Ce soir, après le journal de 19H, « Le Téléphone sonne » sera consacré à la charte européenne et aux langues régionales. La célèbre émission de France Inter aura pour invités David Grosclaude, Président de la Commission « Langues Régionales » de l’Association des Régions de France et les députés Marie-Anne Chapdelaine (PS) et Jean-Frédéric Poisson (UMP). Ce dernier n’a pas daigné voter mardi dernier. Mais ses précédentes interventions ne laissent aucun doute sur son opposition à ce projet. Donc il n’y a pas grand chose à attendre de cette émission. Les arguments des uns et des autres vont s’égrainer inexorablement sans rien changer à la donne.
Pour en savoir plus, autant se tourner vers la Ministre de la culture qui a cité Frédéric Mistral à l’Assemblée et fait appel à un comité consultatif pour proposer des mesures concrètes. Car la charte européenne relève du symbolique. Aurélie Filippetti a répondu à un entretien de nos confrères de l’Express.
Et les premières questions très « françaises » du journaliste ne déplairont pas à certains contradicteurs de la veine d’un Henri Guaino :
-« Ne serait-il pas plus utile d’encourager l’enseignement de l’anglais? » Ah bon, l’un empêche l’autre ?
-« Si les Français n’ont plus envie de les transmettre (car OUI, le journaliste sait que les français n’ont pas envie de transmettre), pourquoi l’Etat devrait-il se mobiliser? »
-« Derrière les langues, n’y a-t-il pas un risque de dérive indépendantiste? ». Ah oui, quand même…!
La Ministre -à défaut de convictions profondes pro langues régionales avérées- donne des réponses argumentées et assez intelligentes. Elle est aussi intervenue sur France Télévisions.
Quelles mesures :
-créer un « baromètre » pour évaluer précisément les pratiques des langues régionales
–revoir la liste des 75 langues régionales établie en 99. L’occitan y gardera t-il son unité ?
-favoriser le bilinguisme français/langue régionale dans l’enseignement public, dans la lignée de la Loi de refondation de l’école
-on ne touche pas à la loi Falloux : ne pas faciliter le financement des écoles « en immersion » (calandreta, ikastola, bressola diwan) par les collectivités locales
–mieux exposer les langues régionales sur France 3
–former des journalistes et des animateurs en langues régionales par les conseils régionaux. La future loi sur les régions renforcera la compétence des régions en matière de langues régionales
–multiplier les Offices Publics des langues régionales, comme il en existe en Bretagne et au Pays basque. L’office occitan est sur le bureau de la ministre.
–aider les spectacles en langues régionales dans les mêmes conditions que les spectacles en français
Le téléphone va donc sonner ce soir à 19H15. Pourvu que le gouvernement ne décroche pas de ce dossier compliqué des langues régionales.
Benoît Roux