22 Fév

Sortie de l’album « Covers » : l’incroyable talent d’interprète de Bashung

En anglais, en français, du rock enflammé, des chansons lentes, le caméléon Alain Bashung possède cet incroyable talent de se glisser dans les chansons et de les faire siennes. Un album vinyle vient de paraître avec des reprises connues ou plus rares.

Crédit photo : pochette de l’album

Comment l’interprète un peu léger et quelconque de « Gaby oh Gaby » est devenu celui qui vous met la chair de poule sur « Les mots bleus » de Christophe ou sur ses chansons sublimes comme « Happe » ? Le parcours musical d’Alain Bashung est riche, peu répétitif et varié. Cet album de reprises qui vient de paraître en vinyle est du même acabit.

Une interprétation personnelle

Alain Bashung n’a pas son pareil pour reprendre une chanson, la restructurer, modifier le phrasé, sans trahir l’esprit de la chanson. Il installe des atmosphères, adapte sa voix en conséquence, tantôt grave profond, tantôt un peu nasillard. Parfois puissant, parfois fragile à l’extrême. Il sait amener une chanson sur d’autres voies, révéler d’autres lectures possibles, c’est sa grande force.

Tout en sensibilité et intelligence, il est l’un des rares à chanter du rock en français tout en restant crédible, l’un de ceux qui rentre direct dans une chanson sans avoir besoin de 36 000 prises. Son dernier album posthume « En amont » en est l’excellente preuve. Des titres qu’il avait enregistré, souvent en une seule prise, pour des maquettes, tester des arrangements, et qui se retrouvent sur un disque après sa mort sans que l’interprétation soit défaillante. L’aisance suprême.

Des « covers » qui ne manquent pas de reprise

Cet album « Covers » ne va pas surprendre les fans : les titres sont relativement connus, ils figuraient dans l’intégrale Alain Bashung ou dans le best-of « Osez Bashung » sorti en 2010. On y retrouve des chansons en anglais car l’artiste a toujours été fan de la musique anglo-américaine. Ca va de Presley (That’s All Right Mama), au plus country Harry Nilsson (Everybody’s Talkin’) jusqu’au très rock « Hey Joe » d’Hendrix. Avec à chaque fois, une voix de circonstance.

Alain Bashung – That’s all right mama

Sur le magnifique album, « Osez Joséphine » enregistré en partie à Memphis, il y avait déjà 4 reprises dont « We all right » de Buddy Holly et « She belongs to me » de Dylan éclairé par les guitares magnifique de Sonny Landreth. 

Alain Bashung – She belongs to me

Côté français, on y retrouve évidemment du Gainsbourg avec lequel il a fait 2 albums, mais aussi Gérard Manset (dernier album « Bleu pétrole »), du Christophe dont il était très proche. Du classique. Mais il y a des choses beaucoup plus surprenantes dont sa version de « Les amants d’un jour ». Une valse réaliste qu’il habille à sa façon de manière simple et efficace.

Belle version également soutenue par mandoles, cordes et piano de « Céline » d’Hugues Aufray, le « Tango funèbre » de Brel, « Avec le temps » de Ferré qu’il a complètement déstructurée et « bashunguisée ». Mention spéciale pour le très beau morceau de Dick Annegarn « Bruxelles » où il est plus dans son univers.

Alain Bashung – Bruxelles

« Covers », un disque à ré-écouter pour les fans , à découvrir pour ceux qui connaissent à peine ce magnifique artiste et merveilleux interprète. Un sens inné pour faire chanter et donner une autre résonnance aux mots comme sur les bleus à l’âme de Christophe.

Extrait de l’émission « La Musicale » de Canal +

Benoît Roux