31 Mar

L’occitan veut s’inviter à la présidentielle

S’il y a bien 11 postulants pour l’Elysée, on ne peut pas dire que les propositions soient nombreuses sur le sujet des langues régionales. Christian Troadec-le seul candidat régionaliste- ayant jeté l’éponge, depuis c’est le vide sidéral…

Plusieurs organisations occitanes ont décidé d’envoyer un questionnaire aux candidats. Les questions et les réponses -si réponse il y a…- sont consultables sur un site dédié. Par ailleurs, le Réseau Européen pour l’Egalité des Langues et l’Institut d’Etudes Occitanes ont aussi interpellé les candidats sur plusieurs objectifs.

Sans titre

Un site pour les présidentielles

https://www.2017oc.fr/

Dans la requête des 11 fédérations et organismes œuvrant pour la langue et la culture occitanes, il y a 7 points d’interrogation.

  1. mise en œuvre d’une politique linguistique pour l’occitan ?
  2. quid de la proposition de loi n° 4096, relative à la promotion des langues régionales ?
  3. quelle politique pour l’enseignement ?
  4. quel financement et quel périmètre pour l’Office Public pour la Langue Occitane ?  
  5. quelle politique dans le domaine du patrimoine, de la création et de la diffusion ?
  6. des représentants des langues régionales dans les différents Conseil économique social et environnemental ?
  7. quelles propositions pour la valorisation et transmission des langues et cultures régionales et notamment de l’occitan ou langue d’oc ?

Pour chaque domaine, plusieurs questions sont posées et les candidats sont priés d’y répondre. Le champs est parfois élargi aux langues régionales, parfois réservé à l’occitan. Un exercice toujours difficile à mettre en oeuvre mais au travers des questions, on voit biens quels sont les organismes ou fédérations concernés. On y retrouve l’Institut d’Etudes Occitanes, le Félibrige, la Fédération des Enseignants de Langue et Culture d’Oc, la Confédération Calandreta, le président fdu CIRDOC (Patric Roux), l’InÒc, les Centres de Formation Professionnelle en langue et culture Occitanes, la Fédération interrégionale des Médias Occitans, Oc-Bi, OcProd, le Congrès permanent de la langue occitane.

Pour l’instant, pas l’ombre d’une réponse et sans doute y en aura t-il guère plus d’ici le premier tour. Seul le candidat Dupont-Aignan est coché « sans réponse ». Il a du faire savoir qu’il ne voulait pas répondre. Les autres prendront-ils la peine d’au moins répondre que ce questionnaire ne les intéresse pas ?

https://www.2017oc.fr/Lettre-aux-candidats.php

Le Réseau Européen pour l’Egalité des Langues lui aussi sur les rangs

téléchargementLa France est souvent épinglée par l’Europe en matière de droits linguistique et de pluralité. Ce qui ne l’a pas vraiment fait dévier d’un iota dans sa trajectoire centraliste et mono linguiste. Ce que ne manque pas de rappeler l’introduction à la lettre rédigée par Alexis Quentin, vice-président de l’IEO et par les représentants du Réseau Européen pour l’Egalité des Langues ELEN-EBLUL. Une France qui prône la diversité à l’extérieur mais qui ne ratifie pas la Charte Européenne des Langues Minoritaires. Dans un préambule très documenté et juridique, les auteurs rappelle tous les manquements de l’Etat français. Avant de demander aux candidats de se prononcer sur leur conception de la société qu’ils entendent promouvoir. Voici ce qu’ils demandent :

  1. Mise en conformité de la France avec les textes européens et internationaux fondamentaux concernant les droits des peuples autochtones et des personnes appartenant à des groupes linguistiques régionaux ou minoritaires
  2. Établissement d’un cadre constitutionnel et législatif reconnaissant la pluralité de la société française et les droits de ses diverses composantes linguistiques et culturelles 
  3. Mettre en place les moyens nécessaires pour assurer la prise en charge du service public assuré par les établissements scolaires associatifs de langue régionale en immersion conformément aux recommandations des Nations Unies
  4. Mettre en place des services complets dans le domaine des médias, notamment de télévision en langue régionale permettant l’expression réelle de la diversité des groupes linguistiques régionaux et territoriaux (information, formation, création, divertissement)
  5. Permettre la généralisation de la langue régionale dans la vie publique et la coofficialité des langues là où la demande sociale existe et en fonction des réalités
  6. Établir des régions et des entités territoriales dont le dynamisme et l’efficacité se fondent sur les réalités historiques, culturelles et linguistiques en prenant en compte les souhaits des populations concernées.

En tout, 2 initiatives louables qui -vu le profil des 11 candidats- risquent bien de rester lettres mortes. Il n’y aura pas comme en 2012, des manifestations pour interpeller le monde politique sur ces questions. Il faudra donc trouver d’autres moyens pour peser.

Et pour terminer, un petit clin d’œil trouvé sur Le Parisien où Jean-François Laffont se prête au jeu de « Moi président »…en occitan.

Si j’étais président… en langue occitane… par leparisien

Lo Benaset @Benoit1Roux

Photo : Denis Cantournet

Photo : Denis Cantournet