Malgré le coup énorme -faire voter 4 députés absents « en mission ou maladie », on ne peut pas dire que le rejet de la proposition de loi (PPL) de Paul Molac ait fait grand bruit. Même lui semblait plus fataliste qu’agacé après cette manœuvre politicienne. « Ce n’est pas au premier coup de bélier que la porte tombe ». Certes, peu avant ce fameux jeudi à minuit, la porte était bien tombée pour autre chose. Grâce à la mobilisation du groupe écologiste, les députés ont voté l’interdiction de publicité lors des programmes jeunesse sur le service public de Francetv, contre l’avis du gouvernement. Le deuxième coup de butoir sera donc évité par un artifice réglementaire. Il pose quand même question.
Manœuvres politiciennes et coups en tous genres
Selon Paul Molac, « les députés sont globalement plus ouverts sur cette question que les services de l‘Etat qui ont peur du Conseil Constitutionnel, du Conseil d’Etat… Il faut dépasser cette autocensure ». Le blocage a été très clair de la part du gouvernement qui a torpillé le texte en commission des affaires culturelles en décembre. Lors du débat parlementaire de jeudi, Fleur Pellerin s’est quasiment opposée à tous les articles et amendements de la PPL. Même si, toujours selon le député breton, « la ministre de la Culture est plutôt ouverte sur la question. Le blocage vient plutôt du Ministère de l’Education. »
un véritable passage en force ! Une telle méthode est absolument scandaleuse et discrédite totalement les députés socialistes. Alors qu’une cause comme la défense des langues régionales devrait faire consensus et permettre l’unité entre groupes politiques de différents bords, ce triste épisode révèle le dogmatisme et l’idéologie jacobine des députés socialistes prêts à tout pour enterrer les langues régionales. »
Il est sans doute nécessaire de lui rappeler que c’est aussi une manœuvre politicienne qui a empêché le débat au sénat sur la ratification de la charte; préciser qu’elle venait des sénateurs Les Républicains ! Lui demander également pourquoi il était le seul député LR présent ce soir là? Pourquoi l’UDI qui a souvent œuvré pour les langues régionales n’a pas trouvé un seul député pour voter le texte ? Pourquoi des gens de tous bords qui se déclarent favorables à ce dossier n’ont pas cru bon de se mobiliser un tant soit peu ?
Interpeller
Sur son site, David Grosclaude s’adresse à 2 députés pris en flagrant délit de contradiction :
- Pascal Deguilhem député PS de Dordogne
- Pascal Terrasse député PS de l’Ardèche
2 députés parmi les fameux 4 absents ( avec Christophe Sirugue de Saône-et-Loire et Yves Blein du Rhône) qui ont permis le coup de Trafalgar. 2 députés qui, à plusieurs reprises, s’étaient déclarés favorables aux langues régionales. De la même façon, nous pourrions demander à Jean-Jacques Urvoas et Martine Faure (PS), Jean Lassalle (Modem) ou encore l’occitanophone Alain Marc (LR) s’ils avaient mieux à faire ce soir là ? Ou tout simplement aux 553 députés qui n’ont pas daigné se déplacer si le sujet les désintéresse à ce point ? Enfin, histoire que personne ne soit jaloux, il faut mentionner Gilbert Collard (député FN du Gard) qui avait mieux à faire lui aussi ce soir là, mais qui a quand même déposé plusieurs amendement visant à supprimer des articles de la PPL de Paul Molac…Sans venir les défendre.
Le collectif Périgord Occitan a également réagi en écrivant aux élus de Dordogne et à la population.
L’occasion de se rattraper
Côté PS, on réfléchirait à des arrêtés ou des circulaires en faveur de ces langues. Pour faire oublier le vote du 14 janvier et la promesse 56 de Hollande ? Quant au gouvernement qui a combattu cette PPL, le seul point positif est venu de la bouche même de la Ministre de la culture : « Il me semblerait utile que nous puissions travailler ensemble aux voies et moyens d’une meilleure expositions des langues régionales dans l’audiovisuel ».
Le 21 octobre 2015, les sénateurs de droite et du centre avaient déposé un projet visant à « à donner une assise juridique plus claire à des pratiques ou usages existants et à promouvoir l’utilisation des langues régionales ». Le texte serait toujours d’actualité au Sénat. Pour se faire pardonner la manœuvre de Philippe Bas et des sénateurs LR du 27 octobre 2015 ?
Plus sûrement, les écologistes par la voix de Paul Molac se déclarent prêts à déposer des amendements quand l’occasion se présentera. Et pourquoi pas pour modifier la loi Toubon qui pénalise ces langues. Peut-être aussi une nouvelle loi à l’Assemblée Nationale. Mais le calendrier parlementaire n’ouvre pas de possibilité avant janvier 2017. Il faudra être patients et surtout persévérants.
Lo Benaset