Le politologue Dominique Reynié est un homme neuf en politique : pas de mandat en cours et une entrée récente sur la scène politique. Loin d’être totalement novice, on peut mettre à son crédit une certaine fraîcheur, de la spontanéité et de la réflexion dans ce qu’il dit. Le candidat Les Républicains n’est pas épargné depuis le début de campagne. Des coups qui viennent essentiellement de son propre camp. Pas sûr que l’engagement du Ruthénois pour l’occitan lui permette un retour en grâce auprès des Sarkozistes.
L’homme
Depuis qu’il a été désigné candidat pour les élections régionales en avril dernier, Dominique Reynié s’affiche ostensiblement avec ses couleurs occitanes et catalanes. Défenseur de la décentralisation, ses attaches régionales sont claires. Né à Rodez (Aveyron), il a entendu ses grands-parents parler occitan. Il dit être le symbole de ces générations sacrifiées de la transmission linguistique. Il comprend l’occitan mais ne le parle pas. En tous cas il le défend, non pas comme un repli mais comme une ouverture.
L’ancien animateur du « Monde selon Dominique Reynié » sur France Culture est un homme de réflexion, on pourrait presque dire un penseur. « Il faut réussir la fusion à partir de la question occitane. Je ne crois pas qu’on puisse la réussir si on ne nous donne pas un fond culturel ». Et le politologue d’enchaîner : « Dans le monde du livre il y a les conservateurs et les bibliothécaires. Les premiers, si vous les laissez faire, ils ne vous prêteront jamais un livre car ils veulent le conserver. Pour les seconds, leur seul souci est que le livre soit le plus lu possible. Il faut faire attention que dans le rapport que nous avons avec la langue, on ait un rapport plus de bibliothécaire que de conservateur. »
Ses propositions
Selon lui, il y a 3 temps : un pour reconnaître, un pour protéger et l’autre pour promouvoir. Reconnaître : « je veux que l’occitan deviennent langue officielle de la région. Comme le catalan ». Protéger : « assurer que ce qui existe déjà ne disparaitra pas et pour cela il faut promouvoir. On ne peut pas proposer une stratégie de conservation, de limitation. »
Dominique Reynié veut rapidement doubler le nombre d’enfants scolarisés dans l’apprentissage de l’occitan : de 5% à 10%. Pour cela, il faut perpétuer et renforcer les conventions Rectorat-Régions existantes.
Aider la diffusion : 60 000 livres édités en français tous les ans, 15 000 en catalan, 200 en oc. Pour la radio télévision : la région doit financer entièrement le cout des fréquences radios. De manière plus large, il veut débloquer 1M d’ € pour l’audiovisuel. Investir dans les contenus numériques, le théâtre, les courts-métrages, l’opéra, la musique, les grands événements culturels. Avec une idée originale : mettre de l’occitan dans une « Silicon Valley » du film d’animation qu’il veut faire à La Ménagerie près de Toulouse. Tous les films régionaux seraient systématiquement sous-titrés en occitan. le candidat veut aussi une grande académie pour les arts et la culture occitane.
Les ressources :
« J’observe que les ressources ont été réduites ». Le budget prévu est de 4,1M d’euros mais il souhaiterait aller plus loin. « C’est réalisable, il y a au niveau de la grande région, les subventions non stratégiques : 250 M par an. On doit pouvoir trouver 4 millions pour doubler le budget de l’occitan. En Bretagne, le budget est de 14M pour 3,5 M d’habitants. » En faisant davantage appel au financement privé. « Il doit aussi rentrer en compte. « C’est le révélateur d’une langue et d’une culture qui va se propager. »
C’est Philippe Rodriguez-Jauze, N°19 sur la liste en Haute-Garonne qui sera chargé de promouvoir l’occitan en cas de victoire. Pour le cas contraire, ce responsable sureté à Latécoère, syndicaliste et occitanophone ne serait pas élu au vu de son positionnement sur la liste.
En ce qui concerne le nom de la région : « J’aimerais qu’il y ait tout un processus pour une large consultation. Tout ce qui fait référence au Languedoc, à l’occitan est aujourd’hui ce qui fait le plus sens. » Et d’ajouter : « nous avons aujourd’hui un devoir de transmission, quel que soit le domaine. Cela vaut pour l’occitan. Car il y a urgence. Dans 10 ans ce ne sera peut-être plus possible. »
Lo Benaset