08 Jan

L’Occitan en Limousin

L’Occitanie du Nord se boulègue pour la survie de la lenga nòstra. Si en Auvergne  une politique publique régionale commence à se mettre en place (voir le reportage de France 3 Auvergne), les Limousins militent eux-aussi pour une prise en compte générale de l’urgence et de l’intérêt que représente la défense de la langue et la culture occitanes.

La situation de la langue en Limousin inquiète. Absente des politiques publiques, des médias ou encore de l’enseignement, la langue limousine est en danger. Pour y remédier, la coordination occitane du Limousin s’est créée en septembre dernier et a lancé un appel : La Credada.

Priorité à l’enseignement et à une reconnaissance publique

Parmi l’une des revendications majeures : la mise en place d’un plan d’urgence pour l’enseignement. A l’exception d’une calandreta à Limoges, l’enseignement de l’occitan en primaire, secondaire comme au supérieur est en train de disparaître, avec notamment la suppression de cours d’occitan à l’université.

D’autres requêtes concernent plus spécifiquement les collectivités comme la Région avec la demande d’une enquête approfondie sur l’état de la langue et les aspirations des Limousins sur cette question ou encore la nomination d’un chargé de mission et la création d’une assemblée régionale de concertation. Les signataires demandent également une politique publique volontaire en matière de création en langue occitane ou encore la généralisation de la signalisation bilingue aux entrées de villes. Ainsi, à l’heure actuelle, 41 communes en Limousin sur 747 ont mis en place une signalétique bilingue français/occitan. (NB : suite à la campagne «Limòtges en occitan » lancée en 2009, la Mairie de Limoges a installé cet été des panneaux avec une discrète mention en occitan qui ne satisfont pas totalement. Cf la lettre du collectif Arri !)

 

 

Tous unis dans un appel commun

Pour Jean-Pierre Cavaillé, membre de la coordination occitane du Limousin, il est aujourd’hui vital d’agir. « Si la langue est encore parlée par beaucoup de Limousins, l’état de l’occitan dans la région est désastreux. C’est la désolation. Les Etats généraux en 2006 n’ont pas été suivis d’actes, aucun engagement n’a été tenu. » Pour autant, la prise de conscience de l’état d’urgence est générale. « Nous avons voulu tous nous réunir pour voir ce que l’on pouvait faire ensemble, poursuit Jean-Pierre Cavaillé. Et tout le monde a adhéré. » Ainsi, une quarantaine d’associations (Institut d’Études Occitanes du Limousin, Maintenance félibréenne du Limousin, Calandreta Lemosina, Maison de País de Sent-Auvenç, Collectiu Arri !…) et de très nombreux militants et sympathisants se sont joints à cet appel, tout comme près de 70 élus. En tout, 700 signataires sont comptabilisés : «  La Credada est un appel, non une pétition au sens propre, que nous aurions soumis à la signature de tous, précise Jean-Pierre Cavaillé. Nous avons voulu concentrer sur le Limousin en y adjoignant des soutiens de personnalités de tout le monde occitan. Si nous avions organisé une vraie pétition nous aurions gagné en quantité de signatures, mais le résultat aurait été, nous semble-t-il, moins crédible. »

Credada a été envoyée avant les fêtes aux élus régionaux et départementaux, aux municipalités ainsi qu’aux médias, aux organismes touristiques, aux établissements d’enseignement… Tous attendent désormais de voir si leur appel a été entendu.

Sirine Tijani