10 Sep

Öja, une nouvelle artiste qui bouge sur Toulouse

Même après le confinement, la scène toulousaine est toujours une pépinière d’artistes en devenir. C’est le cas d’Öja, 2 singles à la clé, d’autres sur le point de sortir, cette jeune artiste tente de se faire un nom et une place chez les jeunes en quête de sons et de découvertes. Dans sa musique, on sent beaucoup d’influences et le soucis de faire les choses de manière pro. Ça pourrait sonner années 80, mais c’est très actuel et bien produit. Une belle promesse.

Photo : Léa B-M

« T’es qui toi? »

C’est le titre de son premier single. Un titre qui fait référence à une expérience artistique qui a fait fausse route. Justine alias Öja a baigné dans un univers de musiques. Son père écoutait du hard-rock (ça s’entend dans la puissance de sa voix) et sa mère de la chanson française et du funk (là, c’est la rythmique qui parle). Auteur, compositeur, interprète, la musique a toujours été son univers. Elle a pris des cours de piano, de guitare acoustique. Côté études, fac d’Anglais au Mirail et école de journalisme. Mais c’est la musique qui l’attire. Elle rentre au conservatoire de Toulouse en musiques actuelles. De quoi lui donner un peu d’assurance pour revisiter ses compositions de jeunesse.

Öja : T’es qui toi ?

« Regarde »

Si aujourd’hui on commence un peu à l’entendre, c’est grâce à sa persévérance. Son premier titre « T’es qui toi? » a été écrit pendant le confinement. Elle a pris son single pour pousser les portes des radios, trouver un producteur arrangeur… Et très bonne pioche, il s’agit de l’artiste toulousain Tristan connu sous son nom d’artiste OZ« J’aime bien ce mélange de pop-electro comme d’autres artistes (Angèle ou Billie Eilish par exemple). Mais les chanteuses ont souvent une voix cristalline. Là, c’est une voix rock, puissante et c’est ça que j’aime. » Il l’a signe sur son label « Aureate records ».

A l’écoute de ses 2 titres, il y a effectivement comme un écho des années 80, notamment le duo Chagrin d’Amour. Un petit côté aussi Muriel la chanteuse de Niagara. Dans le phrasé, il y a Hoshi. Côté musique, c’est effectivement dansant, des flots de funk, des pointes electro-pop-rock, quelques effluves de piano jazz salsa sur « T’es qui toi? ». Plutôt bien fait. Le projet n’est qu’à son début. Il y a des bases posées et affirmées.

Öja : Regarde


Le second titre « Regarde » est un peu de la même veine dansante. Avec un son plus actuel et un travail plus poussé sur les voix, les clavierset les nappes. Un troisième titre sortira d’ici 15 jours. « Bouge de là » est pour le coup complètement Chagrin d’Amour et disco-funk. Très bien produit aussi par Tristan et Aureate records. Viendra plus tard une ballade (Nightcall), des concerts si tout va bien. Petit à petit, Öja est en train de se bouger pour occuper la place. Comme un début de promesse.

PAGE FACEBOOK ÖJA 

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Benoît Roux

 

09 Sep

Les spectacles de la nouvelle saison d’Odyssud près de Toulouse sont en ligne

Depuis ce mercredi 9 septembre à 13H, il est possible de réserver un spectacle pour la nouvelle saison d’Odyssud à Blagnac (31). Pas d’abonnement cette année, une jauge réduite, des mesures de précautions sanitaires et une soixantaine de spectacles au programme. La programmation est toujours riche et variée. Une bonne nouvelle pour tous les toulousains en manque de culture.

La salle d’Odyssud attend son public Photo : Benoît Roux FTV

Ce  mardi matin, le forum de la salle de spectacles Odyssud est presque vide. Mais le personnel s’agite. Le site internet sera ouvert à 13H et la billetterie le lendemain. Depuis le 13 mars dernier, plus de concerts dans la salle de spectacle. Elle va rouvrir dans quelques jours pour une nouvelle saison que tout le monde espère normale. Même si la nouvelle saison s’ouvre le 22 septembre avec le spectacle d’Aurélien Bory « Plan B », on espère qu’il n’y aura pas besoin d’en appliquer un et que ce nouveau temps fort se déroulera normalement.

Derniers préparatifs

Il est à peine 10H et le standard d’Odyssud n’arrête pas de sonner. L’impatience des habitués se manifeste. Ils veulent en savoir plus sur ce qui les attend. Dans la salle de spectacle, les techniciens travaillent. Le sol de la scène a été repeint comme tous les ans. Depuis plusieurs jours le matériel est scrupuleusement vérifié sur des questions de sécurité. Les régies son et lumière sont à nouveau câblées, il faut monter les structures qui vont servir à installer tout le matériel nécessaire.

Les mille fauteuils de la salle sont nettoyés et désinfectés. Se pose évidemment la question de l’accueil. « Nous devons mettre de la distanciation physique entre les groupes de spectateurs, un siège vide entre chacun, dans la limite d’un groupe de 10 personnes. C’est notre logiciel qui gère ça directement quand les spectateurs réservent leur place. » Pour Emmanuel Gaillard, le directeur de la salle, il n’y a pas de problèmes. Avec cette nouvelle donne de « Zone Rouge » en Haute-Garonne, les capacités sont limitées. A Blagnac, la jauge habituelle de 1000 places assises sera ramenée à 650-700 personnes en fonction des réservations, suivant qu’il s’agisse de personnes individuelles ou de groupes.

Photo Benoît Roux FTV

Les gens seront accueillis à l’entrée, masqués bien sûr, avec du gel hydroalcoolique si besoin. « Nous devons juste faire attention qu’il n’y ait pas trop d’attente pour rentrer mais également pour sortir de la salle. C’est pourquoi nous avons rajouté 2 issues de secours pour évacuer plus vite les spectateurs. »

Une nouvelle saison pour oublier la Covid

Odyssud qui comprend une salle de spectacle mais aussi une médiathèque, une salle d’exposition et un auditorium est un complexe qui appartient à la mairie de Blagnac. Avec un budget de fonctionnement de 6 M €, ce service public de la culture achète directement les spectacles et compte sur la billetterie pour équilibrer les comptes. Pour le dernier exercice, tout s’est arrêté en mars. Certes, il y a eu moins de recettes, mais aussi moins de dépenses car les spectacles n’ont pas eu lieu. Les pertes sèches ont été évaluées à 300 000 € par l’équipe d’Odyssud. Il y a tout de même eu 106 000 entrées la dernière saison. « Nous avions 30 000 places à rembourser, confie Pascal Caïla responsable de la communication. Nous avons lancé un appel à dons. Les personnes pouvaient si elles le souhaitaient renoncer au remboursement des billets. Grâce à cette générosité, 37 000 € ont été préservés. Cette somme a servi à payer une partie des salaires dus aux nombreux intermittents qui devaient travailler pour Odyssud en avril et en mai. » »

Pour 2020/2021, la grande nouveauté c’est l’absence d’abonnement. Au vu des incertitudes, il était périlleux de proposer une saison complète. Les spectateurs devront donc réserver pour chaque spectacle, soit en ligne, soit physiquement au guichet à partir du 15 septembre mais sur rendez-vous. Les abonnements qui représentent environ 75% des places en temps normal sont donc exclus et l’achat de billet ne peut se faire que pour les spectacles ayant lieu de septembre à décembre.

La nouvelle carte Odyssud (10€) permet d’obtenir des réductions pour les spectacles. Elle est gratuite pour les abonnés 2019/2020.

Photo Benoît Roux FTV

Edouard Baer, Juliette, Philippe Torreton, Le Messie, les ballets jazz de Montréal en 2020

« Nous avons comme toujours une très belle programmation : du cirque, du théâtre, toutes sortes de musiques, de la danse, des spectacles pour la jeunesse… » Emmanuel Gaillard a le sourire. Il y aura une soixantaine de spectacles (dont 40 inédits et 20 qui sont reprogrammés), pour 200 représentations. La force et la pertinence de la programmation d’Odyssud n’est plus à démontrer. Les spectacles sont de qualité, aussi bien classiques que parfois audacieux. Cette salle était déjà conventionnée pour les musiques nouvelles et la musique ancienne. Elle vient d’obtenir un nouveau label « Art – Enfance -Jeunesse ». Une reconnaissance du travail accompli, notamment dans ces domaines.

Sur le programme, on peut lire qu’Odyssud est « la salle de spectacle publique la plus fréquentée de France hors Paris ». Cette nouvelle saison à de quoi continuer à séduire.

  • de l’humour avec Sophia Aram (les 3 et 4 octobre), Stéphane Guillon (du 4 au 6 mars 2021) ou Edouard Baer sous forme théâtrale (du 19 au 21 novembre)
  • du cirque avec l’Or Blanc un spectacle venu du Cambodge (11 au 14 novembre), le cirque d’Eloize (9 au 12 décembre)
  • du théâtre avec « La vie de Galilée » (Torreton du 1 au 3 décembre), Plan B d’Aurélien Bory (22 au 24 septembre)
  • de la musique avec Juliette (1 et 2 octobre), le « Messie » (5 décembre), Jacky Terrasson (12 octobre)
  • de la danse (ballets de Montréal, « Carmina Burana » ou le prodige Benjamin Millepied)

Si la situation sanitaire le permet, Odyssud a de quoi ravir les amoureux impatients et frustrés de la culture. Paroles de son directeur Emmanuel Gaillard :« Je crois que dans ces moments de crise, nous avons encore plus besoin de partager, de s’émouvoir, de se retrouver et de vivre des choses ensembles. Le spectacle vivant c’est une contribution déterminante sur l’éveil des sensibilités, sur l’émancipation, le développement des personnes. On a un rôle important à jouer dans cette crise. » 

Présentation de la nouvelle saison 2020/21

RENSEIGNEMENTS ET RESERVATIONS 

Service Billetterie
05 61 71 75 10

Benoît Roux

 

 

08 Sep

Céleste, une voix soul venue du ciel

Tout mélomane rêve de découvrir un jour des artistes qui font que tout s’arrête : les références, les comparaisons, le souffle. Reste juste le plaisir de la surprise et d’écouter, réécouter encore. Celeste Epiphany Waite est une chanteuse britannique à découvrir impérativement. On pourrait la comparer à Amy Winehouse, Adèle, Aretha Franklin, Ella Fitzgerald ou Mahalia, mais elle reste quand même Céleste. Une aisance vocale inouïe, un chant habité, une sensibilité qui pourrait la porter au firmament des artistes. 

Celeste Photo : Nathalie Guyon / FTV)

Celeste Epiphany Waite est né en Californie d’une mère d’origine londonienne et d’un père d’origine jamaïcaine. Dans sa voix, on sent qu’il y a beaucoup de vécu, beaucoup d’intelligence, de la technique, mais surtout de la sensibilité. Une voix chaude, qui sait être puissante ou fragile, écorchée ou affirmée. Pas de maniérisme, de posture, de copie d’un autre artiste. Juste du chant, simplement, naturellement, qui laisse place à l’émotion. 

Celeste – Strange (Live from The Brit Awards 2020)

Marquée par la mort de son père à l’âge de 16 ans, un temps tentée par la danse, cette jeune londonnienne se dirige vers la musique. Un premier EP en 2017, puis un second, elle est remarquée et signée par une major. En 2018, elle collabore avec le brillant Michael Kiwanuka et participera à sa tournée.

2019, c’est la reconnaissance au Royaume Uni avec le prix Rising Star aux Brit Awards 2020 et le prestigieux BBC Sound of 2020. Consacrée dans son pays, son talent devrait très rapidement franchir les frontières. Pas de doute, elle gravite dans le ciel des plus grandes.

Celeste – Stop this Flame

Son premier album est annoncé pour janvier 2021. Il contiendra le single « Stop this flame ». Ce matin sur France Inter, Mathilde Serrell lui a consacré sa chronique.  

Un grain de voix particulier, de la soul dans le timbre. Il faut juste lui souhaiter d’avoir des chansons à la hauteur, de ne pas rentrer dans les stéréotypes des productions mercantiles. Celeste mérite de s’envoler très loin.

Celeste – Little Runaway (dernier single)

 

 A ECOUTER AUSSI UNE BELLE DECOUVERTE : JS ONDARA

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Benoît Roux

07 Sep

La réouverture de l’Olympia avec Brigitte Fontaine

L’Olympia a 127 ans et Brigitte Fontaine 81. Le dimanche 6 septembre la célèbre salle de spectacle a rouvert ses portes après la fermeture intervenue en mars dernier. Il faut remonter à la première guerre mondiale pour retrouver un tel état de fait. C’est la grande prêtresse du Kékéland Brigitte Fontaine qui a eu le privilège historique de relancer la programmation de l’Olympia. Avec évidemment toutes les mesures sanitaires nécessaires. Un début de normalité pour une artiste hors normes.

©Sebastien Muylaert/MAXPPP – La façade de l’Olympia avant sa réouverture

Une première pour l’Olympia

Inauguré en 1893, la salle est inaugurée en présence de la danseuse La Goulue. Pour son premier concert post covid, c’est une autre artiste excentrique qui s’est retrouvée sur scène : Brigitte Fontaine. Une telle fermeture de plusieurs mois n’était pas arrivée souvent. Durant la première guerre mondiale, le lieu était en effet fermé. Devenu un cinéma dans les années 30, la salle reste ouverte durant la seconde guerre, occupée d’abord par les Allemands, puis par les Américains.

Le 11 mars 2020, suite à la pandémie, l’Olympia ferme ses portes, dans un premier temps jusqu’au 15 avril. Oxmo Puccino, Jeanne Mas (oui oui!) ou encore Deluxe devaient s’y produire. Le 29 mars 2020, Brigitte Fontaine devait y étrenner son nouveau disque. Après plus de 200 jours de fermeture, son concert est reprogrammé le 6 septembre.

L’Olympia publie  ce communiqué sur Linkedin : « Nous sommes plus que ravis et impatients de retrouver l’ambiance du live et de faire revivre la salle en compagnie des spectateurs et de toutes les personnes avec qui nous collaborons régulièrement. Pour rendre cela possible tout en respectant les conditions sanitaires, nous avons établi différents protocoles sanitaires pour l’accueil du public, de la production et de ses équipes, équipé la salle en conséquence, repensé le parcours client, etc… » 

Brigitte Fontaine en grande prêtresse

Sur les planches depuis 1966, la compagne d’Areski a toujours secoué le cocotier artistique avec quelques productions mythiques dont le fameux « Kékéland ». En janvier dernier, elle sort un nouvel album « Terre Neuve » (le 19ème). Son disque « le plus punk » selon elle, poussé par des vents de révoltes et d’insoumissions. Le concert prévu le 29 mars était presque complet.

Dimanche, 1300 fans distanciés et assis ont retrouvé le temple de la chanson française. Histoire de retrouver une normalité avec une artiste qui s’en est toujours éloigné. Même en jauge réduite (1300 places au lieu des 2800 debout), la fantasque chanteuse démasquée a secoué son monde assise elle aussi sur un grand fauteuil en cuir. « Pendant l’occupation nazie, ça n’a pas été fermé. Maintenant c’est rouvert pour la première. C’est historique! On se croirait sans doute au bal masqué ! Nous sommes des artistes et nous vivons des heures intenses! »

Plus poétesse et libre penseuse que chanteuse, elle a habité la scène avec Yan Péchin, excellent guitariste français qui a notamment joué avec Miossec et Alain Bashung. Des provocs, des moments surréalistes… et quelques surprises à la clé comme cet hommage très personnel à Annie Cordy.

Brigitte Fontaine Olympia – images Agnès Coudurier AFP TV

Dans une interview au Parisien, elle déclarait avant cet événement« Je ne prépare jamais rien. Je serai accompagnée par Yan Péchin, un extraordinaire guitariste et une cascade vénitienne (NDLR : ses cheveux…). Ce sera un plaisir mais aussi un effort énorme de ma part. L’été s’est très mal passé, merci. J’ai le squelette en miettes, j’ai eu une alerte d’AVC, c’est effrayant. Je pourrais continuer la liste longtemps… Mais il faut faire ce concert, alors je le fais. »

Pour ceux qui n’ont pu assister à ce concert, une nouvelle date est programmée le 23 mars 2021. Côté Olympia, beaucoup de concerts ont été reportés en 2021. Après cette réouverture tonitruante, un spectacle de danse « La marche bleue » est programmé les 15 et 16 septembre. Quant à la tournée d’adieu de Tri-Yann qui fête ses 50 ans de carrière, le concert est maintenu pour le 20 septembre mais il est déplacé de l’Olympia au Palais des Sports.

On le voit bien, rien n’est encore tout à fait normal. Sacré Brigitte !

SITE OLYMPIA

FACEBOOK BRIGITTE FONTAINE

 

 

04 Sep

Le nouveau disque jazz-world de Mino Cinelu et Nils Petter Molvær

Le percussionniste d’origine martiniquaise Mino Cinelu et le trompettiste norvégien Nils Petter Molvær signent la sortie de cette semaine : « SulaMadiana ». « Sula » c’est l’île où est né le norvégien et « Madiana » la Martinique de Cinelu. Un album aux influences riches entre jazz, fusion, afrobeat et des éléments de hip hop. L’oeuvre de 2 artistes multi-instrumentistes très doués et ouverts qui explorent les univers sonores. Le tout avec respect des cultures et une intelligence du son. Un disque qui fait voyager les yeux fermés.

Deux musiciens oreilles ouvertes

Mino Cinelu, avant de se lancer en solo, a d’abord été un musicien hors pair. Batteur, percussionniste, guitariste, il se fait remarquer dès son plus jeune âge (24 ans) par un certain Miles Davis :  » Mino Cinélu peut faire swinger n’importe quelle musique « .

3 ans plus tard, Joe Zawinul l’invite à rejoindre la formation mythique de Weather Report. En fait, il a joué avec les plus grands jazzmans du monde mais aussi des artistes de variété comme Lavilliers (dès 1976), Nougaro, Sting ou encore Peter Gabriel. Autant dire que la richesse et la finesse de son jeu ont tapé dans les oreilles de ceux qui ont un organe bien aiguisé.

Après avoir accompagné ces grands maîtres, il se lance en solo en 2000. Des disques plutôt convaincants où pour la première fois, on l’entend chanter.

Cet éclectisme, cette envie de découvrir d’autres univers, on la retrouve aussi chez le trompettiste Nils Petter Molvær. Comme Miles Davis, le norvégien est un adepte de la sourdine et des notes tenues. A l’écoute, le son de Miles Davis est  là mais le jeu est différent. Dans un premier temps, l’artiste est signé par le label ECM qu’il quitte en 2000. Le son « froid » assez caractéristique des productions de Manfred Eicher s’est un peu réchauffé. Lui aussi est devenu un maître de la fusion, un explorateur à succès de différents genres.

Sur l’album, leur complicité est évidente, même si leur rencontre remonte seulement à 2015.

Mino Cinelu et Nils Petter Molvær – SulaMadiana

Album fusion

A l’écoute de « SulaMadiana », c’est l’esprit du voyage qui l’emporte. Un côté fusion, un versant primitif dans certains rythmes et onomatopées, leur musique permet d’explorer l’Afrique, l’Europe bien sûr mais aussi les Amériques et l’Inde avec le très beau morceau « Indianala » composé par Cinelu. Un fond de tablas agrémentés de percussions et voix du musicien français, ponctué par les sonorités douces des cuivres.

Mino Cinelu et Nils Petter Molvær – Indianala

Une corne d’abondance sonore qui remplit les paysages, à faire oublier qu’il y a seulement 2 musiciens. On y retrouve aussi 3 hommages appuyés à 3 artistes disparus cette année qui les ont inspirés. « SulaMadiana » (Manu Dibango), « Song for Julle » (Tony Allen) et « Tambou Madiana » pour l’un des batteur de Miles Davis (Jimmy Cobb). Les percussions de Cinelu sont toujours aussi puissantes et précises et s’allient parfaitement avec les cuivres et les nappes planantes de Nils Petter Molvær.

Mino Cinelu et Nils Petter Molvær Photo : site Facebook

Les rythmes sont variés, les compositions originales et surtout, la fusion entre ces univers, totale. Un disque régénérant et inventif.

SITE FACEBOOK

Benoît Roux

02 Sep

Michel Jonasz, Manu Katché et Jean-Yves d’Angelo toujours unis vers l’uni

En 1985, Michel Jonasz accompagné de ses amis musiciens Manu Katché et Jean-Yves D’angélo étaient sur scène pour une tournée mémorable « Unis vers l’Uni ». Un artiste au sommet de son art, une complicité évidente avec ses musiciens. Ceux qui ont eu le bonheur de voir ce spectacle s’en rappellent encore. Il y a quelques mois, les mêmes artistes qui ne se sont jamais quittés ont repris le chemin du studio pour un nouvel album : « La Méouge, le Rhône la Durance ». Le groove de Mister Swing est toujours là. Comme une rivière vivifiante.

Nouvel album Michel Jonasz

A 73 ans, Michel Jonasz est assez discret. Le métier d’acteur a fini par prendre le dessus sur celui d’auteur-compositeur-interprète. Alors forcément, toute nouvelle chanson est un petit plaisir rare à savourer. Entendons-nous bien, l’univers de l’artiste n’est pas toujours d’une grande gaieté et parfois un peu déprimant. Avec le temps aussi, il faut se faire à sa voix un peu chevrotante et tremblante. Ceci étant précisé, l’album sorti en 2019 est intéressant à plus d’un titre. Tout d’abord parce que notre Al Jarreau français n’a rien perdu de son groove, de la qualité de ses compositions, de la beauté (parfois un peu triste) de ses textes.
Pour s’en convaincre, un titre emblématique à faire décoller des semelles de plomb, à laisser entendre que Jonasz est bien un artiste black américain.

Michel Jonasz – Traverser la mer à la nage (Live)

A renfort de cuivre bien affûtés et d’un harmonica enlevé, le morceau anodin au départ finit par swinger tel « La boîte de jazz » il y a plus de 30 ans. Et oui, 30 ans ! La poésie s’installe puis, comme à son habitude, le batteur Manu Katché pousse et installe son rythme. Les arrangements sont sobres, intelligents et efficaces, un vrai régal progressif.

Autre exemple flagrant du style intelligent du batteur français tout en subtilités : « La Planète bleue ». Ce morceau clôture le disque et Jonasz éco-responsable renoue avec l’album « Unis vers l’uni ». Dans une interview à la RTBE, il déclare« Même aujourd’hui, c’est fascinant de me dire qu’on est sur cette boule, cette planète bleue qui tourne dans l’espace, et puis que nous on est dessus comme ça, et qu’il y a des étoiles qui sont à des milliards d’années lumière …Nous sommes les hôtes d’une planète qu’il faut apprendre à préserver, c’est une conscience qui doit s’incarner avant qu’il ne soit trop tard. »

Le jeu de Manu Katché est fait tout en nuances avec un final où il amène sa personalité, sa patte et le son si particulier de ses toms et de sa caisse claire. Bien accompagné par une basse lourde, lles claviers légers de D’Angélo et les ponctuations de guitares.
Un album plutôt réussi avec le poignant, beau et triste « La maison de retraite ». Le naufrage de la vieillesse, de la dépendance, et l’amour, plus fort que tout.

Comme à son habitude, Jonasz surprend aussi avec des incartades orientales oud/derbouka sur le titre « Sombre est la nuit » ou encore le presque country « Le bonheur frappe à la porte ». Revient en mémoire cet album de 1985 « Unis vers l’Uni », avec des musiciens français dont Kamil Rustam qui n’est plus sur cette production. On pense aussi à un autre disque (live), meilleur à mon goût : « La Fabuleuse histoire de Mister Swing » avec des pointures américaines.
Enregistrement nouvel album « La Méouge, le Rhône la Durance » (2019)
« La Méouge, le Rhône la Durance », c’est le fruit d’artistes à la complicité extrême. Un bonheur qui devait se partager sur scène si la COVID n’était pas intervenue. Les concerts parisiens sont reportés en 2021. Quelques dates sont pour l’instant maintenues à l’automne, notamment au Casino Barrière de Toulouse le 15 novembre.
Benoît Roux