Il ne s’appelle pas Neil, Louis ou encore Lance… mais Kit Armstrong. Ce pianiste de 28 ans né en Californie et repéré dès l’âge de 12 ans par le grand maître de l’instrument : Alfred Brendel. A 5 ans il composait ses premières œuvres. A 10 ans il maîtrisait Bach et Mozart. Avant ses 2 ans, il connaissait les divisions et les multiplications. C’est une star mondiale qui a obtenu son master en mathématiques à Paris. Un pianiste dingue et modeste, en adéquation avec sa musique.
Depuis la pandémie du coronavirus, il est confiné dans l’église Sainte-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus située à Hirson, dans l’Aisne. Pourquoi une église ? Tout simplement parce-que c’est là qu’il habite. Enfin, quand il n’est pas en tournée! Une église qu’il a rachetée, restaurée qui est aussi un lieu de résidence et de concerts. Confiné, il y donne chaque jour un morceau sur sa chaîne Youtube.
« J’avais déjà en projet de faire partager ma passion à travers les moyens technologiques, la crise sanitaire l’a accéléré, confie-t-il au journal Le Parisien. Lors d’un concert, il y a une personne qui donne et une autre qui reçoit mais tout le monde ne peut pas y assister. Pour moi, la musique classique peut aller chercher les gens chez eux. »
Il va donc s’inviter chez tous ceux qui ont envie d’écouter une autre musique ces derniers temps. Une série musicale qu’il dénomme « Musique ma patrie ! » Tous les jours un morceau dans des conditions optimales. Piano magnifique (Bechstein), filmé à plusieurs caméras et son à la hauteur. Il présente les morceaux de manière pédagogique (un peu comme Jean-François Zygel ou Frédéris Lodéon), dans un français remarquable. Premier extrait : « L’Ave Maria » de Gounod.
Beaucoup moins connu et plus étonnant, le morceau « La Poule » de Rameau, une oeuvre qu’on lui avait demandée lors de son premier concert en France, il y a 15 ans. Ses premières compositions, il les dédiait … aux poules dont la « chicken sonate ».
Ses petites présentations des morceaux sont très belles, personnelles, didactiques et très intéressantes. Tout autant que ses interprétations sont prodigieuses, sur un répertoire varié. Pour ce « Canon de Pachelbel », il a mis tout un dispositif dans l’église avec 3 micros dans 3 endroits différents. Le résultat est très surprenant, bluffant même! L’église confinée semblé habitée par plusieurs voix!
Dernier morceau publié samedi : le Prélude de choral « Erbarm’ dich mein, o Herre Gott » de JS Bach. Quoi de plus normal et naturel pour un mathématicien comme Armstrong d’aimer et maîtriser Bach.
Allez, il est temps de terminer cette première chronique sur la musique classique sur ce blog avec le « Dodo ». Celui de François Couperin, dont il sert souvent pour conclure ses concerts.
Hâte de retrouver bientôt sur sa chaîne ou en concert d’autres morceaux. L’initiative, le lieu, l’interprétation et le musicien sont vraiment originaux.
Bonus track : Kit Armstrong à la télé américaine. Il avait 10 ans!