souvent, mais on est plus utile dedans que dehors… Il faut durer et être patient. » Même si certains jouent leur partition perso et rêvent tous les matins, en se rasant, de devenir ministre ? « Ce n’est pas exclu, répond le député du Doubs, mais il n’y a pas que ces ambitions individuelles… »
Cécile Prudhomme sera la tête de liste des écologistes en Bourgogne Franche-Comté (DR)
Cécile Prudhomme, elle, est contre un retour dans le gouvernement : « Manuel Valls n’est pas assez écolo et trop sécuritaire. Sa loi sur le renseignement qui touche aux libertés individuelles et collectives, pour moi, c’est rédhibitoire. » Elle accuse Manuel Valls d’être « anti-démocratique » : « Il a ajouté, en douce, Cigéo (enfouissement des déchets radioactifs, moi aussi, sur le coup, je n’ai pas compris tout de suite…) et c’est le Conseil Constitutionnel qui a dû l’invalider… »
Et les Régionales ?
En Bourgogne – Franche-Comté, EELV part en liste autonome, alors que les écolos ont codirigé la région de Franche-Comté avec le PS depuis 2004.
Et pour les régionales, une alliance avec les Socialistes est-elle envisageable, Madame Prudhomme ?
« On ne peut pas cracher tout le temps dans la soupe… ». Je me dis, tiens il y a une ouverture et Cécile Prudhomme ajoute : « Mais on ne peut pas tout accepter tout le temps » Ah bon, je me disais bien…
Pour Eric Alauzet, autre point de vue. Pour lui, c’est l’étude des risques qui doit déterminer l’autonomie ou l’union au premier tour : « Personnellement, je suis ouvert. Il faut penser en efficacité électorale. Dans certaines régions, comme le Nord Pas de Calais Picardie ou encore en PACA, il y a un risque Front National élevé. Dans ce cas de figure, toute la gauche doit être unie au premier tour. Sinon, on peut partir seul au premier tour, on va chercher notre électorat et on créée une dynamique pour le deuxième tour… » Là, une question s’impose : « Avec un autre risque, celui de faire moins de 5 %, seuil d’élimination pour le deuxième tour ? » « Là, c’est certain, on a intérêt à faire alliance avec le PS dès le début… »
Et pas forcément avec le Parti de Gauche. Jean-Vincent Placé, le sénateur écolo de Paris, menace même de démissionner si une alliance est conclue entre son parti et Jean-Luc Mélenchon…
Pour Cécile Prudhomme, la rengaine « Il faut tuer le PS » n’est « pas mon objectif. On travaille avec eux et le bilan n’est pas complètement négatif… Seulement, ils n’ont pas compris l’urgence climatique, ni le PS, ni le Front de Gauche d’ailleurs. Il n’y a que nous. »
Oui, mais pour ces régionales, le risque d’un moins de 5 % en BFC existe-t-il ? « Il existe toujours » reconnaît Cécile Prudhomme « Si on faisait plus de 9 % comme en 2010, ce serait merveilleux… »
Autonomie, alliance si oui avec qui, entrée ou non au gouvernement ? Ces questions n’ont pas fini d’agiter les militants d’Europe Ecologie – Les Verts…
Ah oui, j’allais oublier, tout ça en attendant la démission de Jean-Vincent Placé…
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Dernière nouvelle : il se passe toujours quelque chose chez EELV. Maintenant, c’est Jean-Luc Mélenchon qui leur claque la porte au nez…
« Jean-Luc Mélenchon s’est invité avec fracas vendredi dans les débats qui agitent les écologistes sur les alliances pour les régionales, le cofondateur du Parti de gauche les qualifiant de « sectaires » et demandant même à « ses amis de n’être dans aucune liste » avec eux. « Les Verts ont choisi de faire des listes autonomes mais, dans six régions sur 13, ils s’unissent à nous. Ils disent une chose et en font une autre ! En plus, ils veulent partout avoir la tête de liste et compter le score pour EELV: c’est sectaire… », a lâché M. Mélenchon dans un entretien à Sud Ouest publié au deuxième jour de l’université d’été d’Europe Ecologie-Les Verts. Et d’aller jusqu’à demander « à (s)es amis de n’être dans aucune liste plutôt que de subir cette annexion ».
« Jean-Luc le dit avec ses mots, mais il est vrai qu’il faut tout reconsidérer, repartir dans un climat plus respectueux », abonde Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, invité comme chaque année aux universités d’été des écologistes… »
(AFP)
