Bastir amassa!
Samedi 1er février, le mouvement occitan Bastir a réuni ses candidats pour les municipales. Mais aussi des proches, des soutiens, à Toulouse.
Bastir n’est pas un parti politique mais un mouvement social. Avec l’objectif d’inventer quelque chose sur un terrain en jachère tant l’occitanisme politique est bien loin de ses homologues breton, corse, basque, catalan. Alors Bastir tente de réinvestir le territoire. Avec un constat : plutôt que de constituer des listes autonomes quasi vouées à l’échec en terme de résultat, autant proposer ses idées et ses candidats à d’autres listes.
65 candidatures ont été validées, et presque autant sont en attente. Des candidats pour moitié novices en politique et très présents en Aquitaine et Midi-Pyrénées où se trouvent les ¾ des candidatures. Des conseillers sortants, des acteurs culturels, sont donc venus partager leur expérience, rassurer, interpeller et donner quelques clés sur le budget, l’intercommunalité, les politiques culturelles et linguistiques. Se sont succédés Patrick Lasseube, ancien maire et candidat à la mairie de Saint-Lys (31), Bruno Béziade conseiller sortant à Bègles et qui ne se représente pas, ou encore Patrick Roux pour l’Estivada ou Laurent Gosset pour l’Institut d’Etudes Occitanes. En maître d’œuvre, les 2 initiateurs et porteurs de ce mouvement : Guilhem Latrubesse et David Grosclaude candidat à Artix.
Dins qu’unas comunas ?
Des accords ont déjà été signés dans les grandes agglomérations : Pau, Montauban, Toulouse, Carcassonne, Auch, Limoges et à chaque fois sur des listes où figure le PS. A croire que les décisions nationales (Loi de refondation de l’école, relance de la Charte européenne) ont des répercussions locales. On négocie actuellement à Marseille avec le Front de Gauche.
Bastir sera aussi présent dans des villes moyennes comme Gaillac (81), Colomiers (31), Castres (81), Pamiers(09)…Des négociations sont encore en cours à Muret (31), Castanet (31) et L’Isle Jourdain (32). Dans les petites communes, beaucoup de choses vont se décider au dernier moment.
Bastir aura même 5 têtes de liste : à Saint Martin le Redon et Puybrun (46), Barsac (81), L’isle Jourdain (32) et Orange (84).
57 candidats sont d’ores et déjà en position d’éligibles ; d’autres le seront quant toutes les candidatures seront déposées avant le 6 mars.
Un programa
Dans ces petites ou grandes communes, les futurs maires s’engagent sur des projets. Il s’agit évidemment de faire une place à la langue et culture occitanes : pour des ouvertures de classes bilingues, de calandreta, de la signalétique bilingue, création de festivals, programmation occitane… Mais pour Bastir, la diversité culturelle et linguistique a ses déclinaisons transversales en matière d’économie et de société. Le mouvement entend défendre l’économie locale, « Viure e trabalhar al país » : en réduisant les circuits, en installant des agriculteurs, en faisant des choix écologiques…
Mais l’audace dans la démarche pourrait trouver ses limites dans l’exercice des fonctions. Comment exister quand on est le seul occitaniste -parfois novice- dans un conseil municipal rodé ? Face à des maires qui ont certes signé un contrat mais dont l’engament pour l’occitan reste à démontrer ?
D’où la nécessité de structurer ce mouvement.
Aprèp las comunalas ?
Samedi dernier à Toulouse l’idée a été émise de regrouper ces élus au sein d’une structure pour pouvoir échanger, se former…Ressusciter en quelque sorte l’Association des Maires et Elus Occitans créée en 99 à l’initiative de Robert Bibonne et Roger Lassaque, le maire-sortant candidat à Saint-Martin le Redon (46). Une nécessité pour exister. Et constituer un groupe d’élus expérimentés pour d’autres élections.
En 2008, les occitanistes (Partit Occitan, Parti de la Nation Occitane, País Nòstre, Libertat…) présentaient une vingtaine de candidats aux municipales. On compte une dizaine d’élus. En 2014, il pourrait donc y avoir plus d’une centaine de candidatures. Le mouvement Bastir peut donc espérer entre 40 et 60 élus. L’Union Démocratique Bretonne en avait 78 sur les dernières municipales.
Benoît Roux