Nous sommes en 1971 et un certain Monsieur Teulier, professeur d’espagnol au lycée de Saint-Affrique met en place les premiers enseignements en occitan au sein de l’établissement. Dès l’année suivante, deux professeurs de lettres, Yves Couderc et Michel Vidal suivent leur collègue et à l’image du reste de l’Académie de Toulouse, l’enseignement de l’occitan s’envole alors dans les lycées. 500 élèves présentent l’occitan au bac à la fin des années 70, ils sont près de 3500 dix ans plus tard.
C’est justement à la fin des années 80 que Saint-Affrique va une nouvelle fois se distinguer. Sous l’impulsion de Lionel Jospin, largement sensibilisé à l’occitan par André Lagarde, le cadre réglementaire évolue et pour la première fois en France, l’Ecole publique décide d’ouvrir des sections bi-lingues français-occitan à parité horaire. En septembre 1989, l’école Rochegude d’Albi et la maternelle Blanchard-Caussat de Saint-Affrique ouvrent la voie.
26 ans plus tard, l’école primaire de Saint-Affrique compte 173 enfants en section bilingue et des centaines d’autres ont profité de cet enseignement depuis 1989. Certains d’entre eux ont même été à l’origine de l’ouverture des sections bi-lingues au Collège en 1993. En 2010, près de 2200 élèves suivaient un enseignement bilingue en occitan dans l’Académie de Toulouse.
Mais si Saint-Affrique a ainsi pu contribuer à la « respelida » de la langue occitane à l’école publique c’est avant tout grâce à des hommes, des femmes, des parents, des militants, inconnus pour certains, qui se sont battus dès les années 70. C’est pour rendre hommage à tous ces différents acteurs de l’ombre que l’association « Cap l’Oc » a décidé de monter l’exposition « 40 ans d’occitan autour de l’école à St-Affrique ». Une rétrospective pertinente, basée sur une expérience locale réussie et qui s’inscrit dans une évolution permanente du cadre national réglementaire concernant l’enseignement des langues régionales en France, de la maternelle à l’université. Ni plus ni moins que l’histoire d’une langue occitane balancée entre légalité et légitimité au sein de l’Ecole publique.
Clément ALET