04 Mar

Espigoule-Massilia, même combat !

Le réalisateur Christian Philibert (les films d’Espigoule) a suivi pendant un an le Massilia lors de la tournée des 30 ans. L’auteur du mythique « Les 4 saisons d’Espigoule » joue souvent entre les lignes du documentaire et de la fiction. Là, il ne devrait pas rendre une partition que musicale. Mais pour se faire entendre, il a dû faire appel au financement participatif. Les chourmos sont dans la place.

 

Massilia : une découverte et des évidences

L’histoire commence au début des années 90. Christian Philibert rencontre Gari Greu du Massilia. Entre l’ancien électricien et le chanteur, le courant passe très vite. Des projets de clips arrivent…Qui ne se feront pas. Le temps passe et « Les 4 saisons d’Espigoule » arrivent. La comédie fait un tabac et parle beaucoup aux musiciens. Les liens se resserrent. En 2013 sort « Afrik’aïoli ». « Ils nous ont offert une chanson pour le film et j’ai découvert à l’occasion les chourmos qui nous ont bien soutenus ». Le réalisateur varois prend surtout conscience des points de convergence avec le Massilia. « Je me suis rendu compte que Massilia et Espigoule même combat. On s’adresse au monde entier, nous ne sommes pas que des gens du sud. Les chourmos, les concerts, mes films, tout ça c’est générateur de lien social. » Sans parler de l’anti-centralisme.


Faire monter l’aïoli

Alors, Christian Philibert va voir Manue, la femme de Tatou. Le groupe va faire une tournée pour les 30 ans et il décide de s’y greffer. « C’était le seul moment où nous pouvions les avoir ensembles. » Quelques questionnements et un peu de méfiance au départ, la confiance s’est vite installée. « On filme et très rapidement s’impose le portrait d’un groupe bien vivant. C’est quand même le groupe qui a eu le plus de dates en 2015. «  Une centaine d’heures de rushs, la tournée bien sûr, mais aussi la sardinade du 1er mai, l’hommage à Lux B à Notre Dame de la Garde, les artistes en solo…« Je veux en faire un objet ludique festif. Le documentaire n’est pas une vision objective du réel. C’est inhérent à mon cinéma, des objets filmiques cultes qui font qu’une seule vision ne suffit pas. Les gens ont envie de revoir les films ensembles. Pour Massilia, c’est le même objectif. »

Le livre de Camille Martel sur les 30 ans est sorti au moment où Christian Philibert commençait à filmer : « ça m’a aidé, mais je reprend l’histoire où lui l’arrête. » Pas vraiment un film musical, plutôt un documentaire, mais pas de subventions pour autant. Pas de CNC, pas de télévision intéressée pour le moment, les producteurs disent le projet infinançable.  Dur dur d’exister loin de Paris. « Il n’y a pas de fatalité à devoir aller à Paris. J’entre en rébellion contre ça. Au moment d’Afrik’aïoli », on s’était posée la question : sortie régionale ou nationale ? On a regretté de ne pas l’avoir sorti nous même. On va le faire pour Massilia. Ils vont dans le même sens que moi. C’est un peu grâce à eux que je ne suis pas allé à Paris. »


Les chourmos dans la place

Une fois tourné, faute de financement, le film est tanqué au montage. Seule solution : le financement participatif. « On s’y est lancé par défaut. Mais tu retrouves le réseau. Ceux de Massilia sont très costauds, quant à Espigoule, c’est pas mal. J’en avais rêvé de tout ce lien social. Mais le crowfunding ne couvre pas toute la fabrication du film, sans parler des salaires…L’objectif est volontairement bas. » Objectif de 20 000 euros largement atteint mais pas encore suffisant. Le film est au montage depuis début février et il faudra bien trois mois pour le terminer… Et atteindre les 40 000 euros pour le finaliser, le promouvoir, le distribuer. Et pour ça, Christian reprend une idée : « les Cinés Sound Systems ont été inventés par la chourmo et ça marche très bien. » En attendant le film, le réalisateur et les membres sillonnent la Provence. 2 H de tchatche pour raconter Massilia, sensibiliser au financement participatif et mettre un peu de oai. C’était le cas à Berre, Toulon, hier soir au Cinéma Le Cigalon de Cucuron (84); aujourd’hui vendredi 4 mars ils iront à Puget-sur-Argens (83). Un avant-goût du film en attendant les avants-premières prévues en juin dont du théâtre Silvain de Marseille déjà calée. Début Juillet le Commanda Fada débarquera dans les cinémas. Collèga, se te bolègas ton nom serà al generic !

Gaspard de Besse et complexe du santon

Christian-PhilibertIl y aura bien sûr de l’occitan dans le film, ne serait-ce que dans les chansons de Massilia. Le réalisateur avoue être imprégné de cette culture. « La langue s’est perdue dans ma famille. J’ai fait un film sur le complexe du santon avec Philippe Martel pour expliquer comment les gens du sud ont été perçus. J’ai toujours eu des liens. Les occitanistes me titillent pour apprendre la langue. » Le réalisateur de « Travail d’arabe » n’a pas vraiment le temps. Et s’il l’avait, il le consacrerait à sa passion : l’histoire. « J’ai des projets historiques que je n’arrive pas à financer. Notamment un sur Gaspard de Besse, le Robin des Bois provençal. Avec mon assistant, on est des spécialistes. «  Depuis 3 ans, il travaille sur les sarrasins, il a fait un documentaire sur le débarquement en Provence, voudrait en réaliser un autre sur l’insurrection provençale de 1851… Et pourquoi pas en lenga nòstra. « Quand la question se posera, j’aurai tendance à aller chercher l’occitan ». Une chose est sûre : sa rencontre avec Massilia aura permis au cinéaste de se réaliser :

 » Maintenant je sais quelle est ma voie. On n’a pas d’argent mais on est libres ».

Lo Benaset

Massilia autour de Christian Philibert. Photo : facebook du film.

Massilia autour de Christian Philibert. Photo : facebook du film.

http://www.kisskissbankbank.com/massilia-sound-system-le-film/

https://www.facebook.com/MassiliaSoundSystemLeFilm/

http://www.espigoule.brokatof.com/