01 Déc

Régionales et occitan : Carole Delga

Pour les élections régionales, elle se pose sur les traces de Martin Malvy. Mais Carole Delga -l’une des rares femmes du PS tête de liste (2 sur 13 régions)- compte bien imprimer sa marque. « L’accent du gouvernement » comme l’aurait dénommée François Hollande a des convictions. Féministe et attachée à ses racines « provinciales ». « Mon ADN ce sont les territoires et le vivre ensemble ».

Carole Delga à la prise de parole de la manifestation occitane

Carole Delga à la prise de parole de la manifestation occitane

La « Midi Libre » adepte du « Pòrta te li »

« La Midi Libre », c’est le titre du portrait que lui avait brossé Laure Bretton pour Libération. Dans son bureau à Bercy, un ballon de rugby et des affiches de son «pays», nous dit le journal. Elle ne se serait jamais faite à la vie parisienne de secrétaire d’Etat. Le retour sur ses terres, après une démission l’été dernier, aurait été salutaire. Carole Delga est fille unique du Comminges, élevée par une grand-mère qui lui parlait souvent occitan. Une aïeule adepte du « Do It Yoursel » local : « lo pòrta te li ». Autrement dit, « prends toi en charge ». Titulaire d’un master 2 en Droit des Collectivités locales, le développement local l’intéresse. Elle se lance en politique, devient maire de Martres-Tolosane en 2008, élue à la région en 2010, députée deux ans plus tard. Sur son site de campagne, elle met son édito en français, traduit en occitan. On l’a dit proche du député Breton Paul Molac avec qui elle travaille sur certains dossiers. Elle a fait plusieurs manifestations occitanes. Les langues régionales ne sont donc pas une terre inconnue. 

Des mesures

Samedi dernier, un rendez-vous était organisé à la fédération PS de Haute-Garonne. La candidate n’était pas là, mais Guy David, Pierre Nicolas Bapt (PRG) et Chloé Couffin (professeur d’occitan en Aveyron) ont pu répondre aux questions d’associations et structures occitanes. Une plateforme a été distribuée pour l’occasion.

 

Le premier élu à la Région chargé de l’occitan, c’était Rémi Pech en 2004. En cas d’élection, elle promet un élu délégué à la culture occitane, un autre à la culture catalane et des agents dans les différents services pour les aider. Elle veut s’appuyer sur L’AMASSADA, conseil de développement de la culture occitane qui est déjà en place; en créer une pour le catalan. Elle soutiendra l’OPLO. Le budget serait aux alentours de 4 millions d’euros pour les 2 ex-régions, avec la promesse d’atteindre 1 € par habitants. Soit 6M. Promesse déjà formulée par Martin Malvy mais non tenue; le Budget étant actuellement de 0,54 € par habitants. Voilà pour le cadre. 

Côté enseignement, « il faut être plus offensif auprès de l’Education Nationale. Peser sur les conventions Rectorat/Région notamment pour le Languedoc-Roussillon moins favorable qu’en Midi-Pyrénées, soutenir l’ouverture de classes bilingues. Nous devons travailler avec les départements pour assurer une continuité au collège… » Le collège calandreta de Toulouse serait soutenu par ce biais là. Il est également prévu la création de lycées occitans à Toulouse et à Montpellier pour compléter ce dispositif. Des actions de sensibilisation dans les lycées et CFA seront aussi menées comme c’est déjà le cas. Les bourses d’études ENSENHAR prévues pour aider les étudiants se préparant aux concours d’enseignement de et en occitan seront poursuivies. 

Pour la culture, les 2 gros dossiers sont l’Estivada de Rodez et le Total Festum de l’ex région Languedoc-Roussillon. Carole Delga se serait entretenue avec Christian Teyssèdre le maire de Rodez. La ville va reprendre en régie directe le festival. Pour la candidate, « Il y a très clairement la volonté que l’Estivada reste interrégional et occitan à Rodez en 2016. Quant à Total Festum, il sera étendu à l’ensemble de la région. » Elle veut aussi soutenir le spectacle vivant, se dit favorable aux annonces en occitan dans les transports, souhaite traduire en occitan et catalan des lieux touristiques. Enfin, selon la plate forme distribuée samedi, « Il conviendra de donner à la langue et à la culture occitanes sa vraie place à travers des émissions spécifiques à la télévision, à la radio du service public, et aux radios associatives (radio Occitania, radio Lengadoc, radio Païs…). »

Guy David Carole Delga à la manifestation de Montpellier. Photo : Facebook de Guy David

Guy David Carole Delga Damien Alary à la manifestation de Montpellier. Photo : Facebook de Guy David

Equipe et nom de région

Sur ses listes, des occitanistes déjà identifiés comme Guy David (qui était en charge de l’occitan au Conseil général de la Haute-Garonne) ou encore Chloé Couffin professeur d’occitan dans l’Aveyron. Nathalie Mader, Pierre-Nicolas Bapt seraient également favorables et sensibles à l’occitan. En cas d’élection, elle veut tout d’abord une consultation citoyenne sur le nom de la région et ne s’est pas hasardée à donner sa préférence en public. Selon Libération, « Occitanie a ses faveurs mais pour Septimanie, du nom d’un ancien royaume wisigoth local au VIe siècle, ce sera niet. » Son colistier Damien Alary penchait plutôt en début de campagne pour « Sud de France ». La candidate pour « Notre Sud » affiche aussi un logo avec une croix occitane revisitée et les 4 bandes rouges du drapeau catalan.

Rien de très innovant donc, ni en rupture avec son prédécesseur sur la question des langues régionales. Son élection serait l’occasion de marquer son territoire par une politique plus volontariste en la matière. Dans l’entre 2 tours, certains futurs alliés pourraient bien le lui rappeler. 

Lo Benaset