Une semaine après le « non » du conseil fédéral d’Europe Écologie les Verts au traité européen sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), le député écologiste de Besançon annonce qu’il ne suivra pas la ligne fixée par son parti. « C’est une question de cohérence », justifie Éric Alauzet, qui hésite encore entre le « oui » et l’abstention, alors que la plupart des parlementaires d’EELV suivront l’avis de leur conseil fédéral.
Deux parlementaires de la région s’opposeront en revanche au traité budgétaire européen: la députée PS de Besançon Barbara Romagnan et le sénateur MRC de Belfort Jean-Pierre Chevènement.
« Je n’ai pas envie de faire le grand écart ». Le député EELV Éric Alauzet ne s’imagine pas s’opposer à un traité européen qui engage la France sur un budget qu’il approuvera de toute façon, présence d’EELV dans le gouvernement d’Ayrault oblige. D’ailleurs, pour le médecin, pas de doute, « les choses bougent » au niveau européen. Tant pis donc si le parlement d’Europe Écologie-Les Verts s’est largement prononcé contre l’adhésion au TSCG, ce qui provoqua l’ire de Daniel Cohn-Bendit et d’intenses pressions du gouvernement.
« On peut être socialiste, de gauche et contre ce traité »
Des pressions auxquelles résisteront deux parlementaires de gauche de Franche-Comté. Barbara Romagnan, la députée PS de Besançon, ne cache pas depuis longtemps ses réserves sur ce traité: « Cela ne me fait pas rire de me retrouver dans une situation de vote différente de celle de la majorité, mais je voterai contre ce traité », confie-t-elle. Alors qu’elle votera la loi organique qui transposera en droit français la fameuse « règle d’or » imposée par le TSCG, « parce que je suis PS, je ne suis ni au Parti de Gauche, ni à l’UMP ». « Oui, on peut être socialiste, de gauche et contre ce traité, justifie Barbara Romagnan. Ce n’est pas plus incohérent que de voter pour un traité que l’on trouve mauvais ».
Un « non de soutien » donc, que pourrait revendiquer aussi Jean-Pierre Chevènement. Le sénateur de Belfort et le MRC soutiennent François Hollande « les yeux ouverts », mais s’opposeront au traité européen. L’ancien ministre dénonce son « effet récessionniste » et une « dépossession réelle des pouvoirs du Parlement » (lire son interview dans Atlantico).
Le député PS de Haute-Saône Jean-Michel Villaumé jouera lui le jeu de la majorité présidentielle. Il votera donc pour le TSCG, même s’il reconnaît que ce sera « sans enthousiasme ». « Il y a quand même eu quelques avenants sur la croissance notamment », soutient-il, précisant que ce sera la première fois qu’il votera en faveur d’un traité européen. La solidarité gouvernementale avant tout.
Jean-Marie Sermier: « La gauche mange son chapeau »
Quant aux parlementaires de droite, beaucoup voteront le traité « sans hésitation », à l’image d’Annie Genevard, la députée de la 5e circonscription du Doubs. « Ce traité a été réglé par Nicolas Sarkozy et repris à la virgule près par les socialistes, renchérit son collègue du Jura Jean-Marie Sermier. Certains députés UMP ne le voteront pas pour ne pas laisser imaginer qu’ils soutiennent François Hollande et Jean-Marc Ayrault, mais c’est bien la gauche qui mange son chapeau dans l’affaire. » Adhésion également du sénateur UMP du Doubs Jean-François Humbert, membre de la commission des Affaires européennes à la Haute Assemblée, qui trouve que le TSCG « apporte un plus ».
Le député UMP de Belfort Damien Meslot envisage de s’opposer au traité, au nom de la souveraineté nationale. « Elle appartient au peuple, pas aux technocrates », explique l’ancien porte-parole adjoint de Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle. « Je suis favorable à l’équilibre budgétaire, mais pas dicté par un organisme qu’on ne peut sanctionner par un vote ».
Le collègue du Territoire Michel Zumkeller (centre-droit) approuvera lui ce texte: « A l’UDI, nous sommes des Européens convaincus. Ce traité va dans le bon sens ».
On ne sait pas encore si les parlementaires de droite qui approuveront le TSCG voteront également le budget de l’État, influencé en grande partie par les engagements pris par la France à travers ce traité européen. Une question de cohérence, là encore…
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