09 Sep

La dintrada fait ses classes

Réunir les Occitans pour partager des constats et des expériences avec ceux qui le souhaitent, tel était l’objectif principal de cette première Dintrada. Organisée conjointement par le Partit Occitan et l’Alliance Libre Européenne le week-end dernier, cette Université d’été nouvelle formule pour le POC a permis 2 jours d’échanges et de réflexions. Dans un esprit d’ouverture, la Dintrada a fait ses classes et trouvé son public (près de 150 personnes le samedi). De quoi mériter quelques annotations.

 

Les bonnes notes

Ce type de rassemblement est plutôt rare et les motifs d’actualités ne manquaient pas : manif du 24 octobre, Charte européenne, élections régionales… Militants (encartés ou pas), simples intéressés, intervenants extérieurs, ont pu échanger sans trop tomber dans d’éternelles querelles de chapelles ou autres positions de principe. Constructif.

L’occitanisme a trop souvent délaissé le terrain politique, s’est souvent cantonné aux seules questions linguistiques et culturelles. Là, il était question des changements sociétaux : politique, économique, climatique, démographique. Instructif.

-Les intervenants ont été plutôt intéressants et leurs éclairages souvent pertinents. Didactique.

Pourtant, en revenant samedi soir de ce premier jour de Dintrada où je viens d’animer un débat, des questions subsistent.

Fòto : Lo Benaset

Fòto : Lo Benaset

Manque de lisibilité

-Quel était le but, la démarche, l’objectif principal de cette Dintrada ? Pour Guilhem Latrubesse, c’est évident. « De primièr simplament partajar de causas dins un recampament dedicat als occitanistas ». L’intention est louable. Mais au vu de ce qui a été échangé le premier jour, une impression de redite (ah oui, le centralisme français…qui touche aussi les médias….certes…), de choses qui relèvent plus du constat que de l’action à mener, la Dintrada a sans doute manqué d’audace pour faire émerger davantage de propositions concrètes…  « Sèm dins la recèrca fondamentala », dixit Guilhem Latrubesse.

Faire comme les autres, sans trop le montrer… Pourquoi une université d’été comme les « grands partis » alors que le POC cherche à se démarquer ? Et surtout pourquoi ne pas afficher plus clairement que cet événement émane du POC ? Pas un seul logo présent sur place, mais un simple drapeau de l’ALE… Peur d’exclure ?

Laboratoire de réflexion ou tremplin électoral ? De l’analyse, des expériences, mais aussi des candidats en campagne comme David Grosclaude ou encore Patrick Roux et Evelyne Houlès qui ont choisi de rejoindre Gérard Onesta. Le vice président de la région Midi-Pyrénées s’est longuement -et plutôt clairement- exprimé sur son programme, en ayant l’intelligence de ne pas trop en faire. Mais le mélange des genres entre ceux qui étaient là sans enjeux précis et d’autres qui devront en répondre devant les électeurs pouvait déranger. En tous cas, il aurait fallu le clarifier. Idem pour Jean-Pierre Laval qui anime un débat tout en soutenant officiellement Philippe Saurel.

Manque de lisibilité enfin sur un  plan pratique. Pas d’affiches, pas d’indications quand on arrive à Port-Leucate. Certains se sont un peu perdus. D’autres, simples curieux, ne sont pas venus faute d’avoir vu.

 

Hors sujet ?

Ils sont l’une des conséquences de ce qui précède. Réunir lors d’un même échange Gérard Onesta et Gustave Alirol, (conseillers régionaux sortants), Patric Roux (candidat aux régionales) et Paco Boya (sénateur du Val d’Aran) a mis ce dernier dans une position difficile. Le propos portait sur « Enjeu institutionnel et conscientisation occitane«  mais le débat s’est placé sur la réforme territoriale et les élections à venir. Autant dire que l’expérience de Paco Boya, fondateur d’Unitat d’Aran, sénateur d’un petit territoire de 10 000 habitants, dans un contexte très particulier (Espagne, Generalitat de Catalonha) était clairement hors sujet dans ce contexte, malgré la qualité de son intervention.

Hors sujet aussi selon moi, certaines discussions sur Médias et centralisme : les mécanismes d’une domination. S’il s’agit là aussi de répéter ce que tout le monde sait, sans entrevoir un début de solution pour renverser la situation, c’est un peu court. D’ailleurs, est-ce une problématique occitane ? Et en quoi l’occitan serait plus victime de cette « domination » ? Certains clichés ont la vie dure. Penser qu’aujourd’hui encore, que les sujets de France 3 faits en région sont re-commentés quand ils montent à Paris est un tantinet suranné. Y voir un simple mépris de Paris vis à vis de la « province » est un peu facile et arrangeant. Que dire aussi des structures associatives (médias, écoles…) qui seraient un aiguillon pour le Service Public ? C’est sans doute un peu vrai pour Calandreta avec l’Education Nationale (encore que…). Côté médias, si je me réjouis toujours de l’arrivée d’un nouveau confrère, je ne peux que constater le manque d’effets en la matière.

Rien de grave certes, mais à travailler, autant le faire sur des bases sûres et pertinentes.

Fòto : Dintrada

Fòto : Dintrada

Endavant !

C’est donc le nouveau nom du Partit Occitan. Il a été débattu encore dimanche après-midi. Un changement opéré et encore très discret. Mais l’essentiel c’est bien d’aller de l’avant ! Peser sur la ratification de la Charte Européenne, la constitution des futures régions, réussir la manif du 24 octobre (que l’on soit pour ou contre), faire quelque chose de Mespresats. J’allais terminer cet article quand je reçois un mail de la Dintrada qui vient de publier son propre bilan. « …Suite au débat sur la question de la ratification de la Charte européenne : lancement d’une grande campagne d’agitation politique avec la mise en place prochaine d’un comité occitan de ratification (corédaction d’un texte avec les organisations occitanes, ouvert aux signatures individuelles), mise en ligne d’un site internet… » Il y aura même « une formation au cyberactivisme appliqué à l’occitanisme, ouverte à toutes et tous et en particulier aux jeunes, à partir des contributions de nos amis de la délégation UDB et des travaux de Renaud Savy… ». Le communiqué de Patric Roux se termine par un : « Réfléchir et agir ». J’aurais pas dit mieux. Si, juste rajouter : « dans la plus grande clarté ».

Lo Benaset

Fòto : Danis Cantournet

Fòto : Danis Cantournet