Pour le nom de la région LRMP, OCCITANIE c’est le choix de l’explorateur Jean-Louis Etienne, du cinéaste André Téchiné, du chef cuisinier Sébastien Bras, de l’entraîneur Claude Onesta… Entr’autres. Mais c’est aussi et surtout un choix populaire, citoyen, exprimé dans les différents sondages, ou au cours de discussions privées de Monsieur ou Madame Tout le Monde. Un choix du cœur qui n’a pas été conduit dans toutes les artères des occitanistes, divisés sur la question. Pour illustrer cet engouement, un collectif s’est créé sur Facebook au début de la consultation. « Je choisis Occitanie » a connu un sucés sans précédent, bien au-delà du cercle occitaniste.
« Je choisis Occitanie »
Début mai, à quelques jours du début de la consultation, plusieurs personnes décident de créer un collectif sur Facebook : on y retrouve Jean-François Laffont et Bertran de La Farge de Convergéncia Occitana , Fabien Ginoux et Guillaume Gau-Corbière de la Joventut Mondina. L’idée : partager leur conviction que le bon choix, c’est Occitanie. Très rapidement, le réseau prend. La première publication est partagée 5000 fois.
« Nous avons été très surpris par l’engouement et la réactivité. Il y a eu beaucoup de commentaires, on a fait des affiches qui circulent partout ». Plutôt content Guillaume Gau-Corbière qui partage les publications et anime le site avec Fabien Ginoux. Le site se veut aussi pédagogique, en renvoyant sur le site de la région pour voter. Cet étudiant en master de Sciences Politiques à Paris, Tarnais d’origine confesse que ce succès n’est pas dû aux occitanistes : « On ne touche pas les convaincus ». Plus de 370 000 vues en tout. 6244 personnes ont liké en 3 semaines d’existence, un vrai phénomène. Des likes qui viennent essentiellement de Toulouse et l’ex-Midi-Pyrénées, un peu de Carcassonne et de Narbonne. L’ex Languedoc-Roussillon un peu en sommeil au départ est en train de se rattraper.
Ce succès rappelle celui de la pétition lancée par l’Ariégeois Romain Quilès pour dire « OUI à l’Occitanie ». Pas occitaniste lui non plus mais qui fait signer presque 15 000 personnes. Beaucoup plus que celles lancées par des occitanistes. Le premier colloque organisé par Convergéncia et País Nòstre en avril 2015 avait lui aussi vu plus de non occitanistes dans la salle que de grandes figures du monde occitan.
« Occitanie » sans le majorité des occitanistes ?
Comme nous l’évoquions, les Occitans se sont divisés sur ce choix d’Occitanie pour le nom de la région et ils ne se sont pas emparés du débat. Peu de pédagogie sur ce qu’est l’Occitanie, son histoire, son présent, très de peu de manifestations mises en place pour débattre. Les Occitans ont été comme sonnés, noyés par cette vague populaire qui a porté son nom au firmament des sondages. On ne peut pas vraiment dire qu’ils se soient organisés pour exercer une quelconque pression. Ou alors, ce fut une action discrète, très discrète ! L’Institut d’Etudes Occitanes s’est divisé sur la question, la confédération Convergéncia occitana n’a pas su ou pu rallier toutes ses associations derrière le nom « Occitanie ». Faute d’unanimité et d’action collective il faut s’en remettre à des initiatives personnelles.
Le travail fait par l’historien Georges Labouysse sur ce sujet est très intéressant, notamment sur les appellations successives (Occitania dès le XIIIème siècle) de l’espace occitan. Plus personnel et tout aussi éclairant, voici la réflexion et l’argumentaire de Patric Sauzet, professeur à l’université Jean Jaurès de Toulouse et vice président du Congrès Permanent de la Lenga Occitana, l’académie occitane. Il explique pourquoi il a finalement opté personnellement pour Occitanie.
Alors que rien ne devait filtrer des tendances sur la consultation en cours, certaines fuites (info ou intox?) laissent entendre que l’Occitanie serait en tête. Occitans ou pas, il faut continuer à voter pour que cette consultation pèse et soit décisive. Pour reprendre une formule célèbre, « La démocratie s’use si on ne s’en sert pas! » Jusqu’à vendredi minuit (par internet) et vendredi soir par vote papier (le cachet de la poste faisant foi) tout est encore possible. Une chose est sûre : si l’Occitanie emporte les suffrages, ce ne sera pas la victoire des Occitans mais un choix clairement exprimé par les simples citoyens de Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon. Et il faudra veiller que cette démocratie ne soit pas confisquée.
Lo Benaset
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