La météo met les nerfs des vignerons à rude épreuve. Après 3 années difficiles et un printemps très encourageant, la grêle puis la pluie menace la prochaine récolte, en tout cas en ce qui concerne la quantité. La qualité, elle, serait préservée. Mais ça ne suffira pas pour certains domaines particulièrement touches par le manque de raisins depuis quelques années.
Tout avait pourtant bien commencé
Tout le monde se réjouissait cette année avec un printemps très sec qui avait favorisé la formation de beaux raisins, sains et qui laissait présager une récolte bonne et surtout abondante. Une aubaine pour les vignerons de la région après quelques années difficiles en terme de volume et face à une demande croissante.
Tout a basculé en Côte-d’Or le samedi 28 juin
Dans l’après-midi, des grêlons dont certains avaient la taille d’une balle de golf se sont abattus sur une partie de la côte de Nuits et surtout de la Côte de Beaune. Des rafales de vent violent ont encore intensifié les dommages causés par les grêlons. Particulièrement touchés, les secteurs de Meursault touché, Monthélie Auxey-Duresses, Puligny-Montrachet, Beaune a été touché sur sa partie Sud, de même que Savigny-lès-Beaune et Aloxe-Corton. Enfin moins touchés, mais concernés par les averses, les appellations Côte-de-nuits et Vosne-Romanée (touchées sévèrement) et Gevrey-Chambertin. Certaines parcelles sont touchées à plus de 80%.
Le secteur avait déjà été détruit par la grêle en juillet 2013 et à l’été 2012.
La profession craint donc que cette nouvelle attaque de grêle ne fragilise toute la filière viticole des appellations du secteur dans ce contexte de production en baisse et de demande croissante. Jean-Louis Moissenet, viticulteur, Président du syndicat de Pommard, affirme que « [pour fournir le monde entier] Des importateurs […] vont préférer se tourner vers d’autres vins, si les cours augmentent trop, on aura des méventes derrière, ce qui sera encore plus catastrophique »
La profession tente de se protéger de ces averses de grêles dévastatrices
Pour tenter de se protéger de la grêle, des viticulteurs ont mis en place début juin des générateurs à iodure d’argent, destinés à diminuer le nombre et la taille des grêlons. Ces générateurs ont été mis en marche à partir de 10h. Le dispositif est fait pour diminuer de moitié la grêle. « Peut-être aurions-nous eu des grêlons plus gros sans ça ? », a estimé Jean-Louis Moissenet. A long terme, les viticulteurs réfléchissent aux moyens de se protéger de cette calamité. Une réflexion est notamment menée sur les filets anti-grêle. Nicolas Rossignol, gérant du domaine Trapet à Gevrey, a lancé l’expérimentation. L’an passé, deux de ses 13 ha avaient été ravagées à 95 % par la grêle. Cette année, il a donc équipé 6 rangs de filets verticaaux en polyéthylène de 80 cm de hauteur qui enveloppent la végétation. L’objectif consiste, dans un premier temps, à étudier si le dispositif est techniquement adapté pour des vignes étroites et basses et à voir quel est son impact sur la conduite de la vigne (les traitements notamment) et la qualité des vins. L’expérience, suivie par la chambre d’agriculture, devra recevoir l’aval de l’Inao avant d’être étendue.
Des aides pourraient être apportées aux vignerons touchés
Les vignerons touchés ont lancés aux responsables de la filière et aux élus locaux un appel à l’aide. Plusieurs mesures ont été envisagées pour aider les domaines :
- l’indemnisation par les assurances
- l’exonération, ou l’allégement des cotisations MSA (de 3 500 à 5 000 euros). Les négociations à ce sujet se poursuivent jusqu’au 25 août
- l’échelonnement des remboursements d’emprunt (la profession négocie une « année blanche » avec les banques)
- l’échelonnement des échéances d’impôts
- l’achat de raisins (une mesure qui sera très encadrée et limitée aux appellations régionales Bourgogne)
L’arrivée de la pourriture grise
Enfin, pour ne rien arranger, le mois de juillet et surtout le mois d’août sont particulièrement pluvieux. Ce qui a fait apparaître de la pourriture grise (botrytis de son nom savant). Si elle se développe, pourrait affecter la qualité et la quantité de la récolte. Elle oblige aussi les vignerons à beaucoup plus de vigilance et de traitements.